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«Le désœuvrement expose les populations à des activités de terrorisme ou de trafic illicite» Osmane Diagana, directeur des Opérations de la Banque mondiale, affirme :
Le lien est établi entre le terrorisme, le crime organisé et la pauvreté dans la région du Sahel. Quel est votre avis sur ce sujet ? Osmane Diagana : En tant que directeur des Opérations à la Banque mondiale pour le Mali, le Niger, le Tchad et la Guinée, je pense que le désœuvrement et le manque d'opportunité des populations constituent une source de vulnérabilité qui les expose à des activités diverses de terrorisme ou de trafic illicite. L'espace sahélien est caractérisépar l'immensité des territoires, la jeunesse de la population et la forte croissance démographique. Nous avons là une population de plus en plus jeune et extrêmement vulnérable. Pour faire face à cette situation, des actions politiques et sécuritaires sont certes requises, mais plus efficacement celles relatives au développement et à la croissance suscitent davantage d'intérêt. Ces activités de développement doivent avoir comme soubassement des systèmes éducatif et de formation appropriés offrant aux jeunes l'accès à l'emploi dès leur sortie de l'école, les amenant ainsi à construire leur pays. Il est également nécessaire de mettre en place des infrastructures socioéconomiques permettant des échanges plus larges entre pays de la région et des programmes de développement menés avec le concours de chacun d'entre eux. Quels types de projets structurants devraient être réalisés dans ces pays ? Ces pays pauvres ont en réalité des potentiels économiques importants. Eu égard à l'étendue des surfaces irrigables et des ressources hydriques qui sont les leurs, il est très possible et même recommandé de développer un type d'agriculture approprié au climat et aux spécificités de l'un ou de l'autre. La réalisation de routes - autre secteur à développer - permettrait le désenclavement de la région en s'accompagnant de la création de nombreux emplois. Il est important aussi, comme je viens de le souligner, d'y renforcer les échanges commerciaux tout particulièrement au plan agricole. La micro entreprise et les énergies renouvelables, notamment le solaire, demeurent par ailleurs des secteurs pouvant contribuer à la création de richesse et de l'emploi. Comment trouver, selon vous, les ressources financières nécessaires au développement dans ces pays ? Il est important d'aller au-delà du discours et de passer à l'action. Le coût de ces projets étant considérable, il faut donc prévoir des programmes d'investissements crédibles et bien élaborés. Cela implique l'amélioration indispensable des systèmes de gouvernance, car personne ne pourra se substituer à chacun de ces Etats pour mettre en œuvre les programmes de développement. De son côté, la communauté internationale doit jouer pleinement son rôle. Des dispositifs internationaux existent qui doivent être mis au profit de tous pour aboutir au final au renforcement de la lutte antiterroriste dans la région. Des ressources peuvent être notamment mobilisées au niveau de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) pour financer le développement de ces pays dits du Champ. D'importants programmes de développement sont déjà financés par la BM au Niger et au Mali et portent sur des projets devant faciliter, pour les populations locales, l'accès aux services de base comme l'éducation ou la santé ainsi que la création de micros entreprises. Nous travaillons, par ailleurs, avec d'autres partenaires pour financer la réalisation de routes dans cette région. Enfin, nous consacrons annuellement entre 250 millions et 300 millions de dollars pour le développement dans les pays du Sahel, et ce, depuis 5 ans.