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Djeich-Chaab Khawa-khawa ou dissuasion
Publié dans AlgerieNetwork le 18 - 00 - 2019

« Djeich-Chaab Khawa-Khawa » Ce slogan appartient-il au peuple ou à l'armée ?
La question mérite d'être posée car cette équation, dans le cas du mouvement citoyen pacifique, interroge tout stratège qui se lance dans une confrontation quelconque.
Si ce slogan appartient au peuple, le sens qu'il veut donner à l'armée c'est de « ne pas tirer sur nous » et si ce slogan appartient à l'armée le sens est autre et il peut signifier « nous ne sommes pas vos ennemis ».
Autrement dit pour le peuple le message est le suivant : notre cible c'est le pouvoir et pour l'armée le sens à donner à ce slogan c'est qu'il faut nous faire confiance pour régler ce qui ne vous convient pas mais avec notre approche, tout en comptant sur votre « sagesse et votre patience ».
L'armée se veut constitutionnaliste et appelle à un raisonnement basé sur la constitution, le peuple par contre considère que le problème est politique et qu'il a besoin d'une approche politique.
« Nous ne sommes pas vos ennemis et nous voulons travailler dans le cadre des lois en vigueur », c'est ce que l'Armée envoie comme message. « Ne tirer pas sur nous » et laisser nous renverser ce pouvoir illégitime et illégal qui a violé lui-même la constitution, instrument suprême de la légalité d'un pays, répond le peuple.
« Khawa-Khawa », est ce que cela va durer ? A mon sens c'est utopique de penser ainsi, car il y a deux démarches diamétralement opposées, l'une qui veut changer les équilibres du pouvoir et l'autre qui ne peut pas se permettre de laisser faire le déséquilibre, car ce jeu peut être dangereux comme peut être dangereuse la confrontation entre ces deux entités. Dans cette relation, le peuple a besoin de garantie de la non intervention de l'armée et l'armée a besoin que le peuple reste dans sa démarche pacifique mais qu'il se limite à des marches pacifiques et bon enfant les vendredi. Ainsi il n'y aura aucune retombée sur l'économie et la stabilité du pays, qui va profiter par ailleurs des baisses importantes de production pétrolière des grands pays et de l'augmentation du cours du pétrole de ces derniers jours (64,05 dollars du WTI à la clôture du 16/04/2019).
On aura compris que la cible du peuple n'est pas l'armée mais les supports du pouvoir qui sont dans des positions dominantes dans l'Etat et qui ont des attributs importants et une capacité d'influer sur la décision, qui font partie du même réseau politique et qui sont aussi dans une logique dialectique qui peut soit les unir soit les disperser. Le slogan « Yatnahaw Ga3 » n'aide pas le mouvement dans sa stratégie et certains cercles politiques qui vont dans le sens du poil des revendications du peuple n'aident pas le mouvement à structurer sa pensée et à préciser ses cibler. Pour faire simple, ceux qui fabriquent les slogans ont retenu comme par hasard les 3 B (Belaiz, Bedoui et Bensalah), en référence aux 3 B historiques, Belkacem Krim, Bentobal et Boussouf accusés d'avoir assassinés Abane Ramdane au Maroc. Mais est ce un hasard dans la symbolique ? Ou est ce que quelque part on ressuscitait Abane Ramdane et sa fameuse idée de « la primauté du politique sur le militaire » mais en jetant à l'inverse en pâture des personnages clés du politique pendant que le militaire s'essaie au politique croyant peut être naïvement qu'il suffit de faire des discours devant un parterre de « muets » et des caméras tétanisés et inquiètes des retombées politiques sur leur sort pour avoir la reconnaissance des uns et des autres.
Un « B » est tombé. Ça change quoi pour le commun des mortels à qui on ajoute un peu plus de flou même s'il a le sentiment d'avoir gagné quelque chose. Tout au plus Mr Belaiz qui n'a pas montré beaucoup de prétentions dans sa vie politique et qui a bénéficié de son accointance avec l'ex Président va déposer son dossier de retraite et disparaître peut être des écrans radars.
Il reste les deux autres « B ». L'analyse des impacts de la démission du premier « B » va à coup sûr leur donner la mesure de ce qu'il y a à faire. Certains pensent déjà que le prochain sera Bensalah. Mais ils ne savent pas que l'équation Bensalah ne se limite pas aux désidératas de Bensalah mais aux rapports de force existants à l'intérieur du système et que la décision ne se limite pas à la volonté de l'individu, car il est fort possible que la démission de Bensalah ne provoque un séisme assez lourd de conséquences et une inquiétude sérieuse de tous ceux qui gravitent autour du système et dont l'intérêt, la sécurité et les privilèges peuvent être menacés.
Comme pour le remplacement de Mr Belaiz, le départ d'un élément important du centre décisionnel du pouvoir ne peut se faire que si un élément consensuel du système est prêt à prendre la place.
Le problème de la stabilité et de l'équilibre du pouvoir est donc l'élément de base de la réflexion du système. C'est aussi celui de l'armée qui ne souhaite pas se retrouver prise dans un tourbillon général capable de toucher à la stabilité et aux équilibres du pouvoir et de l'Etat.
D'un autre côté le peuple qui a choisi une démarche saine et pacifique mais qui n'arrive pas à limiter les envies de tout balancer et qui se retrouve en plus phagocyté par des tentatives de mise en selle de candidats à la représentation du peuple, tentative organisée et anonyme qui ne repose sur aucune base de réflexion sérieuse mais seulement sur des appels du pied réguliers et pernicieux des réseaux sociaux, ce peuple n'arrive pas à trouver la formule adéquate pour peser mieux dans le rapport des forces actuels. Si en face « la technique du judoka est bien appliquée » chez le peuple plusieurs courants sont entrain d'essayer de le déstabiliser croyant que tout est gagné et qu'il faut maintenant récupérer la mise.
En réalité même si beaucoup de choses ont été gagnés : plus de 5eme mandat, plus de 4+ eme mandat, plus d'interdiction de marcher sur Alger, plus d'interdiction de débattre sur la voie publique, réappropriation du drapeau national par le peuple, plus d'interdiction du drapeau tamazight, démission de Ouyahia, démission de Bouteflika, démission de Belaiz, démission de Haddad, mises à l'écart de plusieurs ministres FLN, RND, TAJ et compagnie, le système garde encore en main plusieurs outils qui peuvent changer le cours des choses.
D'une certaine façon on est devant une équation à trois inconnues : le peuple, l'armée et le pouvoir politique. Pour le moment tout le monde est gentil et le pacifisme est devenu l'emblème national.
Ça fait cependant 8 semaines que le mouvement dure et nous avons vu le vendredi passé que les esprits se sont échauffés et que des incidents ont eu lieu dans certains endroits de la capitale. Nous approchons du ramadan et rien n'est encore clair. Tout le monde sait que pendant le ramadan les Algériens ne se maîtrisent pas souvent et que les soirées peuvent donner l'occasion à tous de continuer la protestation. Ce qui veut dire qu'il y a des risques que les choses puissent dévier facilement.
« Djeich-Chaab-Khawa-Khawa », c'est une belle formule mais est ce qu'elle peut être valable en stratégie politique et militaire ? Quand on étudie les relations internationales nous remarquons que le pacifisme n'est pas de mise. Par contre ce qui est évident c'est que celui qui est respecté et craint c'est celui qui maîtrise la dissuasion nucléaire. La Corée du nord est l'exemple parfait d'un pays pauvre mais puissant qui impose le respect.
Ramené à notre problème la question mérite d'être posée : qui maîtrise les instruments de la dissuasion ? L'armée, le pouvoir ou le peuple ? Autrement dit dans ce triumvirat, qui a la plus de capacités de nuisance ?
Pour rappel lors de l'examen de la constitution le pouvoir avait invité une certaine personnalité : Madani Merzak, non pas parce qu'il avait des dispositions à faire des propositions en matière constitutionnelle mais parce qu'il avait des capacités de nuisance affirmées.
Gaid Salah et Bensalah disposent constitutionnellement de capacités de nuisance avec l'article 105 et le peuple dispose aussi de capacités de nuisance importantes. Il faut qu'il puisse les identifier et comme « Djeich-Chaab-Khawa-Khawa » il faut qu'il les présente à l'armée et qu'il négocie ses revendications. Parmi ces revendications, je vois déjà quelques unes :
1. Mettre à la disposition des citoyens des espaces de discussions, par exemple les salles de cinéma non utilisées, les salles des maisons de jeunes et la coupole pour l'exorciser du démon du 5eme mandat
2. Donner du temps d'antenne dans les radios locales et dans les TV publiques et privées aux citoyens organisés .
Evidemment dans le combat actuel les réseaux sociaux et YouTube particulièrement constituent des éléments non négligeables, mais ils ne peuvent pas suppléer à des débats publics structurés dans des salles, des radios locales et des télévisions publiques et privées.
Le droit de parole en public, dans la transparence et dans la contradiction permet de comprendre, d'avancer et de formaliser. Ceux qui préféreront les rencontres « dans des lieux secrets et obscurs » seront mis devant leur responsabilité et si le Général Gaid Salah s'en prenait à eux alors ce se serait de bonne guerre. Et il aura même l'assentiment du peuple. Dans cette logique de débat personne ne doit être interdit d'antenne. Il faudra seulement trouver les formules pour qu' aux grands thèmes il faut associer les personnes qui savent argumenter et qui sont de bons pédagogues afin de ne pas glisser dans la propagande et l'intox.
Bref, « si on veut aller vite il faut voir loin » et ne pas passer son temps à regarder derrière soi. Le temps nous est compté, allons à l'essentiel pour que tous ces jeunes qui sont dans les rues puissent profiter de leur potentiel et des richesses de notre pays et que les vieux puissent trouver la sérénité nécessaire dans une nouvelle société apaisée et libre.
Mourad Boukhelifa
Homme politique, Expert Software Développer, Politologue


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