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Sur les traces de l'architecture kabyle ancienne
Publié dans Sétif Info le 09 - 09 - 2011

A Lemroudj, village relevant de la commune Draa Kébila, l'architecture des anciennes maisons kabyles mérite une attention particulière ; car elles sont en voie d'extinction emportant avec elles toute une civilisation d'un peuple. Bien que différemment construites, elles ont toutes des points communs.
Pour construire leurs maisons, nos ancêtres faisaient usage de matériaux locaux : pierre, terre argileuse, bois de cèdre et de peuplier, tuiles romaines en terre cuite d'argile, etc.
La pierre était généralement préparée longtemps à l'avance avant de commencer les travaux de construction. Pour cela, après avoir repéré la carrière de pierre, les hommes concernés par le projet s'équipaient de pioches, de massues, de levier en fer, de pelles, etc. Ils exécutaient eux-mêmes les travaux d'extraction de pierres qui pouvaient durer plusieurs mois.
La pierre extraite était alors transportée à dos d'ânes ou de mulets jusqu'au lieu de la construction envisagée.
Comme pour la pierre, il fallait désigner le lieu d'extraction de la terre d'argile à utiliser comme liant ; le ciment était hors de portée des gens de la localité en raison de sa rareté sur le marché, de son coût et de l'absence de routes carrossables pour l'acheminer au village à moindre de frais.
Ensuite, on désignait le maçon parmi les enfants de Lemroudj ou des villages voisins, pour se concerter avec lui sur l'architecture de la future maison, les dimensions à retenir, le nombre de chambres et de lieux d'accompagnement, l'orientation, l'emplacement des portes et des fenêtres, etc.
Une fois que le propriétaire de la future maison et le maçon sont d'accord sur tous les points précités ainsi que sur la rémunération de ce dernier, on procédait à l'implantation du chantier en délimitant les pourtours.
La première action à entreprendre consistait à creuser les fondations sous la direction du maçon. Ces fondations avaient la forme de fossés d'une profondeur d'environ un mètre d'où les murs commençaient à s'élever vers le haut sans aucun pilier ni ferraillage.
Une fois les fondations creusées, les travaux commençaient ; par manque de moyens, ils pouvaient durer des années entières. On utilisait de la terre d'argile mélangée avec un peu de paille et de l'eau. Ce mélange s'appelait allaut en kabyle.
Pour obtenir des murs droits et bien alignés, le maçon taillait pierre par pierre, en fonction du besoin.
Une fois les travaux de construction des murs terminés, le même maçon réalisait la charpente, la pose des tuiles et autres accessoires indispensables tels que les chevrons, les traverses de peuplier, le tapis d'osier déposé sur la charpente avant la pose de tuiles (Echoukka en kabyle).
Les chevrons étaient généralement choisis lors de la taille des cèdres. Comme traverses, on utilisait des troncs de peupliers coupés dans les champs du propriétaire de la future maison en construction ou acquis auprès familles voisines. La traverse du milieu est appelée Akantas en kabyle.
Quant aux tuiles romaines, elles étaient fabriquées localement dans une tuilerie traditionnelle à four à bois.
Les portes et fenêtres étaient aussi réalisées localement avec les moyens de l'époque et avec des planches souvent provenant du sciage de troncs d'arbres appartenant au propriétaire de la maison en construction.
S'agissant de l'architecture adoptée, elle est très peu différente d'une maison à une autre ; c'était selon les moyens des uns et des autres et en fonction de la superficie dont on pouvait disposer comme assiette foncière.
Akham, en kabyle, signifie maison. Mais dans la plupart des anciennes maisons on retrouvait une grande pièce appelée aussi Akham. C'était généralement un salon d'une longueur d'environ sept mètres (quatorze coudées) et d'une largeur de cinq mètres (dix coudées). Il y avait de plus petits mais aussi de plus spacieux.
Akham, c'est la pièce maîtresse où se rassemblaient tous les membres de la famille, mais aussi, un lieu où un Kanoun était creusé au niveau de la partie supérieure, loin de la porte d'entrée.
Le Kanoun servait à chauffer la maison en hiver, mais aussi pour faire cuire la nourriture et faire sécher les habits lavés ou mouillés. Le Kanoun, c'était un trou circulaire de trente à quarante centimètres de diamètre et d'une profondeur de vingt à trente centimètres. Aux alentours immédiats du Kanoun, on plaçait trois morceaux de terre cuite appelés Iniyène en kabyle (Ini au singulier), sur lesquels on plaçait la marmite et autres récipients et ustensiles utilisés pour la cuisson de la nourriture.
Chez les familles aisées, on retrouvait un Kanoun dans chaque pièce y compris celles qui servaient de chambre à coucher.
On se chauffait avec du bois ; ce dernier était collecté durant l'été et l'automne et, au besoin, on complétait ces provisions en hiver. Nos ancêtres étaient plus prévoyants que nous ; ils s'y prenaient quatre à cinq mois avant que l'hiver ne s'y installe.
Il n'y avait pas de cheminée ou de conduit de fumée ; cette dernière sortait en s'élevant vers le toit de la maison, traversait le tapis d'osier et s'infiltrait à travers les tuiles. C'était là l'un des secrets de la maison kabyle ; le toit permettait à la fumée de sortir et empêchait le froid de pénétrer à l'intérieur.
Dans ce grand salon, les femmes travaillaient la laine, tissaient des tapis, des habits à base de laine tels que le Burnous porté par l'homme, de petits tapis appelés thikhallaline en kabyle (Thakhalalt au singulier) ; c'était un petit tapis que les femmes portaient pour se protéger du froid ou se couvrir de la pluie.
Dans cette grande pièce se trouvait aussi :
* Des jarres en terre cuite qui servaient à stocker du blé, de
l'orge, de la semoule, des fèves, des figues sèches, etc. Les grandes jarres étaient appelées Ikhoufane (Akhoufi au singulier) et les petites, thikhoufathine (Thakhoufith au singulier).
* Eddoukane, genre de placard sans porte qui servait de buffet pour ustensiles.
* Boukachache en bois sur lequel on accrochait les tamis.
* Assakkoun (corde en fil de fer), utilisé pour accrocher les oignons et l'ail afin de les conserver pour l'hiver. Cette corde était placée juste au dessus du Kanoun pour que l'oignon et l'ail se conservent longtemps et bien, jusqu'à la prochaine récolte.
* Igaguène (Iguig au singulier), morceaux de bois rigide d'une longueur d'environ soixante centimètres et de huit à dix centimètres de diamètre. Ces derniers étaient plantés dans les murs du salon pour accrocher divers objets, notamment Thagachoult (genre de sac fait avec de la peau de mouton et servant à faire du petit lait et du beurre, en la remplissant de lait caillé que l'on secouait pendant un certain temps). Thafkloujth était également utilisée dans pour produire du petit lait. C'est un genre de citrouille qui ne se mange pas ; la
coque, débarrassée de ce qu'elle contenait comme grains et autres matières, est séchée à l'ombre pour servir comme instrument d'extraction du petit lait et du beurre.
* Azatta, métier à tisser traditionnel.
* Adaynine, local mitoyen au salon, servait d'écurie pour la vache ou les chèvres ou les brebis possédées par la famille. Le salon et l'écurie possédait la même porte d'entrée et communiquaient entre eux. Le plancher du salon, appelé aghouns, était légèrement surélevé d'environ quarante à cinquante centimètres par rapport au local servant d'écurie. Aghouns était suffisamment lisse et recouvert avec de la terre mélangée à de la bouse de vache. Les murs du salon étaient également revêtus d'abord avec de la terre d'argile puis avec du plâtre leur donnant la couleur blanche qui noircie très vite sous l'effet de la fumée du Kanoun.
Pour accéder au salon, on passait par Idhavdhar qui n'est autre que la différence de niveau entre le plancher du salon et celui de l'écurie. Cette surélévation empêchait les rejets des animaux de remonter vers le plancher du salon.
A noter ici, que ce type de construction permettait de rationaliser le chauffage en hiver et de s'occuper de la vache, des chèvres et des brebis pendant la nuit. On leur donnait à manger et on les visitait
sans sortir dehors ; c'était une façon de se protéger du froid.
D'ailleurs, le mur qui séparait le salon de l'écurie comportait une
issue d'accès située immédiatement à l'entrée de la maison et à gauche, une autre issue un peu plus loin près du mur d'en face. Ces deux issues permettaient de donner à manger aux animaux et de faire bénéficier ces derniers du chauffage du kanoun et faire profiter les habitants de la maison de la chaleur dégagée par les animaux domestiques eux-mêmes.
Au dessus du local servant d'écurie, on retrouvait souvent un petit grenier (Thaarichth en kabyle). C'était là où l'on déposait certains produits de consommation tels que les grenades récoltées en automne, la viande séchée, etc.
La porte d'entrée principale possédait Amnar, un genre d'arrêtoir en pierre d'environ vingt centimètres de haut pour empêcher les eaux de rentrer à la maison en hiver.
Le salon possédait une autre petite porte du coté Nord Est dite Thawourth thamaziante ou Thakablith car elle permettait au vent frais d'été de rentrer dans le salon. Ce dernier avait aussi une petite fenêtre pour la lumière du jour et l'aération.
Chez les familles plus aisées, outre ces deux pièces, on pouvait trouver deux à trois autres chambres assez vastes, une petite pièce servant de cuisine, une salle d'eau et une pièce appelée askif, par laquelle on accédait à la cour centrale et aux autres chambres.
Askif, possédait une grande porte assez large, comportant deux ouvrants dont l'un d'entre eux était muni d'une petite porte. Askif comportait un passage d'environ un mètre et demi de large, d'un espace surélevé de près de soixante quinze centimètres par rapport au passage et d'un lieu où l'on pouvait déposer les petits fûts d'eaux faits en bois (Thivattiyine, Thavattith au singulier) ; c'était là aussi où l'on accrochait les outres d'eau (Iyadidhène, Ayadidh au singulier).
Sous les outres, on déposait des assiettes en terre cuite (Ichakfane, Achkouf au singulier). Une rigole était prévue pour permettre à l'eau de ruisseler et de sortir à l'extérieur de la maison).
Ce type d'architecture est encore visible à Lemroudj au niveau des vieilles maisons en ruine. Dommage, qu'aucune restauration n'est envisagée ni par les propriétaires eux-mêmes ni par les services étatiques concernés par la culture et le tourisme. Le jour où l'on se rendrait compte de l'importance de ce patrimoine culturel, ne serait-il pas trop tard pour agir ?


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