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Empreintes
La littérature, une façon de douter
Publié dans El Watan le 09 - 12 - 2004

Il n'y a pas, en général d'archétype ou de prototype préfabriqué chez l'artiste, au moment où il passe à l'acte. Face à la page blanche, l'écrivain, malgré sa technique personnelle, son fantasme central et sa vision du monde, se retrouve toujours envahi par le doute. La page blanche est une forme de néant qu'il faut recouvrir de sens. Un sens souvent introuvable.
Flou. Marguerite Duras écrivait à ce sujet dans les années 1980 : « On écrit parce qu'on doute. Tout le monde ne doute pas. C'est peut-être la raison qui explique que tout le monde n'est pas écrivain. Je crois aussi que sans ce doute premier et fondamental, il n'y a pas ce geste vers l'écriture et il n'y a pas de solitude. La solitude et le doute sont presque une définition de la littérature et de l'écriture. » Ainsi, l'acte d'écrire est un tâtonnement, un palimpeste qu'il faut continuellement effacer et réécrire dessus, à partir de la trace. C'est pour cela que les intentions de l'écrivain sont souvent déviées, transformées et sont, à l'arrivée, trahies et méconnaissables. Dans le roman, par exemple, la différence entre le projet initial et le résultat final, est le signe d'une certaine réussite qui échappe complètement à l'appréciation de l'écrivain lui-même. Le doute s'amplifie alors. Il est insoutenable. C'est là, en général, un bon signe que le travail terminé est porteur lui-même d'un autre projet, car le texte échappe à celui qui l'écrit, puisque dès le départ, il s'agissait de constituer d'une façon obscure, les éléments à la fois essentiels et débitatifs de son travail. Ecrire est alors une manière de farfouiller dans la conscience organique et concrète d'une réalité redoutable et dans l'inconscient fuyant inconsistant et fantasmatique. Mais le résultat n'est jamais conforme au projet imaginé au départ. « Ecrire, c'est avoir une intuition fluide et esthétique du monde », affirme Saint-Jonh Peirse. Pour atténuer la douleur du monde, l'agressivité du réel social ou politique et maîtriser, en quelque sorte, le doute dans une tentative vaine et qui se transforme, finalement, en simple tentation obsédante qui taraude l'imaginaire de l'actant. Et c'est, peut-être, cette incapacité de l'écrivain à maîtriser son travail en amont et en aval, à gérer cette part d'obscurité qu'il porte en lui et qu'il pressant comme incrustée chez les autres et dans le monde réel, qui limite, d'une façon évidente, la capacité de la littérature à transformer le monde. A cause du doute, cette incapacité à intervenir dans la vie sociale aux moments cruciaux se renforce et transforme la réalité en quelque chose d'opaque. mais il arrive à la littérature d'être efficace et de dépasser ce doute qui l'inhibe. A condition qu'elle remette en cause le préconçu dominant et préfabriqué. A ce moment, elle peut, mais très rarement, jouer un rôle de bouleversement et de révolutionnement politiques. Parce que, à ce moment -là, l'écriture est en contradiction avec le discours dominant et en subversion vis-à-vis des concepts et des mentalités bloquées et archaïques, d'une certaine époque historique donnée. D'autant plus que les grandes périodes de bouleversement, où la littérature a fait un saut qualitatif important, ont été marquées par quelques écrivains immenses mais très rares, qui ont donné du sens à des textes produits à des époques où les changements politiques étaient importants. Les Mille et Une Nuits n'auraient pas été écrites sous la situation prérévolutionnaire qui prévalait à l'époque où le pouvoir abbasside était remis en cause menacé par les Mangoles. Il en est de même pour les Maquamats de Hariri et de Hamadani. Abou Tammam était un poète subversif parce qu'il a su dynamiser la langue en usage à son époque et l'ouvrir à la langue populaire qui par définition est une langue du non-dit et donc métaphorique. Les Maquamats ont aussi créé une nouvelle langue dont la subversion était en accord total avec les bouleversements politiques qui ébranlaient le khalifa musulman, à cette époque. Cette littérature nouvelle a pu coïncider avec l'histoire au moment de son ébullition qui allait accoucher douloureusement de changement sociopolitiques importants. Mais en réalité, la littérature reste impuissante à transformer le monde et ce n'est certainement pas son rôle ni son but. Les quelques grands écrivains qui, dans le monde, ont pu changer la façon d'écrire ont été plus portés par l'histoire qu'ils ne l'ont portée. Mais s'ils ont réussi à s'imposer, c'est parce qu'ils ont fondé des écoles littéraires basées sur le soupçon, le doute et la modestie. Presque sans faire exprès.

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