Vendredi 15 novembre, le président algérien Abdelaziz Bouteflika s'entretient à Alger avec Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste tunisien au pouvoir Ennahdha. Dimanche 17 novembre, c'est au tour de Béji Caied Essebsi, chef du parti d'opposition Nida Tounes, d'être reçu par M. Bouteflika. Ces deux rencontres font la une de pratiquement tous les médias tunisiens. L'Algérie a-t-elle décidé de jouer les médiateurs dans la crise tunisienne? La presse s'interroge. En à peine deux mois, le chef de l'Etat algérien a reçu les deux hommes à deux reprises. Paralysée par une crise politique qui dure depuis 4 mois, la Tunisie semble chercher une médiation chez son voisin. Ou est-ce le contraire? Difficile de le savoir. Officiellement, il n'y a pas de médiation algérienne, et c'est la langue de bois qui domine. Le gouvernement tunisien actuel est accusé d'avoir failli sur le plan sécuritaire face à l'essor de la mouvance djihadiste mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au cœur de la révolution de janvier 2011. Le précédent gouvernement dirigé par Ennahdha avait été poussé à la démission après l'assassinat d'un autre opposant, Chokri Belaïd, le 8 février dernier. La vie politique et institutionnelle tunisienne est toujours paralysée par le bras de fer entre Ennahdha et une hétéroclite coalition d'opposition depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet. Faute de Constitution et de loi électorale 23 mois après l'élection de l'ANC et deux ans et demi après la révolution de janvier 2011, la Tunisie est toujours privée d'institutions pérennes et de calendrier électoral.