Le Liban connaît depuis lundi des heurts confessionnels liés au conflit en Syrie voisine, faisant neuf morts et des dizaines de blessés, une situation préoccupante notamment pour le Premier ministre libanais Najib Mikati qui a appelé tous les responsables à "coopérer pour protéger le pays du danger". Déclenchés à Tripoli dans le nord du Liban, ces nouveaux affrontements opposent partisans et adversaires du pouvoir en place en Syrie. Ces accrochages à l'arme automatique et au lance-roquettes entre les camps rivaux se poursuivaient mercredi "de manière sporadique", selon une source sécuritaire. Durant la matinée, deux personnes ont été tuées et 15 blessées, dont cinq soldats, dans les affrontements entre les secteurs de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, selon des sources hospitalières. Pour empêcher que tout le Liban ne plonge dans la violence, "le commandement de l'armée annonce qu'il va entamer un dialogue avec les responsables et les notables de la ville de Tripoli, notamment ceux de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen", selon un communiqué militaire. L'objectif de l'armée, précise le communiqué, est d'"avoir la situation sous contrôle et de rechercher ceux qui violent les accords et portent atteinte à la sécurité et la stabilité". Les deux camps se sont accusés mutuellement de chercher l'affrontement, malgré le déploiement de l'armée libanaise, censée séparer les protagonistes. Au total, les heurts ont fait depuis lundi, neuf morts et 84 blessés, selon un nouveau bilan officiel. Face à cette situation, le Premier ministre libanais Najib Mikati, s'est dit "inquiet des tentatives d'entraîner le Liban de plus en plus dans le conflit en Syrie alors que ce qui est demandé à tous les responsables c'est de coopérer pour (...) protéger le Liban du danger", dans un nouveau communiqué publié mercredi. Les autorités ont demandé "à l'armée et aux forces de sécurité de prendre la situation en main et d'interdire toute présence armée et d'arrêter ceux qui sont impliqués dans les évènements de Tripoli", selon le texte. "Nous avons à plusieurs reprises averti qu'il ne fallait pas se laisser entraîner" dans la crise en Syrie "mais il est clair que de nombreuses parties veulent précipiter le Liban dans ce conflit", avait dit mardi M. Mikati. S'adressant aux habitants, le Premier ministre libanais les a exhortés à ne "permettre à personne de (les) transformer en munitions dans la guerre des autres et à ne pas se laisser entraîner dans des combats dont les résultats ne sont que mort et destruction". Depuis le déclenchement du conflit en Syrie le 15 mars 2011, le Liban fait face à de violents affrontements confessionnels. En mai et juin derniers, les combats à Tripoli avaient fait 24 morts et des dizaines de blessés. A l'étranger, la France s'est dite "préoccupée" par les accrochages et a mis en garde contre "toute importation du conflit syrien sur le territoire libanais". Les Nations unies ont, de leur côté, appelé mercredi la communauté internationale à "soutenir davantage" le Liban face aux risques de déstabilisation liés aux retombées du conflit en Syrie voisine. Selon le responsable des affaires politiques à l'ONU Jeffrey Feltman, la situation au Liban devient "précaire" et la nécessité d'un soutien international au gouvernement et aux forces armées libanais "est de plus en plus importante". "Les tensions internes et liées à la sécurité restent fortes et peuvent être facilement exacerbées par les événements syriens", a-t-il ajouté lors d'une réunion sur le Moyen-Orient. Le secrétaire générale de l'ONU Ban Ki-moon, qui s'est récemment entretenu avec Najib Mikati, s'emploie "à assurer la stabilité et la souveraineté du Liban", a par ailleurs assuré M. Feltman. Les Nations unies disposent d'une force de maintien de la paix de 11.500 hommes au sud du Liban, afin d'assurer une zone-tampon avec Israël qui avait agressé le pays en 2006.
