Hirak et Indépendance dont l'anniversaire sera fêté demain ne doivent pas être des parallèles qui par définition ne se rencontrent pas. Par définition, on entend signification large et explicite et quand il s'agit de la vie de la nation, elle ne tolère aucun manque de clarté, encore moins les évasives interprétations où les comportements primaires se mêlent aux petits calculs légers. Personne ne peut contester la noblesse et la grandeur d'une indépendance recouvrée au prix d'une souffrance et des drames qu'un peuple a vécus et quiconque ne peut nier la lourde symbolique d'un Hirak que ce même peuple a imposé pour se vivifier. L'une et l'autre cependant ont besoin d'un socle commun et harmonieux pour que la nation s'oriente vers le bonheur et le progrès. Or pour qu'elle soit effective et assurée, une souveraineté ne peut se contenter seulement d'un étendard et d'un hymne, comme un Hirak, aussi légitime qu'il soit, ne peut se suffire de trop générales salves hebdomadaires répétées pour que tombent des têtes contestées. L'une et l'autre ont une trajectoire identique sauf qu'ils ne disposent pas d'une vraie plateforme pour se rencontrer. Pour dissiper les malentendus, dont certains sont le produit de différentes perfusions politiciennes préfabriquées, l'indépendance et le Hirak pour un positif conséquent réclament aujourd'hui un patriotisme permanent et de longue haleine qui ne s'arrête ni à l'activisme ni à la langue de bois. On doit déduire maintenant que les Ouyahia, les Sellal et consorts ne sont en définitive que la représentation d'une indépendance nationale détournée et il faudra bien admettre que leurs méfaits et leurs ombres engagent une responsabilité beaucoup plus large que celle pour laquelle ils ont été condamnés. Le pays entier est parsemé d'entorses flagrantes pour que l'on s'attarde sur une poignée d'étiquettes humaines qui à un moment de leurs vies se sont noyées dans une culture générale qui a ruiné le pays. Le problème est si profond qu'exiger d'un tel ou d'un autre un effacement total quel que soit le niveau de ses responsabilités demeure une réclamation trop limitée pour que le pays emprunte la voie de l'efficacité. Pour une réelle indépendance et pour que le Hirak soit justifié, ne faudrait-il pas d'abord que chaque Algérien opère son propre jugement ? Il est certain que les vrais patriotes l'ont déjà fait.