La chirurgie par cœlioscopie (laparoscopie) ou la chirurgie vidéo-assistée est cette nouvelle technique qui connaît un véritable essor dans le monde, vu sa grande importance. Cependant et malgré qu'elle soit de plus en plus pratiquée par nos praticiens, elle reste méconnue et mal-utilisée. Des chirurgiens contestent le fait de laisser la pratique de cette technique de pointe aux multiples avantages entre de mauvaises mains car les conséquences et les risques d'un mauvais usage peuvent être la cause de désastres humains, soulignent-ils. Dans ce sens, des cas d'erreurs médicales, comme des perforations et des sténoses, ont été signalés chez des malades traités par des chirurgiens n'ayant aucune connaissance de la technique. « La chirurgie par cœlioscopie est devenue un phénomène de mode et n'importe quel praticien ayant pu acquérir le matériel adéquat peut se vanter de maîtriser la technique sans pour autant qu'il ait réellement suivi une formation ou un stage spécifique », explique le Dr Cherak Amine, chirurgien et vice-président de la société algérienne de laparoscopie. L'impact est lourd car ça décrédibilise la technique, toute nouvelle chez nous et donc encore inconnue du large public, ajoute-t-il. « Avec le grand progrès de la médecine, les praticiens évoluent vers des soins où il y a moins de douleur, moins d'incisions, moins de chirurgie et moins d'effets secondaires. Et c'est l'objectif principal de la cœlioscopie. Cependant et pour suivre le progrès, il faut une formation spécialisée des praticiens afin d'assurer un meilleur usage et donc de meilleurs résultats », note le Dr Cherak. Un phénomène de mode Précisons « qu'aucune formation officielle, débouchant sur un diplôme, n'est assurée par nos universités. Actuellement, il n'existe qu'une pseudo-formation ne dépassant pas trois semaines au niveau de l'hôpital Zmirli d'Alger, ce qui est insuffisant. Une formation validante doit être d'au moins une année », apprend-on de notre interlocuteur. Pratiquée à l'aide d'une caméra, d'un écran télé et d'instruments fins adaptés, la cœlioscopie peut se vanter de nombreux avantages. En effet, l'absence de larges incisions réduit le risque d'infections post-opératoires et donc réduit la durée de l'hospitalisation et son coût financier. Elle permet également une mobilisation immédiate du malade et sa réintégration rapide à la vie active. A Oran, la cœlioscopie a fait son apparition il y a près de trois ans au niveau de l'hôpital militaire, le pavillon 10 du CHUO et certaines cliniques privées. Les pathologies traitées relèvent essentiellement de la gynécologie, de la chirurgie digestive et, plus récemment, a été élargie à d'autres spécialités comme l'urologie, la chirurgie thoracique et la chirurgie cardio-vasculaire. Toutes des chirurgies de fortes demandes au niveau de nos services de chirurgie. A souligner que la cœlioscopie est pratiquée en Europe et aux USA dans 96 % des cas d'ablation de la vésicule biliaire et dans d'autres pathologies digestives. Ajoutons que, grâce à la coeliochirurgie faisant usage de la vidéo, l'enseignement à distance (télé-médecine) et l'aide à distance en cours d'opération (télé-monitoring) ont été développés de par le monde. « Le grand problème qui se pose actuellement dans la pratique de la méthode c'est qu'on ignore qui fait quoi. De ce fait, la nécessité s'impose d'instaurer dans le cursus universitaire une formation spécialisée validante permettant à nos chirurgiens de suivre le progrès et évitant à nos malades les risques d'une mauvaise utilisation de la technique », conclut le vice-président de la société de laparoscopie.
