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Le parc national d'El Kala : Riche, beau, fragile et menacé de disparition
Publié dans El Watan le 04 - 09 - 2008

El Idrissi, le géographe et botaniste, on l'oublie trop souvent, décrit au XIIe siècle dans Le livre de Roger, Mers El Kharez (le port des breloques, El Kala aujourd'hui), comme « niché dans un écrin entre des bassins d'eau et de végétation luxuriante, peuplé d'animaux (la biche vraisemblablement) et d'oiseaux qui rappellent le paradis ».
Un peu plus tard, l'abbé Poiret, à qui nous devons la présence des échantillons de notre faune et de notre flore dans un certain nombre de musées du monde, faisait paraître en 1789, un ouvrage intitulé Voyage en Barbarie où il décrit avec force détails la région qu'il qualifie de « plus beau jardin de la nature » et de « pur émerveillement ». Avec la colonisation, une foule d'explorateurs militaires ou scientifiques vont tour à tour faire part de leur étonnement en découvrant la contrée. Entre 1912 et 1929, l'administration coloniale envisage plusieurs projets et retient un réseau de 10 parcs relativement modestes, puisque leur superficie totale n'atteint pas 25 000 hectares, soit le tiers de l'actuel parc d'El Kala. A l'indépendance, on parle déjà d'un parc national informel, à l'image de celui du Djurdjura ou de Chréa (Blida), mais la première initiative sérieuse est l'œuvre de Thomas J.P., Bougazelli N., et Etender M. qui, en 1973, proposent le Parc national marin et terrestre d'El Kala. Entre 1975 et 1984, les forestiers d'Annaba, dont dépendait la wilaya d'El Tarf, avaient un bureau de la conservation de la nature qui avait une préoccupation particulière pour « le parc national, le parc naturel ou la réserve d'El Kala ».
Prise de conscience
La prise de conscience pour la protection de la nature, qui devient un leitmotiv mondial dans les années 70 avec cette singularité aux couleurs hippies du retour à la nature originelle, va s'imposer aux autorités algériennes qui ne veulent pas rester en marge de ce formidable progrès. La première loi sur l'environnement, promulguée en février 1983, va consacrer le principe de la création d'aires protégées en Algérie. Elle sera suivie quelques mois plus tard des statuts des parcs nationaux qui fixent le cadre, les missions et les prérogatives de ces établissements publics de la conservation de la nature. Immédiatement après, on crée par décrets présidentiels 4 parcs dans le nord du pays (El Kala 76 000 ha, Djurdjura 19 000 ha, Chréa 26 000 ha, Theniet El Had 3 000 ha), suivis en 1984 des parcs du Belezma (26 000 ha), du Gouraya (2 000 ha), de Taza (4 000 ha), enfin, en 93, le parc national de Tlemcen (8 000 ha). Ces aires protégées sont placées sous la tutelle du secteur des forêts qui passera durant cette période du statut de secrétariat d'Etat aux forêts (SEFOR), à celui de vice-ministère de l'environnement, comme on l'appelait à cette époque (1987) au ministère de l'Agriculture. De son côté, le ministère de la Culture peut enfin donner une identité juridique au parc du Tassili (80 000 km2, 100 fois le parc d'El Kala) reconnu depuis 1972, classé patrimoine de l'Unesco en 1982 en prenant la sage précaution de faire passer un solide complément de réglementation avec le décret de création de 1983. Le parc de l'Ahaggar aura son décret en 1987. C'est le plus grand du pays avec une superficie de 450 000 km2.
Le parc national d'El Kala est unique en son genre. C'est à la fois un parc marin, lacustre et terrestre. Il contient un complexe de zones humides d'importance internationale qui servent d'habitat à 61 espèces d'oiseaux menacées mais aussi à des végétaux aquatiques endémiques comme la célèbre châtaigne d'eau. Les travaux de recherche en écologie menés depuis sa création ont recensé à ce jour 191 espèces d'oiseaux, 37 espèces de mammifères dont le cerf de Barbarie et le phoque moine aujourd'hui disparus. En tout, 878 espèces animales, si on compte encore les reptiles, les batraciens et les insectes, ce qui représente 38% de la faune. 1264 espèces végétales sont répertoriées, soit 32% de la flore algérienne. Et ce n'est pas fini, chaque investigation scientifique apporte son lot de nouveautés. Ce formidable potentiel de diversité biologique a élevé le parc national d'El Kala au rang prestigieux de centre de la biodiversité de la Méditerranée qui n'en compte que trois. Il y a en effet, sur un territoire relativement peu étendu, un nombre élevé d'espèces animales et végétales, ce qui constitue un réservoir de biodiversité peu commun.
C'est là toute l'importance d'El Kala pour le monde quand on sait les efforts et les combats menés partout dans le monde contre l'érosion de la biodiversité. C'est dans ces sanctuaires en effet que se trouve l'avenir de l'humanité, puisque depuis toujours c'est dans la nature que l'homme trouve ses remèdes et sa nourriture.
Un parc habité
Différemment des grands parcs nord-américains, indiens ou africains, le parc national d'El Kala est habité. Il y a 130 000 habitants qui vivent et travaillent dans les 8 communes que couvre son territoire. El Kala, Om Teboul, El Aïoun, Raml Souk, Bougous y sont complètement inscrites, alors qu'El Tarf, Aïn El Assel et Bouteldja ne le sont que partiellement. Bien avant que le concept de développement durable n'atteigne le galvaudage qu'on lui connaît aujourd'hui, l'Algérie s'était engagée, du moins par les textes, dans une politique de conservation harmonieuse qui tenait compte « des besoins des populations locales ». Les zones interdites à toute transformation ou activité ne représentent en fait que le 1/5 de la superficie totale. Le reste est ouvert à l'agriculture, à la sylviculture et au tourisme.
Au regard des résultats obtenus à l'époque avec le classement des zones humides, la mise en application du zonage, le sauvetage d'espèces comme l'érismature à tête blanche, un petit canard menacé de disparition, et l'interdiction de la chasse, le parc national est classé en 1990 réserve de la biosphère dans le programme Man And Biosphère de l'Unesco. Malgré cela, le parc a connu bien des déboires. Les incendies répétitifs ont eu raison de massifs forestiers et mis à nu des reliefs autrefois couverts par une luxuriante végétation ; on a asséché des plans d'eau comme le lac Oubeira par excès de pompage ou en construisant des barrages, on a défriché sans retenue pour étendre les parcelles agricoles laissées ensuite en jachère, on a braconné des animaux jusqu'à leur disparition totale comme c'est notamment le cas pour le cerf de Barbarie, animal emblématique de l'Afrique du Nord. Le danger vient aujourd'hui de l'expansion de zones agglomérées et de l'explosion des zones éparses dans les campagnes. En dépit des textes, des routes littorales ont été ouvertes bien après la promulgation de la loi littoral qui l'interdit formellement. Mais tout ceci n'est rien, comparé aux effets du tronçon de l'autoroute Est-Ouest qui traverse à deux reprises et partage en deux le parc. En effet, la nature reprend ses droits si on lui en donne l'occasion et les nombreuses atteintes subies par le parc sont réversibles, nous disent avec conviction les écologistes qui militent pour la sauvegarde du parc. Ce n'est pas le cas pour l'autoroute qui est, comme les barrages par exemple, un grand ouvrage qui modifie profondément et irréversiblement l'environnement. Ce n'est pas le seul aspect destructeur de l'autoroute.
En effet, en plus de bouleverser les milieux naturels qui sont les derniers refuges d'une faune et d'une flore précieuses, l'autoroute abat la dernière barrière de protection des parcs nationaux en piétinant leur statut qui interdit le passage d'une route importante. Ce qui révolte les protecteurs du parc, c'est qu'il existe cependant une foule de possibilités pour éviter cette catastrophe et garder saufs à la fois le parc, l'autoroute et le prestige de l'Algérie, mais les pouvoirs publics ne veulent rien entendre. Ils sont complètement obnubilés par le « projet du président » et plus rien n'a d'importance à leurs yeux. Le parc d'El Kala va disparaître, c'est programmé. On a déjà inscrit des études pour modifier ses limites actuelles, considérées comme trop étendues et son zonage, « trop contraignant pour le développement ». Vous savez, ce développement tant attendu fait que chaque plage du parc est un embarcadère pour les harraga.


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