Algérie-Venezuela : signature de plusieurs mémorandums d'entente couvrant différents secteurs    Le président de la République décore le DGSN et le PDG de Sonelgaz de la médaille de l'Ordre du mérite national au rang "Achir"    Le président de l'APN reçoit une délégation de la République du Nicaragua    Téléphonie mobile: attribution de licences d'exploitation de la 5G    63e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale: Un engagement ferme à poursuivre le processus de développement et préserver le caractère social de l'Etat    APN: clôture des travaux de la 32e session de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE    Qualifs Mondial 2025: l'Algérie accueillera le Botswana le 5 septembre à Tizi Ouzou    L'Algérie dispose de capacités logistiques et d'infrastructures sportives pour accueillir tout événement mondial    63e anniversaire de l'indépendance: des moudjahidine de Sidi Bel-Abbes se souviennent des scènes de liesse populaire le 5 juillet 1962    Coupe d'Algérie/USMA-CRB: une finale de prestige entre deux spécialistes    Ghardaïa: le M'naguer fait son apparition sur les étals des marchands de fruits et légumes    Résultats du baccalauréat: appel à recueillir les informations auprès des sources officielles    Le Maroc continue d'alimenter "la machine génocidaire" sioniste contre le peuple palestinien    Tissemsilt: lancement du Salon national du jeune collectionneur    Le président de la République préside la cérémonie de remise de grades et de médailles    Agression sioniste: 85% du territoire de Ghaza soumis à un ordre de déplacement    Des pluies orageuses attendues jeudi sur plusieurs wilayas de l'Est du pays    Djanet: coup d'envoi de la manifestation culturelle "S'beiba"    Retour de la théorie de la «toile d'araignée»    Les raisons de l'écart du cours du dinar algérien entre le marché officiel et celui du marché parallèle : quelles solutions ?    CRB – USMA : Deux clubs pour un trophée    Zouhir Ballalou se félicite des résultats d'une étude ciblée    Prolongation du délai de soumission des candidatures    « Si nous venons à mourir, défendez notre mémoire »    L'Algérie plaide à New York pour une action sérieuse en faveur de l'Etat palestinien    Entrée de l'usine de dessalement de l'eau de mer « Fouka 2 » en phase de production à pleine capacité    Des pluies orageuses attendues mercredi sur des wilayas de l'Est    Un été sans coupures    Il est nécessaire de limiter le droit de veto au sein du Conseil de sécurité    Ça démarre ce 5 juillet, les Algériennes face aux Nigérianes !    Le CNC sacré champion national de water-polo dans quatre catégories    Ooredoo mobilise ses employés pour une opération de don de sang    220 victimes déplorées en juin !    A peine installée, la commission d'enquête à pied d'œuvre    «L'Algérie, forte de ses institutions et de son peuple, ne se laissera pas intimider !»    Le président de la République inaugure la 56e Foire internationale d'Alger    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le premier Salon des sciences sociales à Oran : un évènement exceptionnel
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 10 - 2022

En réunissant dans un même espace universitaire plus de 130 intervenants de régions et de pays différents, dans les dix disciplines composant les sciences sociales pendant trois jours, il s'agit de relativiser les frontières entre les différentes spécialités, de questionner les vérités uniques émises par et au sein des territoires disciplinaires donnés.
Le mot de rencontre, évoqué par Frantz Fanon, signifie au sens noble du terme, la possibilité de s'ouvrir au métissage disciplinaire et générationnel, de redonner du sens à la confrontation scientifique plurielle. Elle est porteuse d'une richesse cognitive exceptionnelle, pouvant faire émerger de la fraicheur intellectuelle, ce nouveau souffle qui jaillit des débats contradictoires entre les chercheurs de spécialités différentes et le public.
Ce premier Salon des sciences sociales représente un défi majeur relevé par un nombre important d'universitaires. Ils ont répondu favorablement à cette première initiative, en souhaitant contribuer activement à la réussite de ce forum des sciences sociales. Celles-ci ont la capacité de produire de la lumière pour éclairer des réalités sociales profondément sous-analysées, opaques, ou appréhendées dans leur immédiateté et leur évidence.
Elles nous permettent de rompre avec des certitudes ou des affirmations générales, sans preuves, en ignorant les logiques et les pratiques sociales complexes des différentes populations. Loin d'être la cerise sur le gâteau, les sciences sociales sont prioritaires et vitales pour la compréhension du dedans de notre société, permettant de situer avec rigueur et humilité intellectuelle ses multiples enjeux sociaux, économiques, politiques et culturels.
Pour un dépassement de l'enfermement disciplinaire
Nous sommes, faut-il le rappeler, en possession d'un immense patrimoine immatériel qui est celui des sciences sociales dans le monde. Elles contribuent quelles que soient les différences d'appréhension à rendre plus intelligibles les phénomènes à la fois sociaux, économiques, culturels et politiques. La rigueur et la crédibilité de nos savoirs, loin d'être absolus et déterministes, résultent d'un raisonnement plausible et parcellaire (Becker, 2020).
Le terme de bricolage inventif nous semble pertinent pour caractériser les différents cheminements empruntés par les chercheurs en sciences sociales. Les variables et les données sont trop multiples pour accéder profondément à une maîtrise totale d'un phénomène donné. Autrement dit, l'enfermement disciplinaire ne semble pas permettre de rendre compte de sa complexité, ne faisant que renforcer son propre territoire, et donc son propre régime de vérité (Foucault, 1990). Il s'interdit toute confrontation de regards des chercheurs venant d'horizons scientifiques diversifiés. Il efface les remises en question et les critiques nécessaires et constructives dans tout travail scientifique.
Dans les sciences sociales, il semble difficile d'adopter une position confortable, sûre d'elle-même, oubliant que le grain de folie au cœur de la recherche est moins la certitude que le doute, le questionnement permanent, quand on observe la complexité de la vie sociale qui est un processus où l'inédit, les incertitudes, les opacités, les logiques sociales des uns et des autres peuvent difficilement être encastrées dans des théories déterministes.
Le sociologue américain Wright Mills évoque à juste raison « l'imagination sociologique » qui permet d'impulser de la création, d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion, de s'inscrire dans la réfutation scientifique pour reprendre l'idée forte de Poppers, philosophe autrichien. Les sciences sociales peuvent difficilement concilier la compréhension fine d'un fait social donné en situant ses multiples enjeux, et la nécessité de se transformer dans la précipitation et l'urgence en « technicien » d'un bureau d'étude. Celui-ci doit rapidement se limiter à envisager des normes et des prescriptions sous tutelle, incompatibles avec la complexité et la diversité de la société et le statut du chercheur. Celui-ci est porteur d'une crédibilité scientifique qu'il ne peut « marchander » dans une logique volontariste aveugle, en s'engageant au contraire à produire ses propres référents scientifiques dans un langage clair et reconnu par ses collègues et le public qui ont le droit de savoir ce que nous produisons dans nos laboratoires de recherche.
Faire émerger le gisement socio-affectif et cognitif ancré dans la société
La sociologie spontanée ou « portative » pour reprendre le mot de Claude Javeau (1998), met en scène une société chosifiée, étiquetée à une cruche vide qu'il suffit mécaniquement de remplir de «connaissances» et d'attitudes, oubliant tout le gisement socio-affectif et cognitif émanant profondément de la société.
Ce sont les chercheurs eux-mêmes qui prendront en main leur destinée scientifique, en s'engageant activement dans et pour la société, de façon autonome, sans être prisonniers d'une multitude de règles administratives qui ne font qu'alourdir le processus de recherche.
Le discours de la plainte continuelle et répétitive sur le médiocre statut des sciences sociales dans notre société ne semble pas performant s'il n'est pas suivi par une volonté d'imaginer des perspectives, d'ouvrir des portes fermées jusque-là, en discutant avec les collègues des sciences sociales et celles du vivant, d'envisager des possibilités de collaboration horizontales, de mutualiser la recherche, de construire de façon offensive ses différents réseaux scientifiques nationaux et internationaux. C'est en tout cas ce que nous avons tenté modestement de réaliser au sein de l'unité de recherche en sciences sociales et santé (GRAS-Université Oran 2) pendant plus de 30 ans.
Faisons le triste constat que l'accommodement, l'indifférence, la routinisation représentent une « grammaire » antinomique avec celle qui consiste à prendre des risques pédagogiques et scientifiques qui sont impératifs pour objectiver et questionner en permanence les recherches antérieures menées par nos collègues qui ont laissé derrière eux des traces scientifiques importantes. Le patrimoine des sciences sociales en Algérie est progressivement voué à une mort lente qui se traduit par l'absence de toute accumulation scientifique.
L'amnésie, l'ignorance, le silence et le conformisme montrent bien que nous sommes loin de la reconnaissance scientifique de nos pairs qui nous ont montré toutes les merveilleuses possibilités que recèlent les sciences sociales. Si des îlots de recherche ont pu tout de même émerger, ils représentent l'exception dans un contexte dominé fortement par la léthargie et l'apathie intellectuelle peu propices, reconnaissons-le, pour comprendre du dedans les différents pans de la société. L'un des objectifs du premier Salon des sciences sociales (19-21 novembre 2022, au campus Mourad Salim, ex-IGMO) est précisément d'ouvrir des champs du possible en faisant aimer nos disciplines, en captant des vocations qui permettront aux jeunes lycéens d'apprécier à leur juste valeur les sciences sociales, pour en terminer avec cette sentence répétée : « Ils nous ont jetés en sociologie ».
*Sociologue


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.