ALGER - La lutte contre le terrorisme dans le Sahel nécessite une mobilisation de la communauté internationale notamment pour le financement de programmes de développement dans les pays de cette région d'Afrique, a déclaré mercredi à Alger le directeur des opérations à la Banque mondiale (BM), M. Osmane Diagana. Questions N°1 : Le lien est établi entre le terrorisme, le crime organisé et la pauvreté dans la région du Sahel. Quel est votre avis sur ce sujet ? M. Diagana : En tant que directeur des opérations à la Banque mondiale pour le Mali, le Niger, le Tchad et la Guinée, je pense que le désoeuvrement et le manque d'opportunité des populations constituent une source de vulnérabilité qui les expose à des activités diverses de terrorisme ou de trafic illicite. Dans l'espace sahelien, caractérisé par l'immensité des territoires, la jeunesse de la population et la forte croissance démographique. Nous avons là une population de plus en plus jeune est extrêmement vulnérable. Pour contrecarrer cela, des actions politiques et sécuritaires sont importantes mais celles relatives au développement et à la croissance le sont plus. Ces activités de développement doivent avoir comme soubassement un système éducatif et de formation appropriés qui donnent la possibilité aux jeunes de trouver du travail à leur sortie de l'école et participer ainsi à la construction de leur pays. Il est également nécessaire de mettre en place des infrastructures socioéconomiques qui permettent des échanges opérés de manière beaucoup plus efficace et des programmes de développement menés avec les concours des pays de la région. Question n° 2 : Quels types de projets structurants devraient être réalisés dans ces pays ? M. Diagana : Ce sont des pays pauvres mais qui ont des potentiels économiques importants. Eu égard à l'importance des surfaces irrigables et des ressources hydriques dont disposent ces pays, il est très possible et même recommandé de développer un type d'agriculture approprié au climat et aux spécificité des pays de la région. La réalisation des routes, un autre secteur à développer, permettrait le désenclavement de ces régions ainsi que la création de beaucoup d'emplois. Il est important aussi de renforcer les échanges commerciaux entre les pays de la région du Sahel et permettre ainsi la commercialisation des produits notamment agricoles. Mais avant tout cela, il est indispensable de développer les ressources humaines dans ces pays, notamment les jeunes, et ce, à travers la formation et la mise en place de système éducatif adéquats. La micro entreprise et les énergies renouvelables, notamment le solaire, figurent aussi parmi les secteurs qui contribueront la créer de la richesse et de l'emploi dans les pays du Sahel. Question n° 3 : Comment trouver, selon vous, les ressources financières nécessaires au développement dans ces pays ? M. Diagana : Il est important d'aller au-delà du discours et passer à l'action. Ce sont des projets qui ont des coûts importants. Il est nécessaire donc de prévoir des programmes d'investissement crédibles qui soient bien préparés. Il faut que les pays concernés oeuvrent à améliorer leur système de gouvernance, car personne ne viendra mettre en oeuvre leurs programmes de développement. Ils doivent le faire eux-mêmes. Il faut surtout que la communauté internationale joue pleinement son rôle. Il y a des dispositifs internationaux qu'il faudrait mettre au profit de ces pays et renforcer, par conséquent, la lutte antiterroriste dans la région du Sahel. Il existe au sein d'institutions comme la BM et la banque africaine de développement (BAD) des dispositifs à même de contribuer au financement du développement local dans les pays du sahel. Au niveau de la BM, des financements sont consentis ou en phase de maturation pour participer au développement des pays du champ. D'importants programmes de développement sont financés par la BM au Niger et au Mali. Il s'agit notamment de projet consistant à faciliter aux populations locales l'accès aux services de base comme l'éducation, la santé et aussi la création de micro- entreprises. Nous travaillons, par ailleurs, avec d'autres partenaires pour financer la réalisation des routes dans cette région. Nous consacrons annuellement entre 250 millions et 300 millions de dollars pour le développement dans les pays du Sahel, et ce, depuis 5 ans.