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Il y a longtemps?
Fafa Ghassoul: la petite ?coli?re de Frenda
Publié dans La Voix de l'Oranie le 27 - 05 - 2009

Fafa, deux notes musicales, deux syllabes, douces et l?g?res, aussi douces que le bruissement de la brise dans la chevelure des acacias un soir de printemps et aussi l?g?res que le battement d?aile d?une colombe. Ce pr?nom offert par les parents n??tait-il pas un heureux pr?sage de la future destin?e de cette fillette?
Le cinq mai deux mille neuf, Fafa quitte ? jamais ce monde. Triste jour pour les siens, ses voisins et ses amis! C?est alors que le souvenir ressurgit! Fafa, la petite ?coli?re aux nattes soyeuses, couleur de bl?! Fafa, la petite ?coli?re au regard tendre et clair, ? la peau parsem?e de grains de rousseur! Fafa, la petite ?coli?re au cartable en bandouli?re, rev?tue du sarrau traditionnel, sarrau ? carreaux noirs et blancs agr?ment? d?une lisi?re rouge aux poignets et au col!
Nous revenons sur nos pas, sur le chemin d?autrefois, dans le quartier o? habitait la petite fille de Sidi El-Faci, nous avons rassembl? tous les souvenirs qui sont d?j? loin pour vous raconter notre Fafa.
Nous sommes au mois d?avril 1925? La lourde cloche de bronze annonce solennellement le d?but de la r?cr?ation, toutes les ?l?ves se d?versent prestement dans la cour de l??cole.
Regardons Fafa ?voluer! Comme elle est gracieuse, gaie et spontan?e! Sans plus tarder, elle invite ses camarades ? sauter avec elle ? la corde. La cour n?est plus que rires, chants et cris de joie. Comme chaque enfant de son ?ge, elle aimait jouer, c??tait tant?t ? la marelle, tant?t ? la corde, tant?t aux osselets! Puis la cour devient tout ? coup silencieuse, l e tintement de la cloche mit fin ? toutes les jubilations.
Devant son pupitre, assise le dos bien droit, la main tenant soigneusement le buvard, le porte-plume entre les doigts, Fafa le trempe dans l?encrier et trace avec d?votion des lettres violettes respectant le plein et le d?li? si cher ? son p?re l?instituteur de Bouz?r?ha.
C?est le moment de travailler, pense-t-elle! S?rieuse, vive et intelligente, elle s?impr?gnait de tous les enseignements qu?on lui prodiguait. La ma?tresse admirait secr?tement cette petite Alg?rienne qui assimilait si facilement et qui n?avait rien ? envier aux autres. Fafa appr?ciait d?licieusement la s?ance de r?citation et d?une voix claire et expressive, elle donnait ? tout po?me chaleur et vie. Elle impressionnait m?me ses camarades europ?ennes par son maintien altier et sa gestuelle qui donnait de l??clat ? son style. Fafa n?a certainement pas oubli? ?matin d?octobre?, le vagabond ou l??cole qui r?sonne ainsi: ?chaque enfant qu?on enseigne est un homme qu?on gagne.?
Peu de jeunes filles alg?riennes ? l??poque ont eu la chance de Fafa: celle-ci re?oit une instruction solide et garde pour toujours une v?ritable v?n?ration pour son p?re. En l??voquant, elle nous confie (c?est un extrait d?une lettre de Fafa, dat?e du 14-03-2000): ?C??tait aussi le p?re de tous les vieux Frend?ens; aujourd?hui, si j?ai pris la plume pour t??crire, c?est bien gr?ce ? lui et j?en suis tr?s fi?re. Quand M. Jacques Berque a fait la traduction du Coran, j?ai profit? de l?occasion pour le f?liciter et lui rappeler qu?il avait ?t? son ?l?ve. Il m?a r?pondu aussit?t, en me disant que ma lettre lui avait fait grand plaisir, qu?elle lui avait rappel? les horizons de son enfance qu?il n?avait jamais oubli?s et qu?il avait toujours une pens?e pour son ma?tre.?
Madame Ghassoul a entretenu une correspondance assez r?guli?re avec M. Jacques Berque. Est-il besoin de rappeler que Jacques Berque a fait ses ?tudes primaires ? Frenda sous l??il vigilant de Ghassoul Mohamed, son instituteur? Est-il n?cessaire de souligner l?amiti? qui liait M Augustin Berque, ? l?instituteur de son fils?
La petite ?coli?re voue ?galement un respect profond et intact ? ses ma?tres de l?enseignement primaire. Peut-elle oublier M. Armand qui lui apprit ? ?crire en respectant les pleins et les d?li?s avec la belle plume Sergent-major et l?encre violette dont elle garde encore l?odeur?
Fafa a ?t? boulevers?e par un ?v?nement tragique qui a eu lieu la veille des f?tes de no?l; une institutrice m?tropolitaine a disparu dans un tragique accident de la route. Sa sensibilit? s??meut au point o? elle laisse voir son ?motion, ne pouvant contenir ses larmes. Fafa gardera toujours en elle la nostalgie pour son village natal et pour ses amiti?s de l??cole primaire.
D?s l?enfance, s?esquissent en elle des traits qui domineront toute sa vie; ardeur au travail, v?n?ration pour ses parents et le respect des autres.
Quelques ann?es plus tard, comme toutes les jeunes filles alg?riennes, elle devient une m?re de famille qui accorde une importance capitale ? la vie conjugale. Confin?e dans son village natal, elle ?tait sereine et gaie aupr?s de son ?poux, Sebane El-Habib. D?une ?l?gance rare ? l??poque, il avait un caract?re temp?r?, souple, capable de s?adapter ? toutes les situations, m?mes les plus difficiles.
Ensemble, le couple se consacra ? l??ducation des enfants et ? leur bien-?tre. Ayant appris en foyer le culte du travail bien fait, elle accomplissait, sans rechigner, les t?ches quotidiennes. G?n?reuse, indulgente, elle voit, de jour en jour, se fortifier l?amour pour ses enfants, l?amour pour ses petits enfants. Elle affirmait qu??il n?est pas de grande preuve d?amour que de consacrer sa vie ? ceux qu?on aime?.
Fafa ?prouvait le besoin de se sentir aim?e et entour?e par les siens; aussi ses enfants lui rendaient-ils des visites presque quotidiennes. Comme elle a d? souffrir lors de la perte tragique de son petit fils, un jeune homme promu ? un bel avenir! Sa souffrance a d? ?tre muette et silencieuse afin de permettre aux blessures de se cicatriser.
Les ann?es se sont ?coul?es d?un vol rapide et myst?rieux, pesant inexorablement sur la sant? de Fafa. Sentant son heure imminente, elle revisite les lieux de son enfance bien heureuse. Sa pens?e survole all?grement monts et vall?es pour revenir vers la maison paternelle, elle entend les rires ?touff?s de ses s?urs et savoure les moments de tendresse aupr?s de sa m?re et de ses fr?res. Quelle nostalgie ?prouve-t-elle, lorsqu?elle pense aux jours de f?te o? s?impose ? elle la stature de Benbahi, affable et accueillant, le souvenir de sa m?re avenante et de bonne gr?ce.
Puis, par les chemins tortueux, elle escalade la c?te et arrive ? son ?cole de filles communale. Une forte ?motion ?treint son c?ur. Sous les vieux platanes, elle revoit ses amies en rangs serr?s pour p?n?trer en classe. L?, c?est le vieux po?le ronronnant, ici, c?est le tableau noir, toujours l?, t?moin muet mais combien ?vocateur: l? c?est l?institutrice en blouse grise, expliquant son cours; l? aussi c?est le bureau o? sont empil?s les cahiers mensuels couverts en papier bleu.
Comme Fafa aimait couvrir ses livres avec ce bleu!
Elle entend encore l?institutrice dire: ?Attention, collez l??tiquette et n?oubliez pas d?y ?crire votre nom!?
Bravant tant?t le vent des hauts plateaux, tant?t les chaleurs estivales ou la bise cuisante des neiges, ? combien aimait-elle admirer son Frenda, drap? dans sa mantille immacul?e!
Combien aimait-elle musarder sous le poids des branches enneig?es! H?las, que ce pass? est si loin, loin, loin, laisse-t-elle ?chapper dans un soupir o? se m?lent nostalgie et r?signation.
Repose en paix ch?re et regrett?e dame de Frenda.
M?riem et Amar Mahmoudi


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