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Algérie : «Une fille mère n'enfante pas une fille à papa»(*)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 02 - 2020

«Les nuits sont enceintes et nul ne sait le jour qui naîtra».
1962, l'Algérie accède à son indépendance, le FLN au pouvoir. La France a son pétrole saharien et le général De Gaule sa bombe atomique. La France, une puissance nucléaire ; l'Algérie, un drapeau planté sur un puits de pétrole. Le général De Gaulle a une épouse : la France ; le FLN a une maîtresse : l'Algérie. On n'épouse pas sa maîtresse ; on ne trahit pas son épouse. Une épouse a un seul époux, une maîtresse a plusieurs amants. De Gaulle n'avait des yeux que sur Yvonne, le FLN n'a de vue que sur le trône.
La France c'est Paris et Brigide Bardot. L'Algérie, un gros ventre (la poche saharienne) et une petite tête (la bande côtière). La France a une histoire, l'Algérie a un passé. La France a eu sa cinquième République le 26 septembre 1958 à la Place de la République à Paris. L'Algérie a proclamé sa première «république» le 26 septembre 1962 dans une salle de cinéma à Alger. L'une a vu le jour dans une place publique en pleine lumière, l'autre dans une salle obscure de projection de films en noir et blanc. La France est une vieille nation, elle s'est forgée un Etat de droit animé par des hommes d'Etat. Des hommes de culture gréco-romaine et de religion judéo-chrétienne. L'Etat français, c'est la bourgeoise (la droite) et le prolétariat (la gauche) ; l'une fournit le capital, l'autre la force de travail. Les deux participent à la prospérité de la France. L'Algérie, c'est d'abord le pétrole et ensuite l'armée. Le pétrole, une question de géographie ; l'armée, une réponse de l'histoire. L'Algérie est une jeune nation, elle n'a pas d'Etat ; elle a un pouvoir. Un Etat de droit est un ensemble d'institutions, des personnes morales, (des entités abstraites) régies par des règles de droit. L'Algérie a un système de pouvoir, conçu à l'ombre de la guerre de libération et mis en œuvre par des hommes sortis de l'ombre pour faire de l'ombre à une démocratie en herbe. Des hommes d'appareils formés dans la clandestinité, l'intrigue et la conspiration. Des qualités certes nécessaires pour renverser l'ordre colonial français, mais constituent des obstacles infranchissables pour la construction d'un Etat national moderne et intègre. En effet, le pouvoir en Algérie est composé d'individus influents (personnes physiques) formant des clans dominés par des rapports de force, soit un rapport dominant/dominé, c'est la loi du plus fort ; soit un rapport équilibré, c'est la recherche d'un consensus.
Or les clans se sont entendus pour ne jamais s'entendre. Domination du clan d'Oujda (monopole de l'argent) de 1971 à 1978 et de 1999 à 2019 et du clan adverse (monopole du bâton) de 1979 à 1999. Le clan dominant impose son dictat au reste de la société. L'élite dirigeante issue du mouvement de libération nationale a su faire croire à une population majoritairement musulmane que la providence se trouve au sommet de l'Etat et non dans le sous-sol saharien. De ce sable chaud et stérile ont surgi le pétrole et le gaz. Une manne financière couvrant l'ensemble des besoins des Algériens du berceau jusqu'à la tombe. Longtemps sevré par la colonisation le peuple algérien met les bouchées doubles. La main qui « donne » est toujours supérieure à celle qui reçoit même si elle est pourrie. Qui osera le sevrer ? Il sera aussitôt mordu. «Un peuple qui a des appétits est un troupeau de bestiaux», nous dit Jean Dutourd. Un troupeau de moutons suit naturellement le berger qui le conduit soit aux pâturages, soit à l'abattoir. Il obéit à la volonté de son maître. Au lendemain de l'indépendance, il n'était pas préparé à se prendre en charge. Il n'a pas assumé ses responsabilités de peuple libre et souverain. Il a confié son destin à des hommes sans foi ni loi. Pouvait-il faire autrement ? Non «sept ans ça suffit», clame-t-il sans se faire entendre. Evidemment, «quand la hache pénétra la forêt, les arbres dirent le manche est des nôtres». Chemin faisant, traumatisé et fragilisé, le peuple algérien, à son corps défendant, a troqué sa dignité et sa liberté retrouvée contre de la nourriture et une protection. Une nourriture couverte par le pétrole et une protection assurée par l'armée. C'est un peuple émotif et non de raison. Il réagit plus qu'il n'agit. Etre libre, c'est être digne. Etre digne c'est refuser l'argent de l'indignité, c'est gagner son pain à la sueur de son front. C'est arrêter de tendre la main à l'Etat. Pour les hommes du ou au pouvoir, la population n'est pas une ressource à mobiliser mais une charge à supporter. «Tranquille est celui qui n'a pas d'âne, il ne s'occupe ni de sa paille ni de son orge». Pour la population, «salaires de diable = travail de diable» allant à contrecourant de ses propres convictions religieuses : Dieu bénit les mains laborieuses et maudit les mains oiseuses». Digne est celui qui se nourrit de son propre labeur sans tendre la main à un pouvoir, qui de surcroit est corrompu et corrupteur. Un animal domestique est un animal qui se fait servir par son maître. L'argent des hydrocarbures est un argent sale. Un argent qui tue, qui corrompt, qui pourrit, qui détruit, y compris les consciences. Le pétrole est le carburant du régime, le ciment de l'Etat, l'opium du peuple. Que vaut le peuple sans l'Etat ? Que vaut l'Etat sans l'armée ? Que vaut l'armée sans le pétrole ? Le peuple dépend de l'Etat ; l'Etat s'appuie sur l'armée ; l'armée se fonde sur la rente pétrolière. La rente est fonction du marché. Qui va briser ce cercle vicieux ou en faire un cercle vertueux. L'homme est un animal domestique, il est servi par ses maîtres à qui il doit obéissance. Il marche sur sa tête et réfléchit avec ses pieds. «La ruse supplée à la force : si on n'est pas lion on se fait renard». Le peuple n'est pas victime, il est complice. L'Algérie a arraché son indépendance par l'emploi de la ruse, elle a raté son développement par manque d'intelligence.
Disposant d'un double monopole politique (violence légitime de l'armée) et économique (rente pétrolière et gazière), l'élite dirigeante issue du mouvement de libération nationale va s'installer au pouvoir jusqu'à ce que mort s'en suive. Le résultat de cette stratégie savamment orchestrée, a été de livrer l'économie algérienne «pieds et poings liés» au marché mondial. Cette intégration suicidaire à l'économie mondiale sans analyse préalable et sans objectif clairement défini a poussé l'ensemble de l'économie nationale à l'importation et l'agriculture en particulier à être incapable de reproduire la force de travail de l'homme en Algérie. Cette dépendance de l'économie aux hydrocarbures répond à une stratégie de conservation de pouvoir mûrement réfléchie et patiemment mise en œuvre dont le but est de se perpétuer au pouvoir afin de profiter des richesses du pays sans tenir compte ni des besoins essentiels de la population ni de la survie des générations futures. L'intervention de l'armée dans le champ politique remet sans cesse à plus tard le processus démocratique. L'exercice du pouvoir par les militaires (ou les méthodes militaristes) s'est traduit le plus souvent par une concentration des pouvoirs et des ressources, une irresponsabilité dans la gestion de l'économie et de la société, une violation des droits de l'homme, une restriction des libertés publiques et une incapacité à sortir le pays du sous-développement économique et social dans lequel il baigne depuis cinquante ans. Un Etat omniprésent, omnipotent, monopolisant les activités, concentrant les ressources et décidant de leurs destinations, ayant fait la preuve de son incapacité de créer des emplois productifs durables, condamnant la société à une mort certaine.
L'Algérie s'est engagée résolument dans un processus accéléré de déperdition des valeurs à l'issue duquel les besoins de base de la population (se nourrir, se soigner, se vêtir, s'instruire) ne seront plus satisfaits par des services encadrés par la loi, mais livrés à des réseaux mafieux. Avec la baisse drastique du prix du baril de pétrole et l'épuisement des gisements, le seul palliatif de l'Etat, c'est un endettement interne sans contrepartie productive ? A défaut de créer des richesses hors hydrocarbures, il imprime des billets de banque. Il créée l'illusion. C'est un prestidigitateur amateur devant un public mature et vacciné. Le peuple sait ce que le pouvoir ignore, que la richesse la plus importante de tout pays, c'est le travail de ses habitants, leurs aptitudes, leurs expériences, leurs facultés d'adaptation, leurs comportements, leur sens de l'effort et leur santé mentale et physique. C'est pour avoir nié cette évidence que des nations disparaissent au profit d'autres plus performantes, plus dynamiques et plus clairvoyantes.
(*) Le titre est une citation d'Henri Bazi
**Docteur


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