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La diaspora et ses opportunités pour l'université algérienne
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 13 - 07 - 2023

La diaspora scientifique est un levier de performance pour booster l'université algérienne au niveau mondial.
Elle beigne dans un écosystème imprégné de normes internationales, ouvrant des voies d'accès direct aux grandes institutions de recherche scientifique et d'innovation technologique. En fait, la diaspora dans son ensemble peut être utile dans beaucoup d'autres domaines tant elle est diversifiée, opérant à différents niveaux et couvrant toutes les couches sociales. Elle est présente en politique, dans les médias avec leurs lots d'influence sur le façonnement de l'opinion publique dans les grands thèmes de l'actualité. Dans le monde des arts, de la culture et des lettres, la diaspora exerce son aura sur toute la société. L'économie, le sport, en particulier le foot et, bien sûr, la science et la technologie où la diaspora occupe une place importante et exerce une forte influence sur le cours des choses. Dans tous ces domaines, la diaspora peut donner une bonne image du pays et promouvoir son statut dans le monde. Elle se situe à un carrefour sensible de peuples et de cultures différentes, servant de pont de dialogue et d'échanges pour des intérêts réciproques et une compréhension mutuelle.
Son nombre n'est pas connu d'une façon précise. On l'estime entre quatre et six millions, majoritairement en France, le reste, un demi-million, réparti dans différentes régions du monde, d'une façon très inégale. En France, on retrouve pratiquement toutes les classes sociales, dans le bâtiment, le commerce, les services, (transport, banques, restaurants, hôtels), les entreprises, le sport, en politique, la culture et, bien sûr, la science et la technologie avec de hautes qualifications. Elle offre une opportunité unique de promouvoir l'image de l'Algérie à l'extérieur et contribuer directement à son développement dans les secteurs clés de l'économie, la culture, la science et le sport. L'équipe nationale algérienne de football est presque exclusivement formée d'éléments opérant à l'étranger, surtout en France. Cette équipe représente officiellement l'Algérie dans toutes les compétitions internationales, en particulier à la Coupe du monde. Elle fait entonner l'hymne national dans différentes parties du monde et permet à l'Algérie de se hisser au top niveau. De ce fait, elle constitue un exemple à méditer pour des succès dans d'autres domaines comme l'enseignement supérieur et la recherche scientifique.
Il suffit de trouver le bon modèle de partenariat avec l'élite universitaire nationale, sachant que parmi les enseignants universitaires algériens, beaucoup ont accompli leurs études supérieures dans de prestigieuses institutions et ont tissé des relations privilégiées avec des équipes de renommée établie, où la diaspora est souvent impliquée. Cette élite forme le socle d'un dispositif national, seul garant de la pérennisation de l'action visant l'excellence. La diaspora est la locomotive qui permet de hisser ce dispositif vers le haut en offrant une opportunité unique pour promouvoir et pérenniser la qualité et la performance de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans notre pays.
Il y a deux catégories de personnalités dans la diaspora scientifique. Celles qui sont définitivement établies dans le pays hôte et qui occupent des postes permanents (professeurs d'université, chercheurs permanents dans des institutions de recherche, etc.) et celles qui exercent sous contrats temporaires et qui sont mieux disposées à un retour définitif au pays pour peu que les conditions le permettent. Actuellement, les échanges sont plutôt le fruit de relations personnelles et n'ont pas encore un caractère structuré malgré toutes les tentatives dans ce sens. L'émergence de la technopole de Sidi Abdallah semble être l'amorce d'une approche nouvelle pour une pénétration en force de la diaspora dans les technologies de l'information et des télécommunications et de l'intelligence artificielle. Est-ce que l'université algérienne peut développer une politique vis-à-vis de la diaspora en s'inspirant de l'exemple de Sidi Abdallah ? Cette technopole est un peu comme une rampe de lancement d'une expérience dans laquelle la diaspora joue le rôle central. Il s'agit de développer un programme de haut niveau dans un domaine à caractère stratégique, en l'occurrence l'intelligence artificielle, initiée par les plus hautes autorités du pays qui ont décidé d'y mettre tous les moyens pour assurer son succès. Sidi Abdallah est une ville dotée de toutes les infrastructures et offre des conditions de travail et de vie proches de celles dans certains pays développés. La proximité de wilayas riches et attrayantes comme Alger, Blida et Tipaza élargit le champ des opportunités pour des échanges de toutes sortes (scientifiques, économiques, culturels). Peut-on s'inspirer de cette expérience dans d'autres domaines et en d'autres lieux, par exemple en érigeant des technopôles autour de chaque université ?
Cela peut se faire à condition d'adopter la bonne démarche qui consiste à conjuguer les points forts de l'université et son environnement socioéconomique. Certes, les écosystèmes des universités algériennes sont assez différents de celui qui prévaut à Sidi Abdallah. Mais elles ont d'autres atouts qui leur permettent d'émerger comme pôles d'excellence dans certains domaines. Plusieurs universités dans le pays ont des décennies d'expériences, et comptent des dizaines de milliers d'étudiants dans beaucoup de disciplines, de grandes infrastructures pédagogiques, de recherche et de vie estudiantine (cités universitaires, sport, foyers culturels, etc.). Aucune université au monde n'excelle dans tous les domaines et chacune a ses spécificités qui la poussent à sélectionner la voie à suivre pour s'engager dans les programmes qui offrent les meilleures garanties de réussite. Pour mettre en évidence les points forts d'une université, un pavillon spécial devrait être dédié aux réalisations des étudiants (projets concrets de fin d'études en licence, master et doctorat, prototypes, maquettes, films, posters), une sorte de cité scientifique qui illustre la voie d'excellence ouverte à l'institution en question. Cette procédure permet de dénicher les points forts qui sont certainement là et qu'il faudrait juste sortir de l'anonymat. Il est réconfortant de constater que les niches de l'excellence et de l'innovation existent un peu partout en Algérie et pas toujours aux endroits où elles sont le plus attendues. Des universités autrefois considérées comme ne pas faisant partie des meilleures, révèlent une agressivité remarquable dans l'innovation. Béchar, Ouargla font parler d'elles dans des domaines de pointe qui s'inscrivent dans les priorités nationales. Récemment (26 juin 2023), l'entreprise SLB-Algérie (autrefois Schlumberger-Algérie) spécialisée dans les services et équipements pétroliers et jouissant d'une longue expérience en Algérie s'est associée avec IncubMe, le plus grand incubateur de start-up en Algérie.
Cet incubateur est destiné à faire d'Ouargla une technopole dans l'énergie propre et le processus de décarbonisation dans la transition énergétique. D'un autre côté, l'université Tahri Mohamed de Béchar a remporté en juin 2023, le 1er prix du concours national ‘Algeria-Venture' des start-up, et devance ainsi les grandes universités du pays, en présentant un robot capable de détecter les pathologies de certaines cultures. En peu de temps, des milliers de projets de start-up ont été enregistrés à travers le pays, dont plus d'un millier ayant déjà acquis le label de ‘start-up' ou de ‘projet innovant' et sont donc éligibles pour un accompagnement de mise en œuvre rapide.
Ceci prouve le dynamisme de la jeunesse, en majorité universitaire et sa réactivité lorsque la voie à suivre est balisée et les bonnes décisions sont prises. Les médias rapportent quotidiennement des réalisations de toutes sortes (drones, logiciels, etc.) à impact direct sur les préoccupations de la société (par exemple, lutte contre les feux de forêts) et à tous les niveaux (licence, master, doctorat). Il reste maintenant à renforcer cette tendance pour atteindre la masse critique dans tout le pays et réaliser une symbiose entre la société et l'université qui doit inéluctablement mener à une ascension significative du classement de celle-ci dans le monde.
Il faut cependant suivre ce processus avec vigilance et attribuer l'évaluation des projets aux experts dans les domaines concernés pour ne pas noyer ceux qui se distinguent des autres par un haut niveau d'innovation. Il y a des projets susceptibles de porter l'université dans sa compétition internationale et d'autres qui s'inscrivent plutôt dans l'optique de développement du secteur socioéconomique.
Dans ce contexte, il est hautement recommandé de mettre au point une politique qui intègre l'ensemble des institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (universités, écoles supérieures, centres de recherche) et exploiter judicieusement toutes les ressources existantes (humaines, matérielles, infrastructures). En créant des pôles d'excellence autour de chaque institution, on peut atteindre une masse critique et asseoir plus facilement les conditions de croissance dans la qualité et la quantité de production de la richesse. Le processus semble être déjà enclenché et les autorités ont fait les premiers pas dans ce sens. Les fonds alloués aux start-up ont considérablement augmenté et le but affiché est d'atteindre 3% du PIB dans les cinq années à venir contre 1% actuellement avec environ un million de porteurs de projets. Le Fonds algérien des start-up, alimenté par six banques publiques, sert à financer les entreprises ayant obtenu le label ‘start-up'. Il reste maintenant aux universités de définir clairement leur stratégie et fixer leurs priorités à plus ou moins long terme. A titre d'exemple, prenons le cas de l'université de Tlemcen qui, de par ses ressources humaines et matérielles et le caractère spécifique de la région (tissu économique, environnement socioculturel, patrimoine historique), est caractérisée par trois tendances fortes :
- La première tendance majeure à Tlemcen réside dans les questions de santé et de la qualité de vie. La médecine nucléaire, la physique médicale et le génie biomédical représentent ensemble un point fort de l'université de Tlemcen. Ces domaines sont importants pour le diagnostic et le traitement de maladies comme le cancer et viennent renforcer le plan national de lutte contre cette maladie, auquel l'Etat accorde une attention particulière en allouant des budgets importants. Il s'agit là d'un domaine pluridisciplinaire et sensible dans lequel la diaspora peut contribuer d'une manière décisive. Au plan de la recherche, les nanoparticules de polymères, vecteurs de médicaments dans la thérapie ciblée du cancer, constituent un sujet récurrent dans la littérature spécialisée et ouvrent un espace intéressant pour un partenariat de haut niveau entre les équipes de Tlemcen et d'autres impliquant la diaspora.
- L'environnement et le développement durable est un domaine ouvert pour la formation d'équipes pluridisciplinaires engageant les chercheurs de l'université de Tlemcen et leurs collègues de la diaspora. Les membranes échangeuses d'ions dans le traitement des eaux usées, les cellules solaires organiques et polymères semi-conducteurs, le stockage de l'hydrogène dans des réservoirs étanches de polymères, les membranes de dessalement de l'eau de mer, les hydrogels pour la rétention des eaux de pluie et l'humidification du sol, les additifs alimentaires, les emballages alimentaires, entre autres, sont des sujets chands dans le domaine de la recherche scientifique et du développement technologique, s'inscrivant dans les préoccupations prioritaires en Algérie.
- Le patrimoine historique de Tlemcen, la diversité socioculturelle de la région, la dimension arabo-berbéro-musulmane de la société offrent des cachets uniques à exploiter pour promouvoir le rayonnement de l'université à l'international et lui attacher un label d'excellence.
Rappelons, enfin, que l'université de Tlemcen existe depuis presque un demi-siècle et compte environ 46.000 étudiants dans toutes les disciplines, réparties sur huit facultés dotées de toutes les infrastructures nécessaires pour l'enseignement et la recherche. Les conditions sont donc réunies pour l'émergence d'un pôle d'excellence centré sur les domaines de force indiqués ci-dessus. Le pays a ouvert son cœur à la diaspora. En associant l'intelligence et le cœur, de grandes perspectives seront ouvertes pour l'université algérienne et il est heureux de constater que le processus est peut-être déjà en cours.
*Professeur de physique (retraité)


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