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«De nouvelles perspectives de partenariat dans l'industrie et l'agriculture» Alexey Shatilov. Représentant commercial de la fédération de Russie en Algérie
«L'Algérie a négligé sous Bouteflika ses relations avec la Russie réduites à l'achat d'armements, sans arriver parallèlement à faire de l'Europe et des USA des partenaires stratégiques», nous disait, il y a quelques mois, l'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, pour qui l'Algérie a négligé le fait que la Russie soit une puissance industrielle qui puisse apporter son appui dans la diversification de l'économie. Mais aujourd'hui, les relations économiques semblent sur la voie du renforcement. Justement dans ce domaine, les Russes qui sont liés à l'Algérie via un accord stratégique conclu en 2001 sont intéressés par la reconstruction du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Mais aussi par d'autres projets dans le transport ferroviaire. Ainsi, après avoir été confinés dans le seul domaine militaire, les échanges économiques s'annoncent élargis vers l'industrie et l'agriculture, comme nous le dit dans cet entretien le représentant commercial de la fédération de Russie en Algérie, et ce, en attendant l'investissement direct. – Comment évaluez-vous la coopération algéro-russe ? Les relations entre l'Algérie et la Russie ont bien évolué au cours de ces dernières années. Et ce d'autant qu'elles sont toujours stables au niveau politique. L'amitié entre les deux pays est vérifiée depuis des années, depuis plus d'un demi-siècle. Il ne faut pas oublier que la Russie a appuyé l'Algérie pour son indépendance. Les deux pays ont certes traversé des périodes difficiles avec la décennie noire en Algérie et l'ouverture de l'économie russe mais ils ont fini par reprendre leurs relations après la rupture. Preuve en est, de 2007, date de mon arrivée en Algérie à aujourd'hui, le volume de la coopération commerciale a été multiplié par six. Ils sont passés de 700 millions de dollars à 4 ,6 milliards de dollars. Certainement, il y a des branches industrielles dans lesquelles la Russie est forte et qui pourraient ouvrir de nouvelles perspectives de partenariat. Il y a la coopération militaire qui représente les tiers de nos échanges. Le reste va au domaine civil, c'est-à-dire l'industrie des les grands équipements et la construction des infrastructures industrielles comme les centrales électriques de Jijel et Annaba. Il y a aussi l'usine d'El Hadjar. Des exemples qui sont un héritage de notre passé soviétique et qui ont besoin de maintenance. Nos compagnies sont présentes dans différents domaines, comme l'énergie mais pour nous c'est plutôt une coopération stratégique que nous développons avec l'Algérie qui est le meilleur ami de la Russie en Afrique. – C'est-à-dire ? Une coopération stratégique pas comme celle qu'entretiennent les pays européens avec l'Algérie, à l'exemple de la France, l'Italie et l'Espagne qui ont besoin de votre gaz. Si vous regardez le marché européen, vous êtes le troisième fournisseur de gaz après la Russie et la Norvège. Dans ce domaine, on peut vous apporter notre appui et notre savoir-faire technologique pour développer le secteur mais ce n'est pas par la nécessite d'être le client de votre gaz certainement. Par ailleurs, nous travaillons dans le cadre de l'OPEP et du forum des exportateurs de gaz. Nous sommes sur la même ligne et nous partageons les mêmes positions. – Justement, qu'est-ce qui fait la différence par rapport à la Russie ? Je pense que c'est une position indépendante parce que la Russie peut proposer d'autres solutions pour développer l'économie algérienne. Actuellement, avec la globalisation il y a des pays qui proposent ces possibilités mais il ne faut pas toujours orienter le choix sur un modèle de coopération précis. Je le répète, la Russie peut proposer autre chose. Ce qui ne correspond pas aux idées américaine et européenne. – Quelles sont les perspectives que vous proposez ? Des exemples de la fiabilité des produits que nous exportons vers l'Algérie, comme l'armement, témoignent de la qualité de ce que nous fabriquons en Russie. Il y a plusieurs projets qui sont en négociations avec l'Algérie, notamment pour la fabrication de wagons pour la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf) Il y a aussi la reconstruction de l'usine d'El Hadjar, un projet sur lequel les négociations avancent bien. – Quelle évaluation faites-vous du climat des affaires en Algérie ? L'Algérie manque d'attractivité pour les investisseurs. La législation est un facteur freinant. Par exemple, la règle 51/49 est bonne pour les secteurs stratégiques mais pas pour développer d'autres segments telles les hautes technologies. – Quid des échanges dans le domaine agricole avec ces discussions sur l'importation de blé russe par l'Algérie ? C'est un marché potentiel très intéressant. Une délégation algérienne du secteur de l'agriculture a effectué une visite en Russie en septembre dernier pour discuter des possibilités d'importer les céréales et la viande bovine russe. Le ministre russe de l'Agriculture se rendra, pour sa part, en Algérie pour poursuivre les discussions autour de ce dossier. Mais, la date n'est pas encore fixée. En principe nous pouvons travailler sur ces deux produits. Pour le moment, il n'y a pas d'accord, juste un intérêt mutuel. Avec le temps, on va aller vers une bonne coopération dans ce domaine. Ce qui inquiète la France, fournisseur principal de l'Algérie en céréales. Je dirais qu'en plus de l'industrie, les perspectives de coopération s'annoncent aussi bonne dans l'agriculture surtout avec la qualité de la production agricole algérienne. – Un forum d'affaires algéro-russe en perspective ? Je pense que le forum se tiendra en février 2019 en Russie. A cette date est prévue une session de la commission mixte algéro-russe. L'année passée, la rencontre a eu lieu à Alger.