Il faut croire que la « théorie du bon cercle » fait des émules. De plus en plus nombreux. Sous nos cieux ennuagés, même un homme enfoui cent lieues sous terre est capable de sortir du « trou », vous tirer deux bastos dans le dos, et retourner benoîtement à son caveau et poursuivre son sommeil de l' (in)juste... Lui, c'est un bipède pas comme les autres. L'histoire à décrypter raconte qu'il voulut se payer le luxe exquis d'un grand saut dans le vide sidéral, sans prendre la précaution vitale d'accrocher ses savates trop usées à un élastique en boyaux... de baudet. Se rappelant que le compte à rebours a déjà commencé pour lui depuis longtemps déjà, Il tente de rattraper le train en marche sans jamais consentir à payer un traître ticket. Arrivé à la station dite du «cimetière des espérances», Il tombe nez à nez avec une faune en voie de prolifération et joue des coudes pour se placer, se persuade-t-il, à l'intérieur du «bon cercle». Pour lui, l'urgence vitale est de faire un «bon placement» et ne pas se laisser larguer loin, à l'extérieur du «bon cercle». Parce que, paraît-il, pour être à l'abri des coups tordus du sort et des gifles cinglantes de la vie, il faut avoir appris à marcher sur la neige sans jamais laisser de traces, ne pas commettre le sacrilège de mettre des bâtons dans les girouettes à la mécanique trop bien huilée, veiller à ne jamais faire semblant de roter sur les autres quand l'écho de la bedaine résonne trop dans le vide. Fouillant dans sa mémoire en charpie, Il se souvint encore de ces bons conseils de son trisaïeul, semi-combattant des causes perdues, pour lui apprendre à devenir, lui aussi, un homme amorphe, incolore, inodore et même invisible à l'œil nu, sauf par le chas d'un porte-monnaie géant. Trop soucieux de réussir le grand plongeon dans le marigot des caïmans, il sera retrouvé les pieds et les poings liés avec du fil barbelé, le corps lesté au fond du marigot avec la momie d'un alligator édenté.
