Des particuliers tentent de déposséder des fellahs de leurs parcelles, au mépris des lois, qui plus est, sous le regard impuissant des autorités publiques. Un groupe d'agriculteurs de la commune de Meziraâ, à 60 km au nord-est de Biskra, dans la daïra de Zéribet El Oued, a pris attache, hier avec la presse, pour dénoncer «l'insécurité régnant depuis des mois à Beghila». Selon leur porte-parole, ces exploitants agricoles seraient la cible d'une commission tribale d'attribution de parcelles agricoles dont ils ne reconnaissent ni la légitimité, ni les méthodes «maffieuses», selon leur mot, ni les prérogatives dont celle-ci se prévaut. Pointant du doigt la passivité des autorités locales «connaissant parfaitement la situation mais qui tardent à agir contre ce second collège», selon leurs dires, ils menacent de recourir à l'autodéfense qui aura des conséquences «regrettables mais nécessaires». Selon Chabane Bouhitem, cette commission constituée illégalement par de pseudo- propriétaires tribaux mène des activités parallèles aux lois de la République, qu'elle ne reconnaît pas. «De quel droit procède-elle à des relevés topologiques et à des attributions de terrains agricoles dont nous avons légalement acquis les droits d'exploitation ? Où étaient ces prétendus propriétaires tribaux quand ces terres étaient abandonnées, sans électricité, ni eau, ni pistes d'accès ?» s'interroge-t-il. Cet agriculteur, exploitant 33 ha à Beghila depuis 1998 en vertu de la loi 18/83 du plan de revalorisation des terres agricoles, raconte que des hommes ont attaqué ses terres et mis le feu à un appareil de forage d'un puits dont il possède toutes les autorisations et descriptions techniques. Les assaillants dont un aurait reconnu les faits auprès des services de sécurité, ont aussi menacé ses employés de mort s'ils restaient sur les lieux, Ces faits se seraient passés au mois de mars de l'année en cours. Quelques jours après, une bande d'hommes encagoulés ont assailli son exploitation agricole pour détruire les serres et saccager ses champs. Toujours selon notre interlocuteur, beaucoup de fellahs de Beghila redoutent d'en arriver aux armes pour défendre leurs biens contre ces agressions dont les instigateurs sont connus. Ils réclament l'accélération des procédures judiciaires, que bon nombre d'entre eux ont lancées. Ils espèrent aussi que la voix du wali de Biskra, Messaoud Djari, sera entendue. Celui-ci a instruit et exhorté publiquement, à travers les ondes de la radio locale, les chefs de daïra et toutes les autorités compétentes et notamment la direction de l'agriculture, à veiller aux stricts respects des lois et règlements régissant le secteur du foncier agricole.