La "poésie spirituelle" est devenue une tendance marquante de la poésie algérienne moderne, a indiqué le Professeur et poète Abdallah Hammadi, à l'ouverture, mercredi à l'université de Constantine, d'un séminaire national sur ce thème. Le Pr Hammadi, également Directeur du laboratoire de traduction et initiateur de cette rencontre, a estimé que cette forte tendance vers ce genre de poésie dénote d'une "inextinguible soif d'amour de la terre d'Algérie". "L'amour semble être ce qui manque le plus à ce pays et ce dont il a le plus besoin", a indiqué le poète en guise d'explication à cette grande tendance de la poésie spirituelle. Les poètes ont trouvé dans le langage et la symbolique des soufis une source intarissable d'inspiration pour exprimer cette soif et cette quête absolue de l'amour, ont relevé, pour leur part, bon nombre de communicants participant à cette rencontre. Donnant comme exemple la poésie spirituelle du poète Othmane Loucif, Dr. Sakina Kaddour, de l'université Emir-Abdelkader des sciences islamiques, a relevé, à ce propos, que les poètes surréalistes algériens ont emprunté aux soufis bon nombre de leurs outils d'expression. L'intensité du sentiment, l'imagination novatrice et débridée, le recours au symbole et au "langage du signe" (el ichara) ont été empruntés aux soufis par les poètes modernes dont l'objet d'amour est "élevé au rang d'une divinité sans que le sujet n'ait de rapport avec la religion", a souligné Dr. Kaddour. Faisant lecture du poème "Feu beau feu", de Mohamed Dib, l'universitaire Abdeslam Yekhlef a affirmé que le texte "fait partie des écrits à tendance spirituelle qui ont marqué la 3ème étape de la production littéraire de l'auteur de "L'incendie". Il a relevé, à ce propos, que le poème spirituel chez Dib n'exprime pas un désir de "transcendentalité" ou d'élévation vers le parfait, le moral, ou d'ascension vers l'être divin, "mais se tourne vers l'Homme et exprime un besoin d'écrire à l'Homme et sur l'Homme". Bon nombre de communications ont, par ailleurs, porté sur le dernier recueil de poésie de Abdellah Hammadi, intitulé "Je parle dans le vent", considéré comme l'un des poèmes représentatifs de la tendance spirituelle de la poésie algérienne d'aujourd'hui.
