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Le système-bloc : de la mise à nu à la fissuration
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 02 - 2020


Ya li yetghedda b lekdheb ou la'cha bah ?
ô, toi qui déjeunes grâce au mensonge de quoi dineras-tu ?
Proverbe populaire
Le 22 Février 2019, en réponse à la clameur de Kherrata une semaine auparavant, l'Algérie se réveilla d'une longue hibernation. Entrecoupée de quelques couteuses déflagrations, elle aura duré près de soixante ans. Surpris de se retrouver hôte d'un espace qui lui était jusque-là interdit, le citoyen lambda, la main en visière, essaie de décrypter la situation. Comprenant peu sinon qu'il s'agit manifestement d'un miracle,il ne pouvait qu'espérer le voir déboucher, comme tout miracle, sur une autre Algérie. Pour le reste, les tenants et aboutissants, ce sera de la « matière » aux futurs chercheurs de différentes disciplines car leur compréhension sera, vu la singularité du thème, d'une grande utilité aux générations futures. Nul doute que ce qui fut baptisé Hirak viendra alors s'amalgamer significativement à l'histoire multimillénaire de notre pays pour peu qu'il sera observé sous la loupe de l'objectivité.
Les générations futures seront fières de parents ayant affronté et vaincu un adversaire par la seule force du sourire et de mains nues. Mais laisser ce futur aux historiens n'implique pas qu'il faille aussi se dessaisir du présent sans essayer de lui extirper quelques bribes de son essence, quand bien même leur portée en serait réduite du fait de ne pas disposer du recul nécessaire à une connaissancedes faits, tous les faits. Une bonne partie étant pour le moment encore dans l'ombre, contentons-nous de ce qui est visible, il témoigne déjà de quelques acquis non négligeables, au nombre desquels : la mise à nu des décideurs et la fissuration du système-bloc.
Ce qui est apparu de cet épisode, même sans le recul, a été la mise à nu de la face hideuse d'un système complexe, d'un mal profondément pernicieux qui, pour avoir vécu sous le masque, a réussi à durer en dupant à peu près tout le monde grâce à une mystification dite « légitimité historique » et un pervers jeu de coulisses entre le pouvoir réel et le pouvoir formel. Désormais depuis le 22 Février le peuple a étalé la supercherie aussi bien pour le pseudo héritage historique que sur l'identité des vrais décideurs qu'il a réussi à « loger » en mettant à nu leur façon d'opérer.
Il peut même mettre des noms sur des visages et inversement, ce qui est un énorme acquis tant il est vital de savoir à qui l'on a à faire lorsqu'on se propose de le combattre. Savoir « qui est qui » a aussi l'avantage de ne pas être abusé par ceux qui,usage du « fusible » aidant, arrivent toujours à se disculper, transformant, à chaque soubresaut, un syndrome systémique en crise conjoncturelle qu'ils réussissent à juguler au prix de quelques replâtrages et pratiques mafieuses.Fidèles à leur façon de penser, ce 22 Février n'a pas échappé à la règle car vu non comme révolution pacifique mais comme crise (dixit Général Toufik) dont la solution se suffirait remake de 1997—, de l'adoubement de Liamine Zeroual. Gageons que cette fois la rue ne l'aurait pas accepté quand bien même Zeroual jouit d'un prestige auprès de beaucoup d'Algériens.
Pour n'avoir jamais pris en compte les aspirations de leurs administrés, ceux qui calculent dans l'ombre ne se rendent pas compte du ridicule des scénarios qu'ils proposent. Car, sans être expert en quoi que ce soit, tout Algérien, seulement instruit de la vie courante, sait ce qu'est le système. On ne peut ignorer celui qui vous compresse jusqu'à vous broyer. Le citoyen sait que sa vie est le dernier souci de ceux qui le gouvernent, quelles que soient ses motivations, le domaine dans lequel il voudrait engager son devenir, politique, économique ou autre, il lui faudra montrer patte blanche. Il sait aussi qu'il mettra les pieds dans un engrenage dans lequel sa rectitude et ses convictions morales, s'il en a, seront mises à rude épreuve. Il sera soumis à une feuille de route implicite de laquelle il ne pourra dévier. S'il en vient à le faire par oubli ou appel de conscience, le système, à l'instar de ces messageries électroniques dont les rappels sont programmés pour qu'ils soient systématiquement diffusés, est là pour le recadrer. La réussite en politique ou en affaire est à ce prix, il faut être au minimum complice. Vivre et progresser honnêtement c'est être récalcitrant et subir les affres d'une « machinerie» ne tolérant aucun écart, éconduit jusqu'à peupler la cohorte des laisser pour compte. Dès lors, toute proposition émanant des abysses de l'Etat profond ne peut qu'être corruptive et sujette à suspicion. Un tel Etat, qui a nécessité des dizaines d'années de magouilles politiciennes pour parvenir à en « ajuster » le mécanisme, capable de se passer d'institutions et fonctionner, sous le règne des Bouteflika, en mode de pilotage automatique, ne peut qu'inspirer défiance, au point où le rejet de tout ce qu'il propose est devenu réflexe viscéral.
L'autre acquis et pas des moindres a été, pour le hirak, d'avoir fissuré l'édifice. Lorsque la foule a grondé, elle est sitôt devenue houle pour l'embarcation dans laquelle s'étaient entassés les dirigeants politiques du pays. Arch de Noé ne finissant pas de tanguer, elle risquait de chavirer à tout moment et noyer ainsi tous ceux qui y ont pris place après avoir laissé leurs empreintes sur les pages les plus sombres de notre histoire. Consciente du danger de son chavirement, une partie de ces usurpateurs de légitimité, ces « harraga » de l'histoire, décida de l'alléger en débarquant l'autre partie. Un délestage « anthropophagique » bien ciblé,répondant le plus souvent à quelques règlements de compte en suspens avec, en arrière-pensée, deux objectifs : D'une part calmer la revendication du peuple en espérant qu'elle mettra progressivement fin à sa grogne, d'autre part solder quelques vieux comptes personnels, notamment ceux risquant d'entraver l'opération de sauvetage de ce qui,aux yeux des restants, pourrait encore être sauvé. Aussi lorsque la machine s'est mise en branle, c'est pour envoyer en quelques mois derrière les barreaux, nombre d'intouchables, pour des motifs biscornus, n'ayant que très peu à voir avec ce que le peuple leur reprochait, à savoir leur responsabilité devant l'histoire quant au dévoiement qu'ils ont fait subir à un pays privatisé. En fait ce peuple, tout en applaudissant les incarcérations de certaines figures exécrées, regardait ailleurs. Qu'ils se bouffent entre eux se dit-il. Mais Incrédule il se rendait bien compte que loin d'être des erreurs de casting, les «embastillements» traduisent au contraire une stratégie habilementarticulée et bien huilée. Quel nigaud croirait qu'enincarcérant certains, alors que leurs complices sont en liberté, en les jugeant séparément dans des juridictions différentes, pour des délits parfois controuvés,ce n'est pas pour se dispenser de mettre à nu la trame générale du macro-complot qu'ils ont savamment concocté des décennies durant et qu'ils projettent de faire perdurer? Le jugement de quelques individus choisis, pour des délits sélectifs, épargne non seulement une bonne partie de la «issaba», mais les soustrait du même coup à une condamnation pour leur participation avérée et active aux dérives bien plus graves ayant conduit le pays dans les abysses. Ce faisant c'est le système les ayant enfanté que l'on met à l'abri sachant que tant qu'il est protégé rien ne changera si non quelques traitements de façade pour tenter de le rendre acceptable. Encore une erreur car c'est oublier que le peuple a encore en tête les procès de Khalifa, SONATRACH, Autoroute, foncier agricole et bien d'autres.
Toute personne avisée sait que la construction d'un Etat de droit passe nécessairement par la déconstruction de son antonyme et ce quels que soient le temps que cela prend et les difficultés y afférant. Elles sont nombreuses mais l'essentiel est que le peuple, ait conscience qu'une dynamique est en marche et qu'elle suit inexorablement la flèche du temps. Le liant a été modelé, la synergie de groupe réalisée, la mayonnaise a pris. Une année de mobilisation est loin d'être suffisante pour voir à terre le monstre, mais les acquis engrangés permettent de l'envisager à terme. Celui qui n'a pas compris cela n'a rien compris à la persistance voire l'acharnement de la mobilisation.
Si la mise à nu ci-dessus évoquée a permis au Hirak d'individualiser clairement sa cible, la fissuration d'un bloc monolithique, paraissant insécable jusque-là, a permis elle de découvrir sa vulnérabilité. C'est un acquis dont il peut légitimement se flatter et sur lequel il peut s'appuyer pour achever le processus d'effritement d'un corps qui, finalement, s'avère, malgré les apparences, porteur de quelques lézardes.Il ne pouvait en être autrement tant ce qui le fondait ne reposait nullement sur des valeurs humaines partagées, pérennes et en symbiose avec celles du peuple, mais seulement sur une alliance de circonstance, autour de considérants bassement matériels relevant pour l'essentiel de la cupidité. Cela crée inéluctablement des contradictions internes, des conflits d'intérêt, des tensions minant une entente de façade fondée sur la complicité dans la rapine avec tout ce que cela suppose comme trahison et « mafieuseries ».
Ces gens-là forment un corps dépourvu de sentiments et d'amitié désintéressée. Les amis ne sont que des ennemis avec lesquels ils ont signé un armistice. On raconte que des enfants de deux pontes du régime en sont venus à régler leur différend à coup de kalachnikov.Un tel corps porte en lui-même ses lézardes, elles auront tendance à s'accentuer sous la pression d'une situation socio économique non maitrisée, qui le sera de plus en plus, et d'un peuple qui continue de manifester contre toute solution imposée. Solutions dont les cafouillages et tergiversations actuelles montrent clairement l'inanité au vu du décalage entreles promesses de quelqu'un qui voudrait combler son absence de légitimité et la réalité que lui oppose le terrain,laquelle ne déroge en rien à la feuille de route tracée par ceux grâce auxquels il est en poste.
Exploiter intelligemment les failles de l'adversaire, avancer prudemment pour éviter les retours de manivelles car les frictions au sommet ne feront que s'exacerber. Le bilan d'une année est certes positif mais il n'a de sens que s'il donne à voir ce que l'on doit faire l'année suivante. C'est la raison pour laquelle tous ces forums de discussion des partis, associations et autres doivent dépasser leurs égos et intérêts partisans pour se mettre à la disposition de l'Algérie. Ils ont l'avantage, pour une fois, d'avoir le hirak en soutien, soit un contre-pouvoir au sens plein du terme, mais c'est le rythme et l'efficience de leur structuration et leur capacité à le relayer qui déterminera les prochaines échéances.


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