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La fièvre de l'errance
Cinéma. Isabelle eberhardt par ali akika
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2009

Ali Akika vient de produire un beau documentaire sur Isabelle Eberhardt, journaliste et écrivaine de la fin du XIXe siècle, russe par ses origines et Algérienne par adoption, selon les personnes interviewées. Elle est née le 17 février 1877 à Genève, d'un père inconnu et d'une mère aristocrate de Saint-Pétersbourg, veuve d'un général tsariste, qui s'installa en Suisse, en 1871, avec sa famille et le précepteur de ses enfants, un sympathisant anarchiste russe, dont elle devient la maîtresse.
Elle émigra ensuite avec Isabelle à Bône (aujourd'hui Annaba), où elles habiteront d'abord le quartier européen, avant de le quitter pour le quartier arabe et de se convertir à l'Islam. C'est dans le cimetière musulman de cette ville que la mère, qui avait adopté le nom de Fatima Menoubia, est enterrée jusqu'à ce jour. Après ce décès, Isabelle Eberhardt décide, à 20 ans, de quitter Annaba pour sillonner les villes du Sahara algérien. Afin de pouvoir circuler plus librement, elle s'habillait en bédouin arabe et se faisait appeler Mahmoud Saâdi, car elle n'ignorait pas le confinement des femmes musulmanes dans l'espace domestique. C'est à Genève qu'elle avait pris l'habitude de porter des vêtements de garçon pour pouvoir sortir de chez elle, car il était à cette époque-là défendu à une jeune fille de circuler dans la rue non accompagnée d'un parent.
En plus du russe, elle y avait appris la langue arabe, ainsi d'ailleurs que le français, l'anglais, le turc et l'arménien. Elle commença à gagner sa vie en effectuant des reportages pour le compte du journal Al Akhbar édité en versions arabe et française à Alger. Elle y décrivait entre autres les villes sahariennes et les dures conditions de vie de leurs habitants algériens. Sa première destination avait été la ville d'El Oued à qui elle donna le surnom encore employé de « Ville aux mille coupoles ». C'est aussi dans cette ville qu'elle adhéra à la zaouïa soufie de la Kadiria. Elle n'avait que 23 ans, quand elle faillit passer de vie à trépas. Des esprits conservateurs de cette ville avaient fait circuler des calomnies sur elle. Ils manipulèrent à cette fin un groupe d'habitants, dont l'un d'entre eux tenta de la décapiter à coup de sabre, à l'intérieur même de la demeure du chef de la zaouïa locale qui l'avait reçue à dîner.
« Ce fut le premier attentat intégriste de l'histoire contemporaine », dira à ce propos Mme Edmonde Charles-Roux, écrivaine et membre de l'académie Goncourt, qui a consacré à la jeune femme une volumineuse biographie. Isabelle Eberhardt n'en avait pas moins demandé au tribunal militaire qu'il accorde la grâce à son agresseur. Elle fit également part de son intention de lui rendre visite en prison. C'en était alors trop pour les juges de ce tribunal, racistes à l'image des institutions et de la société coloniale en Algérie. Les autorités y trouvèrent en conséquence l'occasion rêvée de se débarrasser d'elle, car ses écrits et son amitié affichée pour les Algériens les irritaient au plus haut point. En effet, ses articles et ses livres chantaient la beauté de l'Algérie, prenaient la défense de son peuple, appelaient au respect de sa culture et de sa religion et expliquaient pourquoi elle aimait partager la vie du peuple.
Son expulsion du pays, en 1900, fut d'autant plus facile qu'elle était étrangère puisque de nationalité russe. Elle se réfugia alors chez son frère Augustin à Marseille pendant un an. L'année suivante, elle est rejointe par son compagnon, Slimane Ehnni, sous-officier de l'armée française. Ils se marient, ce qui permet à la jeune épouse d'obtenir la nationalité française et de retourner en Algérie. Outre son anticolonialisme, Isabelle Eberhardt est aussi, selon sa biographe, la première femme reporter de guerre dans l'histoire mondiale du journalisme. C'était en 1903. Son journal, Al Akbar, l'avait envoyée couvrir les attaques de postes militaires français dans la région de Figuig, dans le désert à la frontière algéro-marocaine, lancées par les hommes du chef de zaouïa et chef de guerre Bouamama, qu'elle rencontra à cette occasion.
Elle a connu toutefois une fin prématurée et tragique, à 27 ans, à Aïn Sefra. Contre l'avis de son médecin, elle quitta l'hôpital où elle avait été admise quelques heures auparavant, pour cause de paludisme. Elle tenait à accueillir son mari qu'elle n'avait pas revu depuis un long moment, étant donné les contraintes de la vie militaire de celui-ci. Mais le destin en a décidé autrement. Elle fut noyée par la grande crue de l'oued qui s'était déclenchée peu de temps après, emportée dans la maison où elle avait emménagé la veille, on y retrouva aussi son manuscrit, Sud oranais qu'elle n'avait pas eu le temps de poster à son éditeur en France, que les soldats du colonel Louis-Hubert Lyautey, commandant de la subdivision de l'armée française à Aïn Sefra, la retrouvèrent après d'intenses recherches. Amoureux des belles lettres et portant à nu les artistes et les intellectuels, ce militaire ne pouvait qu'être admiratif d'Isabelle Eberhardt qui avait, de surcroît, une certaine connaissance de la société arabe.
Il avait par conséquent pris aussi en charge les frais de l'enterrement, et veilla à ce qu'elle soit enterrée conformément à sa confession musulmane et donc enterrée dans le cimetière musulman de cette ville. Il fit également sécher le manuscrit et l'envoya à Alger, puis en France où il sera édité, l'année suivante. Avant de disparaître, la jeune femme avait eu le temps d'écrire plusieurs ouvrages, dont Dans l'ombre chaude de l'Islam ; Amara le forçat ; L'Anarchiste, Au Pays des sables, etc. Ses biographes présents au centre culturel algérien de Paris (Edmonde Charles-Roux, Marie-Odile Delacour et Jean-René Huleu) aux côtés d'Ali Akika, rejettent catégoriquement l'accusation d'espionne au service de l'armée française que certains ont porté sur Isabelle Eberhardt.


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