La déclaration du 1er novembre 1954 est loin d'être un simple document, c'est un évènement important qui a fortement ébranlé la confiance du colonisateur français tant sur le plan sécuritaire qu'administratif en impliquant le peuple "de manière progressive" dans un combat décisif contre la force militaire, politique et médiatique française, a affirmé le chercheur et écrivain, Pr. Mohamed Taibi. Dans un entretien à l'APS, Pr. Taibi a souligné que "la déclaration du 1er novembre, que les hommes politiques et chercheurs qualifient de document annonçant le début de la lutte armée, a fortement ébranlé la confiance du colonisateur français tant sur le plan sécuritaire qu'administratif, lequel s'est trouvé face à un évènement unique et inédit où de jeunes dirigeants ont décidé de briser la barrière de la peur et défier la méfiance qui avait longtemps régné au sein du mouvement national". Ce document "révolutionnaire a impliqué le peuple de manière progressive dans un combat décisif et sans merci, combat qui l'a érigé en principal enjeux et unique force à même de dessiner les contours d'une victoire remportée au prix d'une lutte acharnée contre la force militaire, politique et médiatique française". Après le déclenchement de la Guerre de libération suite à la promulgation de la déclaration du 1er novembre, "aucun parti ni courant politiques parmi ceux ayant mené jusque-là le combat national n'était en mesure d'unifier et d'organiser les forces populaires conformément aux anciennes traditions de combat", a ajouté l'intervenant. Dans ce contexte, M. Taibi a tenu à préciser que la Déclaration du 1er novembre "n'a pas opéré de rupture avec les principes et idéaux du Mouvement national, notamment en ce qui a trait aux questions liées à l'indépendance et à la liberté". "Les approches politiques véhiculées par le document avaient, quant à elles, opéré une nette rupture avec la méthode traditionnelle partisane de combat qui s'était enfoncée dans le bourbier des négociations et égarée dans un long discours d'attente", a poursuivi le chercheur. Pour M. Taibi, "les dirigeants du Mouvement national croyaient à raison qu'ils étaient les artisans du 1er novembre, (...) mais il convient de rappeler que cette Révolution s'était vite transformée en un creuset où versaient les aspirations longtemps tues et étouffées du peuple". Les hauts faits et sacrifices consentis par le peuple algérien traduisaient, on ne peut mieux, l'esprit de la déclaration du 1er novembre, ses valeurs et son approche quant à l'avenir de la nation. Pour le reste, "il s'agissait de détails autour desquels se chevauchaient les intérêts des dirigeants et s'opposaient les approches des différents acteurs", a souligné M. Taibi précisant que "le flux de symboles que représentait la date du 1er novembre a su absorber les conflits et différends et cerner les dépassements". Plus explicite, M. Taibi dira que "la Révolution algérienne est vite amalgamée à l'esprit du peuple, ce qui l'a élevée à un rang supérieur à celui où se plaçaient les partis avec leur tendance à la programmation et certains militants avec leur engouement idéologique". La Révolution du "1er novembre ne doit son succès qu'à cet esprit qu'elle a su inculquer à un peuple tout entier", a affirmé l'intervenant précisant que les tentatives de s'approprier cette date ou d'en faire diverses interprétations étaient vaines. La Révolution a été menée sous le slogan de "la lutte armée jusqu'à la victoire et l'indépendance" à travers la Déclaration du 1er novembre, a précisé M. Taibi rappelant que "les premiers résultats s'étaient fait sentir à travers l'engouement des moudjahidine qui voulaient rejoindre le maquis et le lancement des opérations d'organisation des Algériens dans les rangs de l'aile politique du Front de libération nationale outre l'appel lancé aux militants des autres courants politiques traditionnels présents alors sur la scène nationale". Concernant les minorités ethniques qui vivaient alors en Algérie et qui étaient citées dans le document, M. Taibi a estimé qu'"en dépit de cette histoire idéologique indigne, la Déclaration du 1er novembre n'a à aucun moment fait de distinction ethnique ou religieuse entre les habitants de l'Algérie et a su s'élever au-dessus de toute forme de xénophobie". Enfin, M. Taibi a souligné que "ceci n'a pas empêché les composantes ethniques et les groupes d'intérêt en Algérie d'adopter des positions hostiles aux artisans du 1er novembre et à tous ceux qui les ont soutenus" précisant que la minorité juive jouissait d'importants avantages accordés par le colonisateur notamment après la promulgation en 1871 du décret Crémieux qui a accordé d'office la citoyenneté française aux juifs d'Algérie.