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Bardo entre crise financière et syndrome de Ghardaïa
Le futur Little Dubaï ne convainc pas les Constantinois
Publié dans El Watan le 16 - 12 - 2008

Manifestement, le fameux programme présidentiel de modernisation de la métropole de Constantine (PPMMC) piétine. Mieux, il suscite de plus en plus d'embarras et de mécontentement. Il fera même des morts ! C'était au lendemain du transfert des riverains du quartier Bardo, retenu pour accueillir des... gratte-ciel à quelques encablures seulement de… l'oued Rhumel !
Mais qu'en est-il justement de cette « dream city » que les services de la wilaya ont promis d'ériger sur les décombres des habitations précaires du quartier Bardo de Constantine ? Une cité futuriste qu'on s'est allégrement empressé de présenter comme la future Little Dubaï, le tout sur fond d'envolées jubilatoires, d'imagination débordante et de surinvestissement médiatique. Une cité, dont le très officiel journal de la wilaya et la très engagée radio locale n'ont cessé de vanter les qualités avant-gardistes, notamment ses tours au design high-tech et de stigmatiser au passage ceux qui osent émettre le moindre doute quant à l'exécution du projet. Ce temps, force est de constater, paraît bien loin ! En effet, le temps de l'euphorie, de l'exaltation et de la médiatisation outrancière a cédé la place aux questionnements et surtout aux suspicions quant à la faisabilité de cette entreprise, d'autant que d'aucuns n'arrivent toujours pas à comprendre le caractère urgent qu'on a voulu conférer à l'opération « bulldozer » engagée depuis deux mois à Bardo, surtout lorsqu'on sait que le vieux Rocher demeure hideusement « ceinturé » par une myriade de bidonvilles.
Les questionnements et les suspicions tournent aussi autour de la pertinence d'un tel projet à un moment où les inondations meurtrières de Ghardaïa et la crise financière internationale sont venues redistribuer les cartes, bouleverser la donne et plomber visiblement le rêve du « new Bardo ». Comment dans ce contexte de drame et d'incertitudes, les officiels constantinois peuvent-ils désormais convaincre les autorités centrales de la justesse et de l'intérêt de cette opération de grande envergure sachant que cette « dream city » devrait voir le jour à… l'oued Rhumel qui traverse à juste titre le quartier Bardo ? Or, pareille situation ne pourrait être tolérée par les autorités centrales, échaudées, il est vrai, par les événements tragiques de Ghardaïa, surtout que le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia affirmera, début octobre, depuis cette même wilaya meurtrie, qu'« aucune construction ne sera tolérée à l'avenir au niveau des lits et berges des oueds ». Toujours au début du mois d'octobre, soit quelques jours après les inondations qui ont endeuillé la vallée du M'zab, le ministre de l'Intérieur, ministre d'Etat, Noureddine Yazid Zerhouni, annoncera l'actualisation prochaine de la carte nationale des risques majeurs. Cette actualisation consistera à définir le programme de la Protection civile en matière d'équipements, en fonction des moyens nécessaires pour faire face à une catastrophe. En clair, l'Etat semble décidé à mettre en œuvre une nouvelle stratégie susceptible de permettre au pays de mieux affronter les catastrophes naturelles.
Une entreprise budgétivore
Avec le douloureux épisode de Ghardaïa, quel service de l'Etat pourrait assurer que l'oued Rhumel ne sortira pas un jour de son lit, grignotera du terrain et menacera, comme ce fut le cas lors des crues exceptionnelles de février 1958, le panorama « féerique » imagé et imaginé par les services de la wilaya de Constantine ? Comment d'autre part pourrait-on encore concevoir d'inscrire un projet budgétivore à un moment où le prix du pétrole, qui voltigeait l'été dernier au-dessus des 140 dollars, emprunte dangereusement une tendance baissière ? Une telle coquetterie urbanistique, pensée et souhaitée à un moment où le gouvernement algérien, encouragé par les rentrées pétrolières, dépensait sans compter, est-elle envisageable à présent avec un prix du baril en chute libre ? Et puis, quelle entreprise des Emirats arabes unis, tant évoquée par le wali, se hasardera à investir aux abords d'un oued, sachant qu'aucun projet du programme moderniste promis par la société Eemar et compagnie, prévu pourtant sur la côte algéroise, n'a pour l'heure pas démarré.
Autant de questions qui restent sans réponse, même si le premier responsable de la wilaya tente une fois encore de défendre sa démarche en réitérant, lors de la dernière session ordinaire de l'APW de l'année en cours, son intention d'édifier sur les lieux une fois « nettoyés » des buildings haut standing, rien d'officiel et de concret n'est venu pour l'instant dissiper l'illisibilité qui enveloppe ce dossier. Quand seront entamés ces travaux ? Qui pilotera le projet ? Et surtout combien coûtera cette œuvre grandiose ? Le chef de l'exécutif de la wilaya ne s'aventurera pas en effet sur ce terrain. Il se contentera d'user à chaque occasion du vocable « bientôt », un terme ressassé à souhait pour évoquer ce sujet et bien d'autres d'ailleurs. Ce qui alimente davantage la suspicion et sert ceux qui tout au début n'ont pas cessé de remettre en cause tout le processus de relookage du Bardo, refusant ainsi de s'inscrire dans cette optique, jugée utopique et partager le rêve du wali. Un rêve qui, force est de constater, a viré au cauchemar après que quatre personnes aient trouvé la mort lors de l'opération de démolition des habitations précaires, entamée en septembre dernier.
Un relogement expéditif
Mais avant d'atteindre cette étape, il aura tout d'abord fallu déloger, non sans mal, les habitants de Bardo, conformément à la décision du wali de faire évacuer les lieux et ce, juste avant la visite avortée du 14 janvier dernier du chef de l'Etat dans la capitale de l'Est. Nous sommes le 6 novembre 2007. A l'occasion de l'ouverture de la dernière session ordinaire de l'APW, le wali de Constantine réitère son engagement à moderniser la ville du Vieux Rocher, et évidemment, annoncera le recasement imminent des occupants du quartier de Bardo, lequel, faut-il le rappeler, avait connu un afflux considérable de campagnards venus s'y installer après la Seconde Guerre mondiale de 1939-1945, mais aussi et surtout après l'indépendance. Une opération précipitée et déroutante puisque l'on s'attendait à ce que le premier responsable de la wilaya se penche en priorité sur le cas des habitants du plus important bidonville de Constantine, celui de Fedj Errih en l'occurrence, comme il l'avait promis. Ils ne seront hélas pas de la partie.
Faute de recasement, les pensionnaires de Fedj Errih devront encore prendre leur mal en patience, puisque l'échéance fixée par le premier responsable de la wilaya pour les transférer ne sera finalement pas respectée. En fait, à défaut de reloger les habitants de Fedj Errih, « avant la fin de l'année 2006 », comme l'avais promis Boudiaf, c'est plutôt ceux de Bardo qui le seront, à leur grand désappointement, d'autant que ce déracinement précipité interviendra au beau milieu de l'année scolaire ! En fait, l'ambition de voir se concrétiser un segment essentiel du fameux programme présidentiel de modernisation de la métropole de Constantine (PPMMC) l'a visiblement emporté sur toute autre considération d'ordre pratique, notamment le fait de transférer écoliers, collégiens, lycéens et enseignants en plein mois de janvier vers de nouveaux établissements situés à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Mais ce qui a le plus marqué lors du relogement, en janvier 2008, d'une première partie de la population de Bardo - 648 familles, entre propriétaires des anciennes villas datant du début du siècle et les occupants du bidonville implanté aux abords de l'oued Rhumel-restera, sans nul doute, le mécontentement et la colère sourde de nombreux habitants de ce quartier qui avaient dénoncé, à l'époque, la « légèreté » avec laquelle ils ont été « vidés » de leurs anciennes demeures contre des F2 et des F3 à Ali Mendjeli sur le plateau de Aïn El Bey.
Les victimes du relookage
Près d'une année plus tard, les Constantinois se rappellent encore du courroux de certains attributaires de ces logements qui s'étaient retrouvés à plusieurs dans un même appartement, des mouvements de protestation des « recalés » de la liste des bénéficiaires et de la grogne des propriétaires des villas dont les indemnisations n'avaient pas été versées. L'opération de relogement a généré, faut-il le souligner, une somme de désagréments et s'est déroulée, il est vrai, dans un climat de tension extrême. 27 août 2008. Quelque 8 mois plus tard, soit à la veille du mois sacré du Ramadhan, 349 autres familles du site de Aïn Asker de Bardo seront également recasées à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Une opération qui ne manquera pas de susciter grogne et insatisfaction parmi les bénéficiaires dont certains avaient carrément refusé d'occuper leurs nouveaux logements jugés « inhabitables » à cause d'anomalies constatées au niveau du bâti.
L'on rappellera également les violents affrontements qui ont eu lieu entre les forces de l'ordre et les exclus de la liste des bénéficiaires expulsés de leurs habitations sans contrepartie et qualifiés d'« intrus » par les autorités locales. Cela étant, si les services de la wilaya ont enregistré plusieurs couacs durant la première phase du relogement, la seconde opération sera particulièrement abondante en rebondissements et en incidents, d'autant que le timing de celle-ci, intervenant à quelques jours seulement du mois du jeûne et de la rentrée scolaire, – alors que le transfert de la population avait été initialement programmé pour juin 2008 – a largement contribué à mettre le feu aux poudres. Deux mois plus tard, la vie reprendra ses droits dans ce quartier où les opérations de démolition sont en cours, tout autant que la mort d'ailleurs.
Le 14 septembre dernier, l'effondrement d'une dalle d'une maison ancienne coûtera la vie à deux ouvriers, employés par une entreprise privée. Le 8 octobre, l'affaissement, cette fois, d'un pan du lycée Tayeb El Okbi provoquera la mort de deux autres personnes et en blessera d'autres. Autant dire que le « nettoyage » du Bardo restera dans l'histoire constantinoise comme l'opération la plus mortifère et la plus brusque. Une opération étrangement estampillée du caractère « urgent » ! Ne serait-il pas plus urgent plutôt de décontaminer et de dépolluer l'oued Rhumel et reconstituer, en toile de fond, le prestigieux chemin des touristes ? Ne serait-il pas plus impératif de débarrasser l'antique Cirta de ses nombreux bidonvilles dont l'existence même constitue l'antithèse du fameux PPMC, étant donné que les bidonvilles sont devenus une pépinière pour le recrutement des groupes terroristes islamistes ?
Le jour où le Rhumel se « réveillera »…
L'oued Rhumel, d'une profondeur de précipice de 60 m à la pointe Sud (Sidi Rached) et de 170 m à la pointe Nord (Sidi M'cid), est connu pour être le plus important cours d'eau d'Algérie. Il prend sa source dans les monts de Ferdjioua (wilaya de Mila) avant de traverser entièrement la ville de Constantine en décrivant une série de sinuosités. Son principal affluent est l'oued Boumerzoug qui prend sa source dans la région de Aïn M'lila. La ville de Constantine est bâtie au confluent des oueds de Boumerzoug et du Rhumel, d'où le risque de voir un jour ces derniers inonder les quartiers environnants en cas de fortes précipitations, comme cela fut le cas à Ghardaïa, Béchar et Tiaret. Actuellement, certains locataires de la cité Boumerzoug de Constantine, érigée sur les deux rives de l'oued Boumerzoug, sont justement menacés depuis de nombreuses années par les crues de ce cours d'eau puisque les fondations de plusieurs habitations de cette cité commencent à se dénuder sous l'effet de l'incursion des eaux de l'oued vers les berges sur lesquelles sont bâties les habitations touchées. D'autres logis et bidonvilles côtoient également dangereusement le lit du Rhumel, et partant, le syndrome de Ghardaïa devrait sérieusement faire réfléchir aux responsables locaux.


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