Le regretté cinéaste engagé et figure marquante du cinéma algérien, Amar Laskri, aura marqué de son empreinte l'âge d'or du 7e art algérien avec des films historiques importants sur la Guerre de libération nationale, notamment son chef-d'œuvre "Patrouille à l'est". Disparu, il y a dix ans, Laskri a marqué le cinéma-art algérien avec sa "vision réaliste" et "raffinée" de la mise en scène et sa conception artistique "élégante" du cinéma pour relater des faits de l'histoire du combat libérateur. Faisant du cinéma un "outil essentiel" pour immortaliser la glorieuse révolution et dépeindre les souffrances des Algériens sous l'occupation française, Amar Laskri aura compris la nécessité de restituer par le cinéma, des faits historiques de la lutte armée des Algériens contre le colonialisme français. Militant du mouvement national depuis sa jeunesse, il avait participé à la grève des étudiant de 1956, à l'appel de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), avant de rejoindre, plus tard, les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) dans la Wilaya II historique, puis dans la base de l'est de la ville tunisienne de Ghardimaou. Son engagement politique et sa participation à la lutte armée pour le recouvrement de l'indépendance, ont mis le jeune Amar Laskri sur la voie pour devenir un "cinéaste révolutionnaire" pour restituer, avec un réalisme frappant, une période importante de l'histoire de l'Algérie. Natif de Annaba en 1942, Amar Laskri a suivi, au lendemain du recouvrement de l'indépendance, des études de réalisation cinématographique à l'Académie du théâtre, du cinéma, de la radio et de la télévision de Belgrade (capitale de l'actuelle Serbie), d'où il sera diplômé en 1966, avant de poursuivre des études en sciences économiques et sciences politiques à l'université d'Alger. En 1971, il va marquer le cinéma algérien avec une œuvre éternelle, "Patrouille à l'est", un film réaliste qui met en scène une mission de moudjahidine durant la Guerre de libération, et restitue la vie des combattants dans le maquis. Servi par une pléiade de comédiens à l'image de Hacène Benzerari, Hadj Smail, Mohamed Esseghir et Noureddine Meziane, le film a marqué les téléspectateurs avec les cris "protecteurs" du doyen du village, rôle incarné par le regretté El Ayachi Hadjadji, qui prévenait de l'arrivée des blindés ou de l'aviation des forces coloniales. En 1988, il revient avec "Les portes du silence", autre film réaliste sur la condition des Algériens sous l'occupation coloniale, avec la participation du grand comédien Hassan Hassani, héros de cette fiction. Le réalisateur a également réalisé des courts métrages notamment "L'enfer à dix ans" (1968) et "Le communiqué" (1969). Dans sa dernière œuvre "Fleur de Lotus", Amar Laskri s'intéresse à la guerre d'Indochine, à travers l'histoire d'un "indigène" de l'Algérie coloniale, engagé dans les troupes de l'armée française. Militant de première heure, Amar Laskri aura également été à la tête du Syndicat national des cinéastes et techniciens du cinéma dans les années 1980 avant de diriger, plus tard, le Centre algérien pour les arts et l'industrie cinématographique (Caaic). Disparu le 1er mai 2015, Amar Laskri avait souvent évoqué son dernier projet d'un film -qui ne verra pas le jour-, sur Frantz Fanon, psychiatre, intellectuel et militant de la décolonisation qui a marqué l'Histoire de l'Algérie.