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Quelle communication pour la «nouvelle Algérie» ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 02 - 2020

La communication du siège n'aura de valeur que si l'avis contradictoire est garanti. Louer ses vertus, sans en assurer une certaine égalité dans la multiplication de la parole ; c'est un peu s'instaurer dans un dialogue de sourds, pire un monologue de surcroit inaudible.
Il ne peut y avoir une information objective et impartiale si toutes les chaines et autres moyens s'alignent sur une seule ligne éditoriale. On le voit à chaque séquence cathodique. A revenir aux sources ; l'information qui jusqu'ici sévissait ne devrait pas survivre à ce qui s'exige par l'évolution sociétale. La voix du peuple avec ses multiples diversités devra aussi quant à elle trouver place dans le schéma qui semble se tracer. Seulement cette approche de clarté qui saura éviter ceux qui la cherchent de ne pas se faire accueillir dans les abysses répugnants des Zitout , Bensdira et autres marchands de fourberie. La communication a honneur du vide.
Le mythe de la bouteille... communication à sens unique
Le Président de la République vient « d'ordonner » pour ne pas dire suggérer la création de chaines de télévisions publiques. L'une dite parlementaire, l'autre dédiée à la jeunesse. L'on ne sait pas quelle est cette inspiration passionnelle ou folklorique, à défaut de dire populiste qui anime les « conseillers » du Président en la matière ? Si la chaine parlementaire aura principalement à retransmettre les débats des deux chambres, si le sénat toutefois subsistera à la nouvelle mouture constitutionnelle dont la disparition est largement souhaitée ; l'autre qualifiée de jeunesse, ne veut rien dire. C'est creux comme thématique. Le jeune, il faudrait le prendre comme entité mature et consciente de la gouvernance qui gère son pays. Les plus sceptiques penseront qu'il s'agirait là d'une chaine de rai, de rap, de plateaux festifs, de jeux et autres créneaux que l'on voudrait greffer aux jeunes. Alors que c'est ce jeune là qui était derrière le grand mouvement populaire du 22 février, c'est sa révolution, sa façon de dire basta, son entêtement à prendre entre ses mains sa propre destinée. Lui faire une chaine et l'enchainer n'est pas de nature à accroitre son sens de responsabilité politique. Malgré ça, ce manque de porte-voix, il trouve ses présélections dans les réseaux sociaux, là où il se sent que tout lui est permis. Car l'essentiel dans un canal quel que soit l'intitulé de sa nature thématique, c'est l'octroi de la faculté de pouvoir exposer son avis, vis-à- vis d'un autre, sans crainte ni appréhension, c'est de le voir expliquer à sa manière sans cravate ni langue de bois sa vision des choses publiques, du fonctionnement de l'Etat.
La liberté d'expression chez nous a formé tout le temps le mythe de la bouteille à moitié vide ou à moitie pleine. Cela dépend de la rive à laquelle l'on est planté. Le pouvoir se glorifie à chaque 3 mai ou 22 octobre (journée internationale et nationale de la liberté d'expression) d'avoir fait d'énormes avancées. Cette liberté d'expression ainsi circonscrite est consignée dans tout le droit algérien, de la constitution jusqu'aux programmes électoraux et s'évertue le plus éloquemment possible dans le discours des podiums. Elle s'assimile au logement de par sa rareté et l'impérieux besoin qui les tiennent les deux en impérieuse haleine. Elle dépasse le sachet de lait ou le raccordement au gaz de ville. De l'autre coté, les tenants à l'inconditionnelle expression sans nul absolutisme cependant, disent qu'elle est escamotée, régentée quand elle n'est pas entièrement bâillonnée ou confisquée. Un seul argument est à avancer pour cet avis : avez-vous vu un opposant européen pour ne pas dire français ou suisse, s'exprimer comme il l'entend à partir du Botswana ou de Tataouine-sur-mer ? Il le fait sur son territoire et en toute liberté. Et chez nous ? Ceci peut apparaitre toutefois comme un baromètre peu fiable eu égard à tout l'environnement socioculturel qui exige d'autres pré-requis d'observation et de mesures. Et de substrat déontologique évidemment.
«Ministre des libertés» dites-vous ?
J'ai entendu se dire que le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement aurait substitué son titre de la communication en ministre des libertés. Tant mieux ! que demande le peuple ? Néanmoins le sobriquet parait un peu trop lourd et risque de s'évaporer en cours de chemin. La gorge est pleine. Echafauder un cadre de normes pour projeter d'encercler les vastes espaces de la liberté suppose au préalable de dresser d'abord un contrat social. Une forte écoute imbue de patience et d'égards. Sans exclusive. Les gens définissent ensemble les notions, le plus souvent implicites et floues pour qu'ensuite ils passent en adhésion à l'acte consensuel et universel. C'est ce qui semble s'entrevoir par le premier jet des « reformes » de Amar Belhimer. Les ateliers.
L'on promet d'assurer un avenir radieux à la presse toute voie confondue. C'est dire que vouloir libérer « la presse » c'est d'abord devoir déconstruire la pensée et formater la réflexion de ceux qui la gouvernent. Sans bonne presse libre et indépendante fut-elle du secteur public l'on ne saura aboutir à affirmer la présence démocratique de l'expression tout aussi libre et indépendante. Le tout est relatif et s'enchaine dans une logique systémique à même que chacun tire la « couverture » - médiatique- de son coté.
La liberté d'expression n'est pas l'apanage d'un ministère et n'est sujette à nulle régulation administrative si les règles du jeu expressif sont le produit d'un talent professionnel et d'une morale qui n'a plus besoin d'être encore réécrite. La liberté autogérée doit supplanter la liberté gérée, elle n'est pas une affaire cessible ou un bien vacant. Il y va ainsi de la vertu de toutes les autres. D'autant que le paysage médiatique actuel n'a qu'une seule trajectoire. Unique, vers un sens d'obédience et de sous-traitance, sans raison d'une critique chronique pourtant recommandée par le discours officiel. Que dire de celle qui se clame chaque mardi et vendredi dans nos rues et depuis un an, avant même qui naisse l'actuel pouvoir?
Certes le ministre de la communication est le Porte-parole du gouvernement mais qui cependant porte la parole du peuple à ce gouvernement ? C'est ce vide, cette rupture de liaison qui se laisse remplir par tout tout-venant. C'est le cas de ces chaines caporalisées. Le meilleur moyen de savoir l'état de l'autre est de l'écouter en le laissant libre de disserter son état et non pas lui dicter des canevas d'expression artificielle ou le laisser croire à la tombée du sabre du mauvais entendeur.
Ministre des libertés, oui, avec joie et enthousiasme. Il le sera quand l'assainissement annoncé fera son œuvre salvatrice par la levée du malheur presque hypocrite lié à l'autocensure d'une part et la mise à l'écart de tout l'arsenal juridique opérationnel autour de l'expression et ses libertés d'autre part. L'on se rappelle sinistrement des dispositions des articles 144 et 144 bis introduits dans le code pénal par Ouyahia alors garde des sceaux, ministre de la justice. Un ami, complice me susurrait, moi je fais beaucoup plus confiance en le ministre qu'en ses libertés. Il y a là, tout le sens et sa lourdeur. Belhimer avait affirmé récemment que «la restructuration de la presse publique exige une réforme radicale» certes, mais cela se chante à chaque arrivée de responsable du secteur. L'intention déclarée y est toujours, le fait est absent. Espérons qu'il le soit...un jour !
L'expression off-shore
Il ne s'agit pas de l'émission télévisuelle en extra-territorialité en termes d'agrément. L'off-shore de l'expression s'incarne dans la rue, dans la foule, dans cette densité populaire, plurielle et anonyme qui depuis une année crie ses profondeurs et sue à se faire entendre.
La rue, les vendredis est plus explicite qu'un plateau de télévision ou une rencontre académique. L'on y discute sans gène sans avoir à prendre de la peine à enjoliver ses verbes. Une espèce d'effluves fétides, de refoulement, de défoulement qui semble sortir des poumons trop serrés, passant par un cœur gros comme ça.
On ne bâtira jamais cette Algérie nouvelle avec des agissements néolithiques oubliant au passage de l'histoire que le monde de demain se fait par la technologie et la sacralisation de la liberté, fut-elle sensitive ou virtuelle. Prendre un post facebookien pour une menace sur les fondements de l'Etat ou mettre en geôle un porteur de fanions dont l'étendue ne dépasse pas son propre quartier , n'est pas de nature à transcender l'élan national vers cet avenir rêvé par tous et promis ceux qui veulent servir le peuple.
Ainsi communiquer à sens unique et encore par voie d'autorité, alors que l'autre voix, l'autre définition des faits, l'autre réplique ou l'autre douleur n'est ressentie que par le silence qui obstrue son auteur. Une bonne communication pour une République nouvelle passe impérativement par un juste partage des micros et des amplificateurs. L'on voit souvent des concitoyens prendre voix dans des canaux extérieurs pour dire ce qui qu'ils n'ont pu dire ici. En quoi le Président de la République verra-t-il son intégrité en tant qu'institution constitutionnelle égratignée par des déclarations lançant qu'il est illégitime ou intronisé par un pouvoir occulte ? Il faudrait savoir une chose et l'histoire l'avait à différentes stations confirmé ; que l'on ne peut bloquer une idée ou un sentiment juste par faire disparaitre son support de médiatisation. On peut museler et emprisonner la personne, la tuer, mais la conviction survivra à tout néfaste événement. Il n'y a pas lieu à s'offusquer, à tous les niveaux, si l'on voit parmi le peuple, les uns insatisfaits et rebelles , demander yatnahaw ga3 et dénoncer la dictature ou les autres partisans, clamer leur adaptation. Cela prouve que le peuple n'est pas un régiment. Il n'existe justement que par ces disparités, ces différenciations revendicatives. C'est aussi l'essence congénitale de tout peuple. Un peuple qui s'assoit sur ses différences n'est pas un peuple qui habite les contradictions de la nature des choses.
La communication du Président
Elle doit être exceptionnelle et directe. Se disant élu par le peuple, il n'y a pas lieu de construire énormément de filtres. Ce ne sera pas au nouveau médiateur de la République de s'ériger en un autre conduit de l'expression présidentielle. Dans ce sens, c'est le Président qui paraît communiquer beaucoup plus que ses porte-paroles. Ses entretiens sont faits de chez nous, avec les nôtres, nonobstant le tri parfois équivoque. Son Twitter est actif et ouvert à la messagerie privée à contrario de quelques uns de ses ministres. Il est pris d'assaut et s'apparente à un mur des lamentations. Que de dolences, que de pleurs, que de souffrances. Répondre est une autre affaire (je ne lui ai jamais adressé quoi que ce soit). On le lit consigner ses félicitations d'un récipiendaire national pour un prix ou exploit international, ses condoléances, ses vœux. Nous dirons que c'est une bonne chose, après avoir vécu le mauvais temps des lettres et mes messages télé-lus.
Contrairement au gouvernement caricaturalement « historique » de Bedoui ou est-il en fait ? - l'on sent peu ou prou de l'harmonie et de la cohésion dans ce gouvernement, si ce n'était cette timidité politique de certains de ses ministres qui n'arrivent pas encore à faire décoller leurs départements. La culture et ses deux appendices inutiles sont en stand-by au moment où le pays a plus besoin de culture, des gens de culture, des professionnels du livre, des arts que de politique.
Le Président doit aussi communiquer culture. On le verra bien communiquer culturellement avec les grosses têtes de la culture algérienne. Un écrivain, un artiste a aussi sa muse pour la production littéraire de la future constitution. A son tour d'inspirer politiquement le juriste.
Il rendra ainsi un énorme service public à son ministre-porte-parole en lui renforçant, « la structuration organique » envisagée ; par l'éradication de reflexes bouteflikiens et ennaharistes qui sont toujours là animant certains centres flottant dans la communication. Il n'y a pas que l'ENTV ou des quotidiens étatiques. Il y a des administrations et des entreprises autonomes dans l'Etat.
S'il qualifie le hirak de « Hirak béni », ce dernier ne cesse de tancer chaque semaine la situation sociopolitique actuelle. Un jet de regard à son endroit, un p'tit tweet aurait à réconforter les soubassements encore trop fragiles pour reconquérir la confiance perdue. Sans cette foi de s'atteler à reconstruire les mailles sociales d'un tissu décomposé, il ne peut y avoir de communication féconde, nécessaire pour une Algérie dite nouvelle.


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