La ville d'Oran a eu droit à ses petits bonhommes de neige, une exception dans cette ville côtière où il ne neige qu'en de très rares circonstances. Il faut sans doute remonter très loin dans le temps pour se remémorer une nuit aussi froide que celle de dimanche à lundi. « Je peux vous assurer que depuis 1964, aucune couche blanche n'a recouvert le mont Murdjadjo et les rues de cette façon », confie un vieil épicier d'un quartier populaire. Il faut pour cela remonter quelque dix ans plutôt. L'étonnement des Oranais était donc grand hier matin, du moins pour ceux que les orages de la nuit n'ont pas réveillés pour admirer le scintillement des lueurs des réverbères sur la première couche d'un blanc encore immaculé de la neige. Le petit bonhomme sculpté à proximité du café l'Espérance, en plein centre-ville, est certainement celui qui a ravi la vedette à tous avec ses yeux bleus (bouchons des bouteilles d'eau minérale), son bonnet noir et son écharpe jaune. Pour le grand plaisir des passants, bien d'autres petits bonhommes ont été dressés (avec des morceaux de carotte en guise de nez) dans plusieurs endroits de la cité comme à M'dina Djdida, à proximité du café En Najah ou sur le plateau Saint Michel (aujourd'hui Adda Benaouda). Ces petites figurines habillées parfois en père Noël sont venues s'ajouter à celles qui ornent les vitrines des chocolatiers ou des pâtissiers et vendues à l'occasion du nouvel an. Le poids de la neige a néanmoins causé quelques désagréments. L'accumulation de la neige sur les toits qui aggrave le phénomène des infiltrations d'eau a causé par ailleurs l'effondrement de certaines toitures de fortune (roseaux) couvrant les patios des anciennes habitations et conçues plutôt pour se protéger du soleil. Les pluies qui se sont abattues durant la même nuit ont, selon les services de la météo, atteint 35 mm. La tombée de la neige est par ailleurs considérée comme un phénomène exceptionnel par les mêmes services qui ont établi un parallèle avec l'année 1991, date à laquelle la région côtière d'Oran a également enregistré un hiver particulièrement rude. A cette époque, la neige n'a pas tenu. En altitude, lieu d'accumulation des nuages, il a fait -32° en 1991 contre -36° cette nuit, indique-t-on à ce propos pour expliquer cette accumulation imprévue. Pour les petits plaisantins qui s'amusent à attaquer les passants avec les boules de neige, bien avant la fin de la matinée d'hier, il n'y avait déjà plus assez de « munitions » sur les trottoirs. La fonte a été aussi rapide que la formation des flocons. Hier matin, le mercure a enregistré 6° à Es Sénia et un peu plus en ville. La neige subsistera par contre pendant quelques jours sur les monts de la région Nord-Ouest : Beni Chougrane, Stamboul, Tessala, etc., ce qui fait craindre des inondations. La météo n'annonce un rétablissement des conditions climatiques qu'à partir de mercredi.
