Des participants au colloque sur le cinquantenaire des accords d'Evian ont rendu samedi dans la ville éponyme un hommage appuyé au Cardinal Léon Etienne Duval, "fervent" militant de l'indépendance de l'Algérie, pays où il a vécu cinquante ans durant avant d'y décéder. D'origine Savoyarde, le prélat a été présenté comme l'un des premiers chrétiens français en Algérie à avoir appelé, en 1956, à l'autodétermination de l'Algérie où il a été affecté en 1947 en qualité d'évêque de Constantine avant d'être désigné Archevêque d'Alger durant la guerre d'indépendance nationale. Selon sa biographe, Marie Christine Ray, le cardinal Duval avait une influence "considérable pour faire reconnaître les droits des Algériens à la justice". "Il n'a eu de cesse, dès son arrivée en 1947, d'alerter les Chrétiens et, au-delà, toutes les populations d'Algérie sur le fait que la justice est une et universelle, et exigeait la fin de la colonisation", a-t-elle dit. Pour elle, les horreurs de la seconde guerre mondiale et les évènements tragiques du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata ont eu une influence sur le Cardinal qui, en poste en Algérie, avait affirmé que le "temps des empires coloniaux était fini" et que "tout racisme est porteur de violence et de mort". Tout en faisant de l'amitié son maitre-mot, il appellera, avant même le déclenchement de la guerre de libération nationale en 1954, à la "cohabitation entres les populations musulmane, chrétienne et juive" en Algérie. Sa position se "radicalisera" en 1956, année au cours de laquelle il emploie, dans une lettre aux prêtres, le terme d'"autodétermination" pour leur faire comprendrequ'une "évolution" est nécessaire, a ajouté Mme Ray. Pour Jean-François Petit, de l'Institut catholique de Paris, Mgr Duval "n'était pas simplement un cardinal rouge", allusion à ses principes "gauchisants" de l'époque. "En dépit de sa qualité de prélat, un personnage officiel, il considérait qu'il n'y a pas de paix sans lieu et sans les hommes", a-t-il témoigné, signalant l'attachement du Cardinal au peuple algérien qu'il ne quittera pas à l'indépendance du pays en 1962. En témoignage de cet attachement, l'Algérie lui accorde la nationalité en février 1965. Des obsèques nationales lui sont organisées à sa mort en 1996 à l'âge de 92 ans, à la Basilique Notre Dame d'Afrique d'Alger, en présence de ministres algériens et de personnalités internationales.