L'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, reconnaît que la tension, créée par des vides qui ont besoin d'être comblés par des projets économiques et sociaux, ne relève pas des gouvernements et des officiels mais de la société civile car les relations entre les peuples algérien et français ont pris un sens beaucoup plus large. Dans un exposé sur la réalité des relations franco-algériennes dans son volet politique et du point de vue diplomatique, au forum d'Ech Chorouk, le diplomate français a indiqué que l'extrême prudence était de mise dans le traitement de ces relations très sensibles, qu'il a comparées au travail de la dentelle qui exige une grande habilité, du doigté et l'acceptation de piqûres, de temps à autre. M. Driencourt n'a pas évoqué les dossiers qui paralysent l'assainissement de ce climat de tension et son adoucissement, et a déclaré «nous devons accomplir une tâche importante et de grands projets pour combler les innombrables lacunes», ajoutant qu'«il ne faut pas considérer les relations du point de vue des échanges commerciaux et économiques ou des liens entre les gouvernements officiels, mais il faut dépasser ces références et ne pas négliger les considérations humaines». Le diplomate reconnaît que les deux Etats doivent assumer leurs responsabilités et se projeter dans l'avenir en se résignant à régulariser les dossiers en suspens qui perturbent la courbe des relations franco-algériennes. M. Xavier Driencourt a déclaré que les autorités françaises, à ce jour, n'avaient pris aucune mesure au niveau des aéroports de Paris. Le contrôle y est tout à fait ordinaire et concerne tous les voyageurs en provenance de pays figurant sur une liste spéciale de renforcement du contrôle. Le diplomate a ajouté que les Affaires étrangères algériennes l'avaient convoqué au même titre que l'ambassadeur des USA, pour lui signifier leur refus de voir l'Algérie portée sur la liste noire, d'autant plus que l'Algérie a fourni d'énormes efforts dans la lutte contre le terrorisme. «J'ai transmis le message à Paris qui a demandé un délai pour étudier la possibilité de satisfaire à la demande algérienne. Et durant cette période, la France a envoyé plusieurs correspondances expliquant que la mesure n'était pas spécifique à l'Algérie», selon M. Driencourt. Il reconnaîtra que les discussions au sujet de la liste noire ne sont pas précises, la France s'exprimant mal sur les mesures et dira que ces dernières s'étendront à d'autres pays. Les informations demandées aux voyageurs actuellement ne sont pas plus contraignantes que par le passé. Par ailleurs, l'Ambassadeur français en Algérie a révélé que les formalités d'obtention de visa d'entrée des Algériens en territoire français sont régulièrement actualisées afin de faciliter la circulation des personnes. «Nous œuvrons à améliorer l'accueil et les formalités au bénéfice des demandeurs et à augmenter le nombre de visas. Je ne conteste pas qu'il y ait encore des insuffisances, mais les chiffres prouvent que les choses progressent. Le visa Schengen n'a pas donné de résultats qui démontrent que le flux des personnes vers les pays de l'UE se réduira ou augmentera à l'avenir», a-t-il déclaré. Le diplomate confiera que la France pourrait ne pas participer à la prochaine foire internationale d'Alger, car beaucoup plus intéressée par les salons et foires spécialisés organisés à longueur d'année. Selon M. Driencourt, la France a été le premier investisseur étranger en 2009 avec un apport de 396 millions de dollars représentant 15% des IDE et les 430 établissements financiers français et sociétés qui ont créé 36.000 postes de travail préfèrent réinvestir leurs bénéfices en Algérie.