Les accords de Madrid du 14 novembre 1975 bloquent les relations entre les pays de la région maghrébine, a indiqué jeudi le ministre d'Etat chargé de l'organisation dans le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Bachir Mustapha Essayd, affirmant que le Maroc est le "seul" responsable de l'instabilité dans la région. "L'une des répercussions de ces accords est l'obstruction faite aux relations entre les pays de la région, portant atteinte à sa stabilité et à sa quiétude", a déclaré M. Essayd, dans un entretien à l'APS, à l'occasion du 38e anniversaire des accords de Madrid, ajoutant que "le Maroc est le seul responsable historique de l'instabilité dans la région". Les accords de Madrid, signés le 14 novembre 1975 entre l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie, ont établi les conditions du retrait de l'Espagne des territoires sahraouis et leur partition entre le Maroc et la Mauritanie, au mépris de la légalité internationale. "Ces accords se dressent comme un obstacle à l'ensemble des pays du Maghreb", a insisté le ministre d'Etat sahraoui. "On ne peut lui (Maroc) faire confiance quand on sait qu'il n'a eu aucun scrupule à s'attaquer militairement d'abord à l'Algérie en 1963 et ensuite à la Mauritanie", a-t-il poursuivi. Qualifiant le 14 novembre, date de signature des accords de Madrid, de "journée sombre dans l'histoire des peuples musulmans et arabes", ce membre dirigeant du Polisario a estimé qu'à travers ces accords l'Espagne avait cédé le Sahara occidental au Maroc sous forme "d'offrande". "L'Espagne avait cédé au Maroc un territoire qui ne lui appartenait pas", a-t-il soutenu, rappelant que l'Espagne, puissance coloniale qui administrait les territoires du Sahara occidental, "n'avait aucune souveraineté sur ces territoires". M. Essayd a également rappelé que "le Maroc n'avait aussi aucun lien avec les Sahraouis, à l'exception du lien de voisinage et l'appartenance arabo- musulmane", soulignant, à ce propos, que "ces accords ne répondent à aucune logique et ne possèdent aucun fondement". Il a indiqué, dans le même cadre, que "ces accords ont fait du peuple sahraoui un peuple qui vit dans une grande prison, derrière le mur de la honte, et constitue un barrage qui empêche un peuple de jouir de ses terres, afin de spolier ses richesses et l'isoler du reste du monde". "Les poursuites, la répression et la terreur sont le lot quotidien des Sahraouis qui font face à l'appareil de répression marocain", a encore affirmé le membre du secrétariat national du Polisario qui a noté que "le Maroc a fait un saut dans l'obscurité", faisant allusion aux dernières attaques médiatiques marocaines contre l'Algérie. Il a soutenu, dans ce sens, que la campagne médiatique du Maroc contre son voisin algérien, "vise à induire en erreur le peuple marocain, du fait de la grande pression que subit le régime de Mohamed VI, à l'extérieur comme à l'intérieur du pays". Les autorités du Royaume chérifien, a ajouté M. Essayd, veulent "distraire" le peuple marocain pour leur faire oublier ces "difficultés notamment la crise économique". "Le peuple marocain est aujourd'hui conscient et comprendra qu'il s'agit (campagne médiatique marocaine contre l'Algérie) de jeux d'enfants qui ne vont pas résoudre les problèmes", a estimé M. Essayd. Le ministre d'Etat sahraoui a mis en avant la responsabilité historique de l'Espagne dans l'occupation des territoires du Sahara occidental et son "incapacité à assumer ses responsabilités", soutenant que "l'actuel gouvernement espagnol est le "plus faible" depuis des décennies. "C'est un gouvernement qui fait preuve de laxisme dans ses positions, marquées par des revirements et la soumission aux groupes de pression qui ont des intérêts au Maroc et qui bénéficient des largesses fiscales et de la main d'œuvre marocaine bon marché", a-t-il expliqué, estimant que "ce gouvernement (espagnol) est le plus hostile et le plus irresponsable envers les Sahraouis".
