Lalla, Moulay, Sidi, ce sont des titres honorifiques et signes de distinction donnés aux femmes et aux hommes importants ou issus de grandes familles. En langue amazighe, le mot Lalla signifie aussi grande sœur (sœur aînée). Lalla Setti, la fille du saint musulman soufi Abd al Qadir Al Jilani d'origine iranienne qui serait venue à Tlemcen à la suite de l'invitation d'un prince tlémcenien au XIIe siècle, qui porte ce titre, bénéficie d'un emplacement idéal sur les hauteurs de la ville de Tlemcen où se dresse le majestueux plateau qui domine le grand Tlemcen (Mansourah, Chetouane et Tlemcen) de ses 1000 m d'altitude. Il y a quelques années, le mausolée de cette sainte s'était trouvé l'otage de jeunes et adolescents qui squattaient ce lieu béni par la nature et par Dieu, pour consommer alcool et drogue. Des visiteurs étaient régulièrement la cible d'agressions violentes en plein jour. Pendant la décennie noire du terrorisme, les familles boudaient ce monument pour ne pas risquer leur vie et celle de leurs enfants dans cet endroit solitaire qui était abandonné pendant plusieurs années. Il faut rappeler que le mausolée de Sidi Kanoun sur la route de Hennaya a été dynamité et celui de Sidi-Boumediene incendié par des groupes terroristes. Mais depuis que le mausolée est restauré lors de l'évènement de Tlemcen, capitale de la culture islamique, des familles reviennent pour demander les «faveurs » de la sainte femme. En effet, ce lieu emblématique qui bénéficie d'un emplacement idéal dans le site accueillant et attractif de ce grand plateau de Lalla Setti renaît de ses cendres. «A chaque fois que je ramène mes enfants pour jouer ici, je ne rate pas l'occasion pour faire un saut au mausolée de cette sainte, surtout que l'endroit est sécurisé et puis il est facilement accessible et propre. Avant c'était un lieu dangereux et les familles le craignaient beaucoup car des jeunes rodaient en permanence autour du mausolée pour chercher leur proie et voler les sacs et l'argent des visiteurs surtout les filles qui ne sont pas accompagnées. Mais depuis que la police est là, la sécurité règne dans ce lieu où l'on ne peut s'empêcher de jeter un regard furtif sur l'horizon nord de la ville de Tlemcen et emprunter la vaste esplanade où se situe le mausolée de Lalla Setti», a indiqué une mère de famille de Remchi. Durant les vacances scolaires, cet endroit mythique reçoit beaucoup de visites de Saïda, Nâama, El Bayadh, Sidi-Bel Abbès, Mascara, Mostaganem et d'autres wilayas du pays. Il faut rappeler qu'au début de la pandémie de coronavirus, le plateau de Lalla Setti a été complètement fermé aux visiteurs en raison de la menace de cette maladie qui a grandement entravé les déplacements vers ce site. Le téléphérique qui assurait la rotation des voyageurs de Tlemcen vers ce plateau a été lui aussi arrêté pour éviter la propagation du Covid-19. Aujourd'hui, le mausolée a retrouvé ses visiteurs qui préfèrent marquer ne serait-ce qu'une petite halte pour allumer un cierge devant le tombeau de la sainte, qui veille sur la ville de Tlemcen.
