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Ecrire dans le doute... et le plaisir
Jeunes auteurs à l'épreuve des idées reçues
Publié dans El Watan le 23 - 12 - 2004

Dans son dernier roman, l'écrivain espagnol Vila-Matas cite une des ultimes phrases écrites par Marguerite Duras : « Dans la vie, il arrive un moment, et je pense que c'est fatal, auquel on ne peut pas échapper, où tout est mis en doute.
Le doute, c'est écrire. » Dans ces mêmes colonnes, Rachid Boudjedra décrivait les contraintes nouvelles qui s'imposent à l'écrivain en Algérie, pays bouleversé, et le doute qui doit maintenant et paradoxalement en toute chose lui servir de guide. Oui, c'est bien de cela qu'il s'agit : douter, lorsque tant de gens ne s'encombrent pas de scrupules. Douter certes, mais de quoi ? De soi-même, des autres, des croyances multiples qui nous emprisonnent ? En vérité, à quoi cela revient-il d'écrire aujourd'hui pour un jeune auteur en Algérie ? Et qu'entend-on par « jeune auteur » ? Une ligne dans la pyramide des âges, un état d'esprit, une façon de se jouer de l'époque et d'en être le plus parfait sismographe (tics de la modernité, argent facile, culte des apparences, inculture générale) ? Tout cela à la fois probablement. Mais comment écrire lorsqu'on est à Annaba, Chlef ou Ghardaïa et qu'il n'existe aucune revue, aucun lieu de débat où la pensée suivrait le mouvement de la création ? Comment, banalement et librement, se confronter au travail des autres, se fabriquer des repères au diapason du monde moderne et du réel, en l'absence d'une pensée critique ? A quoi servirait donc un doute qui ne rencontrerait jamais que le vide ? Dans un des improbables salons de thé de notre capitale, discutant avec Bachir Mefti et El-Mahdi Acherchour (deux jeunes écrivains, l'un en langue arabe, l'autre francophone) des motivations de la lecture, le premier avança le doute et l'angoisse que communiquait un écrivain comme Pessoa, le second fit part de son admiration pour Faulkner et le malaise violent qu'il éprouvait à sa lecture. Comme écrire et lire ne sont que les deux faces d'une même pièce, pour l'écrivain qui désire poursuivre son chemin, il n'y a, semble-t-il, qu'une alternative : le doute et le néant. Le tableau est on ne peut plus noir. Au final, tandis que nous submergeait le brouhaha de la salle - et que passaient, d'une façon incongrue, Hemingway et Fitzgerald, figures de « la génération perdue » s'il en est -, nous sommes tombés d'accord sur le plaisir et l'innocence (perverse certes) qui accompagnaient la lecture des Mille et Une Nuits ou de Alice au pays des merveilles. Débarrassé de la « mission » de chanter la révolution socialiste ou de revisiter la guerre de libération ou encore de rendre hommage au courage de la femme algérienne, l'écrivain doit admettre aujourd'hui qu'il est orphelin. Quitte à faire partie d'une génération perdue, il est d'accord pour se coltiner le doute et le néant ; pour autant, il n'est pas question qu'il leur sacrifie le plaisir. Peut-être Rachid Boudjedra négligeait-il une chose : on écrit également pour des raisons simples et inaliénables. A charge pour l'écrivain de les (re)trouver. Au fond, écrire aujourd'hui pour cet écrivain à qui ne s'offre qu'une vie dérisoire, qui ne se soucie pas des contingences sociales, c'est d'abord se consacrer... à l'écriture et au plaisir qui (trop rarement hélas) peut surgir. Lapalissade, truisme peut-être. Et si d'aventure il y arrivait, il pourrait reprendre à son compte la répartie de Samuel Beckett, qui, interrogé au sujet de ce qui le poussait à écrire, avait cette réponse sibylline et lumineuse : « Bon qu'à ça ! » Tout simplement.

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