Le P-DG de Sonelgaz, Chahar Boulakhras, s'est montré rassurant en affirmant qu'il n'y aura pas de délestage cet été. Il a précisé devant la presse, hier, en marge de la tenue d'un séminaire sur «La nouvelle dynamique des industries de réseaux», organisé par CNESE, à l'Ecole supérieure de l'hôtellerie et de restauration d'Alger, que l'Algérie est à l'abri d'un déficit de production actuellement. Il a précisé que la capacité de production installée est actuellement de 20 000 MW, alors que la demande ne dépasse pas aujourd'hui 13 000 MW. Et de souligner qu'un pic de consommation sera atteint dans quelques semaines, vers la fin du mois de juillet et durant le mois d'août «avec un pic de la demande de 15 000 à 16 000 MW, notamment durant les canicules». Confiant, il dira que le pays dispose de réserves confortables, donc on est actuellement à l'abri d'un délestage sur le plan technique et selon le jargon dans le secteur de l'électricité. Néanmoins, dit-il, «on peut enregistrer des coupures pour des raisons exogènes», en citant les cas d'incidents sur le réseau de transport, la météo qui parfois n'est pas toujours généreuse, vents de sable exceptionnels, des incendies, des atteintes sur les ouvrages de la Sonelgaz. Même dans ces cas, dira-t-il, des équipes sont mobilisées et très réactives. Notamment sur le plan de la communication et les délais de la remise en état du réseau électrique. En ce qui concerne le séminaire lui-même, les intervenants ont été tous unanimes à affirmer que les industries de réseaux (énergie, gaz, eau, télécommunications ou transport) demeurent marquées par une forte intervention de l'Etat, notamment en matière d'investissement. Faut- il garder le monopole de l'Etat ou dé-monopoliser certains services des secteurs cités, ou faut-il se contenter d'un ajustement ? Telles sont les questions qui ont été posées et débattues par les intervenants. Le président du Conseil national économique, social et environnemental, Reda Tir, a affirmé pour sa part que les activités économiques de ces réseaux ont obéi dans leur développement au monopole public. Il est vrai, affirme-t-il, que l'objectif final étant d'offrir à l'ensemble de la population des produits et des services accessibles, indépendamment des niveaux de revenus ou du positionnement géographique, et ce cela supposait notamment un système de péréquation des prix fondé sur des subventions massives de l'Etat. Cependant, souligne-t-il, ce modèle a montré ses limites et il est devenu à la fois budgétivore et source de gaspillage de ressources. Donc, il faut aujourd'hui trouver ou bien changer de paradigme basé sur une approche intégrée qui préserve les intérêts de l'Etat et qui protègera et servira le consommateur final et le citoyen. Abdelmadjid Attar, ex-ministre de l'Energie, a estimé que la démonopolisation de certains services publics n'est pas du tout une chose aisée, notamment la démonopolisation des réseaux du transport. Il explique qu'on peut dé-monopoliser la production, la gestion par une concession, mais pas les réseaux de transport notamment dans les secteurs stratégiques. Car, dit-il, «les réseaux des transports sont du ressort du secteur public, et qui dit secteur public, dit prix raisonnables et prix administrés». Et d'enchaîner «créer de la compétition dans les réseaux du transport gaz, électricité, eau va automatiquement se répercuter sur les prix». Autrement dit, le citoyen devra payer la juste valeur. Le Pr Djamila Haliche, cadre au CNESE, a estimé que ce séminaire est une occasion pour débattre les limites du monopole étatique mais aussi les inconvénients de l'ouverture. «Je pense qu'on n'a pas besoin forcément d'investir tous azimuts, mais on doit plutôt ajuster et réaménager nos investissements avec de textes de loi plus adéquats et flexibles», dit-elle.