Reconnue désormais comme un pôle de production agricole d'envergure nationale, la wilaya de Biskra poursuit, bon an mal an, son développement inexorable pour fournir au pays des denrées alimentaires issues du travail de la terre et de l'élevage animalier. Dattes, produits maraîchers, fruits et viandes blanches et rouges ne manquent pas sur les étals et les grandes surfaces de vente, ainsi que chez les grossistes recevant des clients venus de toutes les wilayas, constate-t-on. Certes, ce sont là des performances notables générées par le travail de la DSA, des départements et des instituts ayant en charge le développement de l'agriculture saharienne et aussi du savoir-faire des fellahs locaux, mais ceux-ci souffrant encore de nombreuses déficiences et lacunes peuvent doubler, voire tripler, leurs productions si les lourdeurs administratifs étaient levées et résolues une fois pour toutes, pensent-ils. Ainsi, les agriculteurs des régions des Ziban est et ouest, réputées, l'une pour sa production de henné, tabac et autres plantes potagères et aromatiques, et l'autre, pour ses dattes, ses légumes et son élevage ovin, se plaignent régulièrement du manque de courant électrique agricole et rural, du non-aménagement des pistes de campagne et de commodités afin d'assurer le bien-être de leurs familles et de leur permettre un essor de leurs exploitations agricoles. «Nous pouvons augmenter notre production pourvu que l'Etat nous soutienne et nous aide à avoir des revenus conformes à notre labeur et à nos sacrifices quotidiens en allégeant les procédures administratives pour pouvoir creuser des puits, recruter des travailleurs agricoles étrangers et exporter nos excédents de produits agroalimentaires», affirme le gérant d'une société de production de légumes sous serres-chapelles de la commune de Meziraâ. «En attendant d'être raccordé au réseau d'électricité rurale, j'utilise toujours des moyens rudimentaires et archaïques pour alimenter mon exploitation agricole en énergie. Il y a des projets étatiques pour pallier cette déficience, mais les choses traînent en longueur. J'ai été laminé par la rumeur selon laquelle les pastèques seraient contaminées par des eaux usées transportant le vibrion cholérique. Pour moi qui utilise de l'eau saine et des graines certifiées, c'est une mauvaise année», confie un fellah de Aïn Naga, commune agricole située à 40 km à l'est de Biskra. LE WALI INTERPELLE A l'instar de leurs homologues de nombreux périmètres agricoles de la wilaya de Biskra, des agriculteurs de Selga, dans la commune d'Ourlel, protestent depuis quelques jours devant la daïra pour dénoncer les lourdeurs administratives les pénalisant et demander une intervention du wali afin d'aplanir leurs difficultés journalières dans cette région. «Je suis ici depuis 25 ans. Je produis des dattes, des fruits et légumes et de la volaille, mais aux dépens du bien-être de ma famille et de mes enfants. Nous utilisons des groupes électrogènes et des pompes à eau fonctionnant au gas-oil, car nous n'avons pas d'électricité conventionnelle malgré les promesses des autorités concernées de nous raccorder au réseau de distribution d'électricité. Nous n'avons pas de pistes carrossables ni de routes goudronnées pour accéder à nos champs et à nos exploitations agricoles dans de bonnes conditions», se plaint l'un des manifestants. «Les autorités concernées nous ont promis de planifier des projets pour désenclaver cette zone en y aménageant des pistes, une école primaire et un centre de soins et de penser à ouvrir une ligne de transport scolaire pour nos enfants collégiens et lycéens, mais cela reste lettre morte. Nous luttons contre le mal-vivre, la canicule et les scorpions pullulant dans ces zones oubliées. Notre vie est des plus difficiles, car les procédures administratives sont lourdes et les décisions en notre faveur des autorités publiques et des élus s'éternisent sans raison valable. La première des priorités pour nous est d'avoir de l'électricité, des pistes aménagées et une école pour nos enfants en bas âge», ajoute un autre fellah n'ayant pas peur des pléonasmes. Signe du désarroi des agriculteurs quant à leurs relations avec l'administration, des habitants de Doucen, commune située à 80 km au sud-ouest de Biskra et qui s'impose comme une des régions les plus productives d'Algérie, ont interpellé la semaine dernière le wali de Biskra, Ahmed Kerroum, lors de son passage dans leur ville pour donner le coup d'envoi de la rentrée scolaire. «Nous attendons depuis des années des actes de propriété et des autorisations pour forer des puits et développer nos exploitations agricoles, mais en vain. Les autorités locales nous gavent de promesses, mais nous ne voyons rien de concret sur le terrain. L'administration paralyse notre activité», lui ont-ils dit. Comme à son habitude, celui-ci a longuement écouté les intervenants et promis que tout sera fait dans le cadre de la réglementation et des lois du pays pour les aider et leur apporter assistance.