Inquiets du devenir de leur outil de travail, les travailleurs de l'Entreprise des équipements de transformation et de distribution électrique (Ediel), basée à El Achour (Alger) ne sont pas satisfaits du processus de privatisation de leur entreprise au profit de Matelec Liban, un investisseur libanais. La liste des violations de la résolution portant ouverture du capital de l'Ediel serait longue, selon les représentants des travailleurs. En effet, ces derniers dénoncent à l'unisson l'application erronée des articles de l'ordonnance 01-04 du 22 août 2001 et des décrets 01-0354, 01-352 du 10 novembre 2001 et les résolutions du CPE. « Nous sommes contre la privatisation. Les lois sont inappliquées. Il n'y a pas eu de débat avec le partenaire social », estime Zerrouk Mohamed, membre du syndicat de l'entreprise, affilié à l'UGTA. Selon lui, le partenaire libanais devra prendre 67% du niveau de participation de l'Ediel. Ce qui est, ajoute-t-il, « incompréhensible et contraire à la réglementation en vigueur », particulièrement à la lumière des derniers changements édictant, entre autres, que l'Etat est désormais majoritaire dans la prise de participation des entreprises. « La SGP Cabeleq a eu une réaction anormale. Elle voulait précipiter les choses », soutient Ferhi Djedid, président du syndicat de l'entreprise. Etrange encore, celui-ci révèle que « des ateliers et des travailleurs de l'Ediel sont mis à la disposition de Matelec Liban qui se prépare déjà à partager le siège de l'Ediel sans que celui-ci n'ait à répondre aux conditions exigées par le CPE ». Ce syndicaliste voit également d'un mauvais œil la sous-évaluation de la valeur réelle de l'entreprise, en janvier 2007. Les membres du syndicat doutent carrément « de l'intention et de la volonté de Matelec Liban de nous ramener un savoir-faire ou une technologie de pointe ». Sur un autre chapitre, l'Ediel qui faisait travailler, selon M. Zerrouk, 800 travailleurs en 1980, ne dispose plus que de 300 ouvriers. « Une véritable hémorragie », commente-t-il, dépité. Selon M. Ferhi, le flou et l'inquiétude gagnent de plus en plus les travailleurs « L'administration et la SGP veulent fermer l'Ediel », assure-t-il. Voulant profiter du dernier discours du président de la République, synonyme, selon des observateurs, du retour du patriotisme économique, les travailleurs revendiquent une révision du dossier « partenariat », négocié par la SGP Cabeleq avec le groupe Matelec Liban et l'intégration de l'Ediel à la Sonelgaz. Après un mouvement de protestation organisé au sein de leur entreprise le 28 juillet dernier, les travailleurs ont adressé, ultime recours, au mois dernier, un courrier « dénonciateur » dont nous détenons une copie et interpellant à la fois le chef du gouvernement, le ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement et le patron de l'UGTA. « Avec le discours du Président, il y a espoir que le bradage prenne fin », souhaite M. Ferhi.