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« Il n'y a pas eu de coup d'Etat institutionnel »
Abdelaziz Ziari. Président de l'Assemblée populaire nationale (APN)
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2009

Son appel pour soutenir une troisième candidature de Bouteflika à la présidence de la République a fait grincer des dents dans et en dehors de l'institution parlementaire. M. Ziari s'explique dans cet entretien sur le sens politique qu'il donne à son initiative. Il récuse les accusations de ceux qui lui reprochent d'avoir outrepassé ses prérogatives de président d'une assemblée pluraliste qui lui imposent une neutralité dans la conduite des débats au Parlement.
Le projet de plan d'action du gouvernement présenté devant le Parlement laisse clairement apparaître qu'il s'agit d'un programme inscrit dans la durée, alors que les jours du gouvernement en place son comptés avec la tenue, dans quelques mois, de l'élection présidentielle. D'aucuns ont vu dans cette démarche une volonté politique des sphères du pouvoir d'anticiper et d'influer sur les événements que s'apprête à vivre le pays.
Honnêtement quand on a entendu et examiné le projet de plan d'action du Premier ministre, on s'aperçoit qu'il s'agit bien d'un plan dont l'objectif est de répondre aux derniers changements constitutionnels et d'inaugurer une nouvelle pratique institutionnelle. Le second élément, comme vous l'avez certainement constaté, est qu'il s'agit beaucoup plus de la présentation d'un bilan. C'est un exercice utile après deux mandats du chef de l'Etat, sachant que tous les programmes d'action qui se sont succédé depuis dix ans n'étaient que la traduction du programme d'action et des programmes électoraux du chef de l'Etat. C'était donc une opportunité pour faire le bilan, jeter un éclairage sur les réalisations. Les programmes, ce ne sont pas des actions qui s'arrêtent brutalement. Il est évident que les projets en cours vont se poursuivre. Et comme l'a si bien dit M. Ouyahia, les projets vont se poursuivre quel que soit le gouvernement, le Premier ministre, le Président. Car ce sont de grands projets infrastructurels qui sont déjà en cours de réalisation. C'est vrai que nous sommes à 4 mois de l'élection présidentielle. Après l'élection présidentielle, le Premier ministre qui sera désigné aura à présenter un plan d'action plus étoffé et à mettre en œuvre le programme du président de la République qui sera élu.
Il est pourtant clairement spécifié dans le programme d'action du gouvernement présenté devant l'APN que ce programme s'étalera sur 5 ans, coïncidant avec la durée du prochain mandat présidentiel...
Je ne suis pas d'accord avec vous. A aucun moment le Premier ministre n'a parlé d'un programme sur 5 ans. Il s'est présenté devant le Parlement avec un programme de 4 mois, en précisant que certains projets et perspectives, contenus dans le plan d'action, vont aller au-delà de cette échéance. Il est normal que la dynamique de développement se poursuive et survive aux hommes et aux événements.
Vous avez appelé de la tribune de l'APN à soutenir un troisième mandat du président Bouteflika. Le président de l'Assemblée n'a-t-il pas outrepassé ses prérogatives constitutionnelles en impliquant le Parlement qui est pluraliste dans des enjeux politiques et de pouvoir ?
En tant que président du Parlement, je ne fais que répercuter l'avis de la majorité des députés. C'est comme cela que fonctionne le Parlement et la démocratie. Et la majorité des députés au sein de l'Assemblée avait déjà exprimé son soutien à un troisième mandat. Elle l'a exprimé dans les débats, dans les groupes parlementaires, au sein des partis. En ce qui me concerne, ces députés ont soutenu ma candidature au poste de président de l'APN. Je n'ai fait donc, en réalité, qu'exprimer, en plus de mon sentiment et engagement personnels, en tant qu'homme politique, la volonté de la grande majorité des députés. D'autant, vous avez dû le remarquer également à l'occasion de la révision de la Constitution que le nombre de députés et de membres du Conseil de la nation qui ont voté ce changement constitutionnel, qui avait ses adversaires dans la classe politique, a recueilli 500 voix sur 533 votants. Cela veut dire que le projet a rallié au-delà de l'Alliance présidentielle. Cela signifie que d'autres députés, hors Alliance présidentielle, du groupe des indépendants, et d'autres formations politiques de l'opposition et siégeant au Parlement, ont adhéré à ce changement constitutionnel qui comporte plusieurs amendements, dont celui de la suppression de la disposition relative à la limitation des mandats présidentiels. Quand on est président de l'Assemblée nationale, on se doit d'être équitable, de respecter la représentation proportionnelle des uns et des autres. Je veille à ce que la loi et le règlement intérieur soient appliqués et respectés par tous, sans exclusive, au sein de l'Assemblée. J'ai été moi-même élu avec 310 voix, c'est-à-dire par une large majorité, au-delà des voix de mon propre parti qui n'avait que 136 députés auxquels s'ajoutent les voix de la majorité présidentielle ainsi que celles voix des autres partis et du groupe des indépendants. Je me dois donc d'être à la hauteur de cette confiance placée en ma personne.
Des voix hostiles au troisième mandat de Bouteflika peuvent-elles s'exprimer sur ce sujet au sein de l'Assemblée ?
Bien sûr, c'est tout à fait le droit des députés qui ont d'autres positions de donner leur point de vue à l'occasion des débats. Ils n'ont d'ailleurs jamais manqué de le faire. Ils ont toujours été libres de leurs propos. En tant que président de l'Assemblée, je me dois de veiller à la sérénité des débats, au respect de l'ordre du jour. C'est ma mission et c'est la loi qui l'exige. Je suis tenu de veiller à ce que l'Assemblée soit un espace de dialogue et de confrontation d'idées et non pas un lieu d'invectives ; le peuple attend autre chose de ses représentants élus. En dehors de l'activité de fabrication des lois, il y a des journées parlementaires organisées par les uns et les autres, par chacun des groupes en fonction de leurs préoccupations. Mon devoir, en tant que président de l'Assemblée est de les soutenir, de mettre à leur disposition la logistique de l'APN. Cette activité est extrêmement utile et intéressante.
Quelle est la place réelle de l'opposition au sein de l'APN ? Les députés de l'opposition se plaignent de la « dictature de la majorité parlementaire ». Le dernier épisode en date, les déclarations du député du RCD, Nourredine Aït Hamouda, sur l'histoire, avait failli tourner à la foire d'empoigne.
La place de l'opposition au sein de l'Assemblée nationale est celle que lui a attribuée le peuple algérien lors des élections législatives. S'il y a une forte majorité avec en face une faible opposition, ce sont les Algériens qui l'ont décidé. Cela n'empêche pas l'opposition, quel que soit son importance, de pouvoir s'exprimer. Lors des débats, des questions orales ou écrites, ou encore à l'occasion de la présentation des propositions de loi, elle a toujours eu et elle continuera d'avoir ce droit de s'exprimer. Maintenant, s'exprimer ne signifie pas avoir raison. Il y a un rapport de force, des équilibres, un vote, et c'est la voix de la majorité qui prédomine en dernier ressort. Le respect de l'ordre du jour et de la sérénité des débats, tous les députés, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, sont tenus de s'y astreindre. Nous pourrions être appelés à intervenir pour rappeler les députés au respect des règles du jeu parlementaire. Maintenant, que des propos de députés puissent irriter d'autres députés, ce n'est pas l'affaire du président de l'Assemblée nationale. Parfois des prises de position sur certains sujets vont jusqu'à heurter les sensibilités des uns et des autres. Et nous savons tous que certains sujets qui relèvent du sacré dans la conscience collective, comme la guerre de Libération nationale, les chouhada, la religion, doivent être abordés avec beaucoup de prudence et d'esprit de responsabilité.
Qui mieux que l'APN, en tant que superstructure de la représentation populaire, peut aborder des questions concernant les sujets, y compris ceux considérés comme sensibles ou tabous au lieu de voir ce type de débats traité sur des plateaux de télévision et dans les médias étrangers ?
Bien sûr. Les députés, qu'ils appartiennent à la majorité ou à l'opposition, font des déclarations dans les débats, sur l'activité gouvernementale. Il est aussi du droit du gouvernement de répondre, de donner des explications. Il faut éviter les polémiques qui ne riment à rien. Il faudrait que chaque député active dans son groupe politique, par des propositions de loi, par ses interventions dans les débats en vue de trouver des solutions aux problèmes des Algériens. Je vous avoue que dans cette Assemblée, je trouve une réelle maturité politique, que ce soit dans les groupes politiques appartenant à la majorité présidentielle ou dans l'opposition. Il me semble aujourd'hui qu'il y a plus d'objectivité dans le traitement des dossiers et les débats qui se déroulent au sein de l'Assemblée. L'élément qui me paraît important, c'est de faire du député un lien effectif entre gouvernants et gouvernés. Parce qu'un programme immense comme celui du président de la République a besoin de tous pour se concrétiser sur le terrain. Il est évidemment du devoir des députés, qui appartiennent à la majorité présidentielle, d'accompagner et de suivre avec les autorités locales ces projets qui se concrétisent sur le terrain, sans interférence dans les missions de chacun. Au sein de l'Assemblée, la majorité présidentielle va au-delà de l'Alliance présidentielle. C'est un point sur lequel je voudrais insister, car à côté des partis de l'Alliance présidentielle, qui soutiennent le programme du président de la République, il y a également un grand nombre de députés issus du groupe des Indépendants ou d'autres formations politiques qui soutiennent également ce programme. Dans les wilayas, le souci des députés est de suivre ces projets et de pouvoir rapporter au niveau national à travers leur fonction de contrôle la réalité de ce qui se fait ou ne se fait pas. Evidemment, cela peut déranger, car ce sont des députés qui sont indépendants de l'emprise des autorités locales. Avant même la définition des projets au niveau local, l'avis des députés et des élus locaux est important. Ce n'est pas à l'administration de faire les choix des projets de développement. Ce sont les représentants du peuple qui sont les mieux placés pour définir les besoins. Si on arrive à créer cette dynamique entre ces différents maillons de la chaîne, dont les députés, les choses avanceraient sans doute mieux. C'est pour cela que je dis que les meilleurs soutiens à l'action du président de la République, ce sont les députés. Ce ne sont pas des fonctionnaires. Ce sont des hommes et des femmes politiques qui ont un engagement politique. Les mauvaises relations qui existent parfois dans certaines wilayas entre autorités locales et députés me paraissent inutiles et futiles
Les citoyens reprochent justement aux députés et à l'Assemblée en tant qu'institution leur absence sur le terrain en temps normal, mais aussi en temps de crise, comme on l'a vu récemment lors des émeutes qui ont secoué certaines wilayas ou encore lors des inondations ayant endeuillé certaines régions comme ce fut le cas à Ghardaïa.
A Ghardaïa, il y a eu une mission de l'Assemblée nationale qui s'était déplacée sur les lieux du sinistre. Notre mission peut prendre deux formes. Il y a d'abord les députés locaux, toutes formations politiques confondues, qui sont les premiers à se mobiliser quand la situation l'exige. C'est ce qu'ils ont fait d'ailleurs. Et pour montrer qu'il y a un souci et une solidarité nationales dans des situations particulières, pour voir ce qui se fait et doit se faire, l'APN n'hésite pas à envoyer des délégations de parlementaires sur les lieux pour s'enquérir de la situation et prendre les mesures qui s'imposent au profit des populations concernées. C'est dans ce cadre que nous avons dépêché des missions à Chlef, Ghardaïa, Béchar et ailleurs. Cela s'est bien passé en coordination avec le ministère de l'Intérieur qui a toujours été très ouvert à cette formule. Nous essayons de faire quelque chose de permanent pour sortir de cette idée saugrenue qui tend à accréditer l'idée selon laquelle le mandat du député est national et que sa place est à Alger. Si on décrédibilise la mission du député il ne faudrait pas s'étonner que les citoyens n'aillent pas voter. C'est un point important autour duquel nous devons tous nous mobiliser à l'avenir. Cela me paraît assez stupide de voir des comportements qui tentent de créer des tensions entre autorités locales et députés. Il faudrait également nous mobiliser pour lever toutes les ambiguïtés qui ont pu naître ici et là dans la période d'instabilité qu'a eu à traverser le pays.
Le rôle des parlementaires ne doit pas se limiter uniquement à des missions d'information sur le terrain, mais il est attendu également d'eux dans le cadre de leur mission de contrôle, d'initier des commissions d'enquête parlementaire sur des dossiers précis en les dotant de toutes les prérogatives y afférent à ce type d'actions.
Qu'il s'agisse de l'actuelle Assemblée ou des précédentes, à quelques rares exceptions, le recours aux commissions d'enquête parlementaire reste une pratique très peu usitée dans le fonctionnement du Parlement.
La commission d'enquête est un des outils de contrôle parlementaire. Il y a une hiérarchisation du contrôle parlementaire. Lorsque les députés estiment qu'il y a matière à mettre en place une commission d'enquête parlementaire, ils ont toute la latitude de le faire. il suffit seulement de respecter la procédure réglementaire en la matière. Mais il faut être clair à ce sujet, tout ce qui relève du judiciaire est pris en charge par l'enquête judiciaire. L'enquête parlementaire n'est pas une enquête de type policier. C'est une enquête politique. Pour savoir si la loi a été respectée, s'il ya un arrière-plan politique qui sous- tend les dossiers examinés par la commission d'enquête parlementaire. Il faut que l'on reste dans le domaine de la mission d'enquête parlementaire. Il n'y a pas au niveau de l'Assemblée une volonté, quelque part, de bloquer les initiatives en la matière. Il faut seulement savoir que, pour lancer une commission d'enquête parlementaire, il faudrait que la demande soit justifiée, il faudrait un débat et un vote à l'Assemblée. Un groupe politique peut bien donc demander la mise en place d'une commission d'enquête et être débouté par un vote de l'Assemblée. La commission d'enquête fait partie des règles de contrôle de l'Assemblée. Je ne peux pas me prononcer ni anticiper sur l'avenir, mais peut-être que l'Assemblée actuelle aura à prendre des initiatives dans ce sens avant la fin de cette législature. Nous allons entrer bientôt dans une phase d'élection présidentielle, évidemment cela va prendre le pas sur le reste de l'activité, mais juste après les élections, nous allons reprendre notre activité normale.
La révision de la Constitution par voie parlementaire a été qualifiée par certains milieux de « coup de force institutionnel ». Le recours au référendum populaire est considéré comme le processus le plus démocratique pour apporter des amendements à la Constitution de l'importance de ceux qui furent introduits dans la nouvelle mouture.
Le chef de l'Etat a choisi la voie parlementaire — je suis de ceux qui ont appelé à cette solution — car il y a une hiérarchie dans la Constitution au niveau de ses dispositions, lesquelles prévoient les cas où la loi fondamentale doit être soumise à référendum. Les résultats du vote montrent d'ailleurs que le texte n'est pas passé avec une petite majorité. C'est un vote tout à fait représentatif en termes d'expression de la volonté populaire. Honnêtement, rien dans ce qui a été proposé dans les amendements constitutionnels ne nécessitait le recours au référendum populaire. Maintenant, il y a d'autres domaines et c'est spécifié dans la Constitution, en particulier ce qui touche aux équilibres du pouvoir et dans d'autres cas de figure qui obligent à passer par le référendum. Tout est donc prévu dans la Constitution. Il n' y a pas de coup d'Etat institutionnel. Ce qui a été fait est totalement conforme à la Constitution. Le Conseil constitutionnel a rendu son avis. Ce n'est quand même pas dix ou quinze personnes qui décident qu'un texte est constitutionnel ou pas. Il y a des institutions dans le pays qui sont faites pour cela. Le Conseil constitutionnel s'est réuni et a décidé de soumettre le projet de révision constitutionnelle aux deux chambres du Parlement après examen du projet. Ce n'est pas parce que l'on s'oppose qu'on a raison et que l'on dit vrai. Le rôle de l'opposition ce n'est pas de se substituer aux institutions, au peuple ; son rôle c'est de ne plus être dans l'opposition, c'est de devenir majorité et de convaincre les Algériens que ses choix sont les meilleurs. Nous allons mettre en conformité les textes de lois actuels avec les nouveaux amendements de la Constitution. Une loi organique doit être soumise au Parlement soit par le gouvernement ou par les députés sous forme de proposition de loi pour traduire dans les faits les changements constitutionnels relatifs à la représentation des femmes dans les assemblées élues. Je crois qu'il y a déjà un groupe de députés femmes qui a fait des propositions de lois dans ce sens. C'est une avancée importante que cela figure dans les textes constitutionnels du pays. Il y a des chantiers législatifs qui attendent donc les députés dans le prolongement de ces changements constitutionnels. Nous nous y attellerons après les élections présidentielles.
S'agit-il d'un projet de loi ou d'une proposition de loi ?
Pour le moment, cela n'a pas encore été étudié au niveau du bureau de l'Assemblée. Mais j'ai appris par l'administration qu'il y avait dépôt de propositions de loi dans ce sens de la part de députés. Nous examinerons cela avec le bureau et lorsqu'elles seront acceptées dans la forme, nous les transmettront au gouvernement. Le changement constitutionnel nous ouvre donc un chantier législatif intéressant. Et là aussi, quand on parle de proposition de loi, la majorité des députés de cette assemblée appartient aux partis de l'Alliance présidentielle lesquels sont représentés au sein du gouvernement. Une concertation très sérieuse doit se dérouler à ce niveau. Les députés ont des obligations politiques. Ils appartiennent à des courants politiques, il faudrait qu'ils apprennent à travailler en groupes, en concertation et qu'il y ait une cohérence entre ce qu'un parti fait au sein du gouvernement et ce qu'il fait à l'Assemblée nationale.
Vous semblez déplorer le manque de cohésion entre les partis de l'Alliance présidentielle...
Ce n'est pas au sein de l'Alliance, au sein des partis séparément. Il faut que les partis comprennent que les députés et les ministres engagés dans l'Alliance doivent se rencontrer, communiquer et travailler ensemble sur leurs projets, sur leurs perspectives. Lorsqu'un projet de loi est proposé par le gouvernement, il faut que les députés de la majorité présidentielle se réunissent et se concertent. Ils doivent faire des amendements lorsque cela est nécessaire, contrecarrer d'autres amendements venant de l'opposition. Il appartient également aux ministres représentés au gouvernement de se concerter. Il y a une discipline partisane, des choix partisans auxquels les représentants des partis de la majorité présidentielle au sein de l'Exécutif, au Parlement et dans les autres institutions élues doivent impérativement se soumettre.
On a vu à plusieurs reprises des députés des partis de l'Alliance présidentielle tirer à boulets rouges sur des projets de loi du gouvernement lors des débats, dans des déclarations à la presse et appuyer lors du vote le point de vue de la majorité. Le moins que l'on puisse dire est que cela fait désordre dans les rangs de la majorité présidentielle...
Il faut que les partis de l'Alliance présidentielle jouent pleinement le jeu de leur engagement au sein de cette coalition. L'objectif ne doit pas être uniquement celui d'entrer au gouvernement. Les partis concernés sont tenus de donner plus de cohérence à l'action politique dans laquelle ils se sont engagés.
Il y a eu des changements au niveau de l'organigramme de l'Exécutif en vertu des derniers amendements constitutionnels qui se sont traduits notamment par la création d'un poste de Premier ministre en remplacement du poste de chef de gouvernement. Le secrétaire général du Fln, M. Belkhadem — un parti auquel vous appartenez — avait considéré dans une déclaration que ce poste est purement symbolique. Le Fln a-t-il définitivement perdu la mise en perdant le contrôle du gouvernement au profit du Rnd ?
Le chef de l'Etat a dès le début annoncé la couleur. Au début de son mandat le président de la République avait nommé à la tête de l'Exécutif une personnalité qui n'appartenait à aucun parti, ni à la majorité, ni à l'Alliance présidentielle, ni autre. Donc, sur le plan du principe de base, il n'y a pas de changement notable. M. Ouyahia était chef de gouvernement, il est devenu Premier ministre. Ce qui importe, c'est le programme du chef de l'Etat qui est mis en œuvre. Evidemment, le président de la République a nommé à ce nouveau poste la personnalité qu'il estime être la mieux à même de mettre en œuvre son programme, quelle que soit la mouvance politique à laquelle elle appartient. A l'évidence, le changement introduit n'enlève rien à l'importance du poste de Premier ministre, qui est le deuxième homme de l'Exécutif. Il est clair que chaque parti — c'est une règle générale valable sous tous les cieux — milite pour être aux responsabilités les plus élevées au niveau de l'Etat. Ce qui est fondamental dans ce changement, c'est qu'il n'y a plus, même en sous-entendus, la notion de la majorité parlementaire. C'est une notion qui n'existe plus. Nous sommes devant des majorités présidentielles. C'est là le fin mot de l'histoire. Dans une majorité présidentielle, il y a aussi bien des partis qui appartiennent à l'Alliance présidentielle que des personnalités qui n'émargent dans aucun parti ou qui sont issus des autres formations politiques ou associations. - On ne peut pas parler de l'Apn sans parler d'une question qui fait les gorges chaudes des médias, des partis de l'opposition et de l'opinion publique : il s'agit de la revalorisation des salaires des parlementaires dans des seuils jugés démesurés. La décision a été d'autant mal appréciée qu'elle est intervenue dans un contexte de précarité sociale avancée et alors que d'autres corporations peinent à obtenir la moindre augmentation en dépit des actions de contestations qui paralysent cycliquement des pans entiers de l'activité économique et sociale du pays...
Ce n'est pas parce que je suis président de l'Assemblée que je vais défendre les députés, mais je ne vois rien d'anormal à ce que dans une phase de revalorisation de tous les salaires de la Fonction publique — les députés ayant été les derniers à être touchés — les députés soient concernés par cette mesure. Ce n'est pas la revalorisation de quelque 500 parlementaires qui va peser lourdement dans le budget de l'Etat. C'est une fonction suffisamment importante et déterminante dans la hiérarchie politique. Que le député puisse être payé comme un secrétaire d'Etat me parait comme quelque chose de tout à fait normal. Il y a des gens qui ne veulent même pas d'Assemblée, qui ne veulent pas de la démocratie ; chaque occasion est bonne pour tenter de décrédibiliser ou de dévaloriser les députés. Et ce n'est pas fortuit, si la campagne était intervenue à la veille de la réunion du Parlement devant examiner le projet de révision constitutionnelle. Pour nous, la page est tournée. L'essentiel est que le député effectue son travail du mieux possible et que les citoyens en soient satisfaits. C'est pour cela que j'insistais au début de l'entretien sur les nobles missions du député à la fois en tant que législateur, en tant que contrôleur de l'action du gouvernement, pas dans le sens de l'inquisition, mais de veiller à ce que les programmes et les lois s'appliquent dans sa circonscription. Qu'il soit le lien entre gouvernants et gouvernés.
Le fait que cette revalorisation intervienne précisément à la veille d'un événement important (la révision constitutionnelle) qui ne faisait pas le consensus au sein de la société, est-ce un simple hasard ? N'était-ce pas une manière d'acheter le vote des députés ?
Ce n'est pas là le point de vue de l'opinion publique. C'est l'opinion de la presse. Il s'agit d'une presse qui nous est hostile et qui essaie de trouver ou d'inventer des brèches et matière à décrédibiliser les députés. C'était prévisible.
Certains titres de la presse indépendante, dont El Watan, sont l'objet d'un harcèlement administratif et judiciaire qui s'est accentué à la veille de l'élection présidentielle. Le Parlement ne semble pas être concerné par ce qui s'apparente pourtant à une véritable campagne d'intimidation de la presse indépendante dans cette conjoncture politique particulière...
Le problème de la presse ne peut pas ne pas concerner l'Assemblée. Que ce soit par la nécessité de légiférer en la matière lorsque ce sera le cas, que ce soit pour le suivi de ce qui se passe en matière de liberté de la presse et d'expression. Il est clair que nous ne pouvons pas interférer dans le travail de la justice. Il faut respecter la séparation des pouvoirs. Lorsqu'il apparaît des cas de dépassements dans ce domaine, les journalistes ont tout le loisir d'en informer les députés, la commission parlementaire compétente. Maintenant, dans tous les corps de métier, il peut y avoir des excès de zèle. Tout ce qui est extrajudiciaire, nous sommes disponibles pour voir au niveau de l'Assemblée s'il y a lieu d'améliorer la législation en la matière pour la protection des journalistes, à la condition que la presse reste dans son domaine de l'information, de la liberté d'opinion ; qu'on arrête d'invectiver, de colporter des informations mensongères, qu'on ne censure pas les mises au point des personnes qui se sentent diffamées. Je vous parle en connaissance de cause. Pour certains journaux et ce n'est pas le vôtre, je l'atteste, il me désole de lire des informations qui n'ont absolument aucune existence. A tel point que l'on n'éprouve même pas le besoin de faire des démentis. Pour nous, c'est significatif d'un non-professionnalisme. Les portes de l'Assemblée sont ouvertes aux journalistes. Notre devoir à tous, les législateurs et les professionnels de la presse, c'est d'améliorer la qualité professionnelle de la presse. Il n'y a pas mieux que les professionnels pour défendre la profession. C'est vrai qu'il n'est pas toujours facile de faire passer la liberté d'expression et d'opinion. Mais l'exercice est d'autant plus difficile lorsqu'il n'existe pas de règles de l'éthique et de la déontologie. Et cela fait le lit de tous ceux que la liberté de la presse et d'expression dérangent. Il faut aussi faire le ménage dans la profession pour mieux la protéger et la crédibiliser.


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