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L'Algérie mortellement anesthésiée
La crise financière
Publié dans El Watan le 20 - 10 - 2008

Depuis que les crédits hypothécaires ont commencé à s'effondrer aux USA, en février 2007, la sphère financière internationale subit un séisme durable et continu dont les répliques s'avèrent plus fortes que la secousse initiale.
Les spécialistes s'accordent maintenant à dire que le monde n'a jamais connu une crise d'une telle ampleur depuis 1929. Le ballet des chefs d'Etat et des dirigeants des économies occidentales est loin d'être un jeu de communication de charme. Les prolongements et développements probables de la catastrophe ne sont même pas encore totalement cernés par les maîtres de la finance internationale. Ceux-ci sont, cependant, tous d'accord pour souligner, particulièrement après les rebondissements de septembre dernier, que les retombées du phénomène seront multisectorielles et toucheront toutes les économies de la planète. En Algérie, les spécialistes et dirigeants qui s'étaient sentis non concernés, durant plus de 18 mois, commencent à envisager le problème sous des angles d'opinions différentes.
I- Le gouvernement veut rassurer avec un argumentaire statique
Porté notamment par la presse privée algérienne et certaines personnalités politiques de l'opposition ou des universitaires, le besoin de parler du sujet n'a pu imposer un débat responsable. Et pour cause ! Craignant que l'effervescence qui règne sur la scène financière internationale ne crée la panique, les responsables en place ont pris sur eux de crever « la bulle » de ce débat naissant. Ces dernières semaines ont vu ces personnalités multiplier les déclarations publiques pour assurer et rassurer la nation que notre pays vit dans un bunker insulaire à l'abri de la tempête qui ravage le monde. Le rapport annuel de la Banque d'Algérie, présenté devant l'APN, tente d'enraciner ce point de vue en le systématisant. Hélas, les défenseurs de cette thèse ont pu (faire) plutôt bien relayer leurs discours au plan médiatique échappant, dans un premier temps, même à la vigilance critique de certains titres de la presse nationale. Cette tournure est dangereuse. Elle peut anesthésier l'opinion comme un certain « Abdelhamid la science », longtemps Premier ministre dans les années 1980, avait endormi son monde qui s'est réveillé dans les abysses, en 1986. Intervenant à la veille d'une élection présidentielle et dans une conjoncture sociale bouillonnante, l'argumentaire officiel brandit de manière statique et disparate certaines données pour rassurer sur l'avenir à court et moyen termes. Le volume du matelas de réserves de change (supérieur à 130 milliards de dollars en août dernier), le prix élevé du pétrole ainsi que la stabilisation du taux de change du dinar et le bas niveau d'une dette extérieure en grande partie remboursée par anticipation sont cités comme autant de garanties inébranlables. L'optimisme est exubérant et se veut communicatif Les représentants du gouvernement poussent l'outrecuidance jusqu'à vouloir récupérer l'événement de la crise financière mondiale au profit du régime en inventant à celui-ci un esprit d'anticipation qu'il est loin d'avoir déployé si tant est qu'il l'ait jamais eu. Ils vont même jusqu'à se féliciter de ne pas avoir mené la réforme bancaire, chose présentée aujourd'hui comme un gage d'immunité pour les épargnants. Outre qu'il révèle des aveux significatifs en matière de conception de l'économie et de la gouvernance, cet argumentaire, dont on a inversé la signification, vise à noyer les véritables termes du débat. En effet, hormis l'allégement du fardeau de la dette extérieure, tous les arguments évoqués par les représentants du gouvernement accréditent la thèse d'une incidence de la crise financière internationale sur l'économie nationale. Il suffirait pour cela de les réinsérer dans une analyse globale qui restitue le rapport dynamique entre l'Algérie et son environnement international à travers les paramètres les plus importants. On s'apercevra, bien au contraire, que l'Algérie est totalement à la merci de l'issue qui sera celle de la crise financière internationale actuelle, y compris dans la fameuse stabilité d'une monnaie nationale dont tout le monde sait que la valeur est essentiellement déterminée de manière administrative.
II- Les données déterminantes de la problématique
En effet, selon que cette crise se termine bien ou mal, l'économie algérienne sera préservée ou sera, à plus ou moins moyen terme, entraînée dans la tourmente. La raison en est très basique : l'économie algérienne est totalement extravertie. En l'espèce, il n'est pas inutile de souligner que l'extraversion est le contraire d'une insertion conçue, menée et organisée positivement dans l'économie internationale. Le concept marque donc notre grave dépendance des facteurs externes. Trois constantes économiques nationales nous interdisent d'être optimistes :
1) La structure de l'économie algérienne est fondamentalement rentière. Nous savons tous que 98% des ressources financières de l'Algérie proviennent de l'exportation des hydrocarbures. Si l'on devait, dès demain, vivre de nos exportations hors hydrocarbures, nous serions obligés d'observer un Ramadhan de 354 jours, car elles ne nous assurent que 11 jours de nos importations. Encore faut-il préciser que ces 2% représentent moins de 0,25% d'entrées nettes si l'on en déduit les devises fortes qu'il a fallu préalablement y injecter pour les rendre possibles.
2) Le mono-produit exporté l'est dans une seule monnaie : le dollar US.
3) Nos importations proviennent quasi totalement de l'Europe et sont donc comptabilisées en euro. Ces constantes nationales, preuves de notre dépendance et de notre sous-développement, s'agrègent sur la scène internationale avec cinq données qui en amplifient les risques et, lorsque le moment viendra, les effets ravageurs. Notons que
1) L'ampleur de la crise s'apprécie à travers le fait que le pays épicentre, les USA, représente près de 60% de l'économie mondiale.
2/ Le taux de change et partant, la valeur et le pouvoir d'achat du dollar US sont en chute constante depuis l'année 2000. Ce fait est le résultat d'une politique volontaire de l'administration américaine qui fait prendre en charge par d'autres pays son économie, particulièrement son déficit budgétaire et l'entretien de sa superpuissance dans tous les domaines stratégiques.
3/ La culture de la spéculation règne sur les marchés financiers que de puissants lobbies, concentrés surtout aux USA, empêchent de réguler et réglementer raisonnablement. Ces groupes d'intérêts se sont illustrés, ces derniers mois, particulièrement dans les secteurs des matières premières, l'immobilier et les produits alimentaires.
4/ Elevé même dans les pays développés (plus ou moins 4%), le taux d'inflation l'est encore plus dans les pays émergents et en développement. Le FMI, si tiède cette fois-ci avec les USA, a même craint une inflation à deux chiffres pour l'an prochain. Les Algériens goûtent déjà depuis une année à l'amertume de cette inflation importée à travers les produits alimentaires.
5/ Les experts considèrent que l'économie mondiale est rentrée en phase de récession ; certains ont même évoqué, il est vrai, au futur, une vraie dépression. Aux USA, la crise a déjà débordé la sphère financière pour toucher l'économie réelle. La compagnie General Motors est touchée. Même dans le cas de la réussite de la reprise en main des commandes de l'économie mondiale, les experts prévoient plus de 24 mois de récession . Pour l'heure, celle-ci commence à se décliner à travers le recul du prix des hydrocarbures, phénomène qui, selon les économistes, va s'amplifier sur les court et moyen termes.
III- Les vrais termes du débat
Cette énumération analytique des données les plus importantes sur les scènes économiques nationale et internationale montre que les demandes et prix du pétrole ainsi que le taux de change du dollar sont les trois paramètres déterminants de l'économie algérienne. Le coût des importations, dont celles incompressibles à moyen terme des produits alimentaires et pharmaceutiques ainsi que le taux de l'inflation mondiale sont des éléments collatéraux qui se combinent à eux. A moins du miracle de la réussite du plan Paulson aux USA et de celle de ses compléments en Europe et ailleurs, la récession, déjà en place, implique une chute durable de la croissance économique mondiale et par voie de conséquence de la demande de pétrole et donc, pour l'Algérie, de rentrées de devises. La structure rentière de notre économie a fait de cette matière première le véritable indicateur permanent et ultime de notre pouvoir d'achat national, nonobstant son expression dans une devise étrangère. La malhonnêteté intellectuelle serait donc de refuser d'envisager autrement qu'en une phrase suffisamment laconique pour passer inaperçue la question de la valeur réelle de cette monnaie dans laquelle nous avons choisi d'exprimer notre richesse nationale. Rappelons-nous que la crise des crédits hypothécaires a démarré en février 2000 et que la baisse du dollar était une tendance constante depuis lors, soit huit années durant lesquelles l'anticipation et la prévention ont, pour l'essentiel, fait défaut aux Algériens. Il n'est pas besoin de sortir de Saint Cyr pour comprendre que le maintien ou l'aggravation de cette dépréciation déterminera donc à la fois la quantité et recette d'exportations pétrolières nécessaires à un seuil national de vie ou de survie. Nul doute, en outre, que ce phénomène fera fondre nos réserves de change comme la neige sous le soleil. Le léger et récent relèvement du taux de change du dollar face à l'euro ne saurait faire illusion sur l'essentiel. Les observateurs économiques internationaux les plus avertis soulignent en effet que les USA ont toujours géré le taux de change de leur monnaie sans aucun égard à la responsabilité mondiale qui doit être la leur en tant que super puissance dont la monnaie sert de devise à la plupart des transactions internationales. C'est dire combien, même sous l'angle des intérêts de pouvoir propres, c'est-à-dire de la garantie de pouvoir acheter et payer une paix sociale relativement durable, il est aléatoire de se gargariser de la garantie d'une durée quelconque d'importations. Le gouvernement gagnerait à réfléchir plus sérieusement à la question.
IV- Le double aveu du gouvernement
Arguer de l'énormité du volume des réserves de change pour prétendre que l'Algérie est à l'abri de la tempête financière choque toute opinion avertie. Cela dénote une conception archaïque de l'Etat et du pouvoir et constitue une pirouette intellectuelle qui a la dimension de ces réserves de change. Bien malin sera celui qui peut garantir le pouvoir d'achat exact de nos réserves de change lorsque toutes les conséquences connues et à venir de la crise financière mondiale actuelle se seront développées. Ceux qui calculent l'avenir du pays en termes d'années d'autonomie d'importations que garantiraient nos réserves de devises (3 ans selon eux) révèlent une conception dans laquelle le pouvoir est exercé pour lui-même. Cette thèse trahit du même coup l'absence de projet de développement cohérent et efficient chez nos dirigeants. L'Algérie est-elle donc fatalement condamnée à être un tube digestif dans lequel se déversent les longues files d'attente des bateaux étrangers en rade dans nos ports ?
V- L'invraisemblable dissimulation du gouvernement
L'empressement des membres du gouvernement à clore tout débat en assurant que l'économie algérienne est à l'abri de la tempête financière actuelle cache mal leur refus, a priori incompréhensible, de discuter de leur politique économique. Cette position ne relève pas seulement de la suffisance autoritariste du régime. Le pouvoir veut en fait dissimuler aux citoyens l'ampleur de la saignée financière subie par l'économie nationale à travers la gestion du commerce extérieur et des réserves de change accumulées depuis plusieurs années que dure l'embellie de la demande et du prix du pétrole. Sans égard aucun pour les droits des générations futures sur des ressources épuisables, le pouvoir a continué à exporter toujours plus de pétrole, toujours en contrepartie de la même devise, le dollar qui a poursuivi tranquillement sa chute. Depuis que cette averse de pétro-dollars tombe sur l'Algérie, le gouvernement a l'esprit trop obnubilé et submergé par l'énorme volume des réserves de changes accumulées comme jamais auparavant. Il refuse de comprendre que cette manne n'advient qu'au prix de quantités encore plus énormes d'hydrocarbures. A ce sujet, et à propos toujours des réserves de change, la malhonnêteté intellectuelle se double d'une volonté délibérée de cacher aux citoyens les montants perdus sur un double plan du fait de la dépréciation du dollar. Il serait en effet intéressant de savoir combien l'Algérie aurait gagné si elle avait vendu, particulièrement depuis 2004, son pétrole dans une monnaie aussi stable que l'euro surtout que la quasi totalité de nos importations sont payées dans cette monnaie. Que perd-elle chaque jour à continuer dans cette voie ? Il serait non moins important de déterminer les pertes subies par la nation dans l'opération de placement de 43 milliards de dollars en bons du Trésor US à un taux d'intérêt qui ne compense même pas les valeurs de la dépréciation du dollar et de l'inflation mondiale. Encore faut-il connaître l'usage des montants restants de devises. En tout cas, dans cette seule opération, à raison de 40 millions de dollars/an de perte de valeur de la monnaie américaine pour chaque milliard de dépôts en bons de Trésor de ce pays, l'Algérie perd 1 720 000 000,00 de dollars par année, soit 120 400 000 000,00 DA : de quoi construire 6020 logements F3 par an à raison de 2 millions de dinars chacun ou encore 340 km d'autoroute en terrain plat. Encore faut-il multiplier le chiffre des pertes subies par le nombre d'années depuis que dure ce dépôt. Il est du droit du peuple algérien de connaître ces montants et aussi de connaître les tenants et aboutissants de cette subvention directe de l'économie américaine et du marché monétaire spéculatif. Le moins que l'on puisse dire en conclusion est que tout cela ne corrobore pas du tout « la prudence » dont se targuent les représentants du gouvernement en matière de gestion des réserves de devises.
L'auteur est : Député RCD, circonscription de Bouira, Secrétaire national à la formation


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