Après quelques mois d'accalmie, Constantine renoue avec ses kyrielles de mendiants que l'on croise à tous les coins de rues, avec une concentration particulière aux marchés couverts, Boumezzou et Bettou, et le cimetière central. Au niveau des arcades de la rue Abane Ramdane, ce sont des femmes relativement jeunes qui s'adonnent à ce « métier ». Avec un accent caractéristique des wilayas de l'extrême est du pays, exhibant un bébé ou un enfant en bas âge, elles quémandent un sachet ou une boîte de lait. Un cadre de la direction de l'action sociale (DAS), pour qui la démarche entreprise par l'ancien directeur et son équipe a été payante, avouera : « Nous avons fait le ménage il y a quelques mois ; presque tous les mendiants ont été chassés des rues de la ville, avec une orientation des vrais nécessiteux vers Diar Errahma de Djebel Ouahch. La plupart des personnes que nous avons interpellées ne sont pas de Constantine, mais y résident après la location d'un gourbi où d'une pièce dans la vieille ville. Mais aujourd'hui, je crois que tout est à refaire ». Mais avec les turbulences qui ont affecté la DAS, ces derniers mois, un laisser-aller flagrant a été remarqué dans la lutte contre la mendicité.Au marché des Frères Bettou, c'est un marchand de viandes blanches qui apostrophe un client généreux : « La vieille dame à qui vous venez d'offrir un poulet vient chaque début d'après midi m'en revendre au moins une douzaine acquise pendant la matinée ». On se rappelle aussi de ce mendigot arrêté à l'aéroport Mohamed Boudiaf, qui allait retourner à Alger par avion, s'il vous plaît, en possession de près de 40 000 DA en pièces de monnaie, fruit du « travail » d'une seule journée au sein de l'université Mentouri, uniquement ! Il y a également cette vieille mendiante décédée qui résidait dans un gourbi hideux de la cité Bessif, et dans lequel ses proches avaient découvert plus de 500 000 DA.