Il est des livres qui nous réconcilient avec nous-mêmes. Avec l'histoire du pays. Parcours d'un combattant de l'ALN de la wilaya III ; organisation des services de santé au maquis est incontestablement de ceux-là. Dans un style alerte, Abdelmadjid Azzi revient dans son témoignage sur les différentes étapes de sa vie de moudjahid intégré dans les services de santé de la Wilaya III historique. Très exigeant, l'auteur, natif d'Akbou (Béjaïa), commence par rappeler, dans la 4e édition revue et augmentée, ses souvenirs de la prime enfance. Une enfance marquée par des événements qui peuvent paraître, soutient-il dès l'abord, «anodins», mais qui ont imprégné sa conduite et forgé ses sentiments d'adulte. Suivant son père — chef de gare et chahid de la première heure — dans ses déplacements à travers le pays, l'enfant qui a pu suivre son parcours scolaire, bon an mal an, était conscient de «l'impossible cohabitation entre deux communautés dans une vie faite quotidiennement d'indignité, d'injustice et de discrimination». Le combattant rejoint le maquis vers la fin de l'année 1956 «après plusieurs mois d'attente», en compagnie d'un parent à lui, Makhlouf Hamlate. L'un des mérites du livre, publié à compte d'auteur avec le concours d'Alger-Livres éditions et présenté par Abderrahmane Rebahi, c'est qu'il brosse les portraits de maquisards de valeur, dont plusieurs sont restés inconnus de leurs jeunes compatriotes. Le portrait d'Amirouche Aït Hamouche, l'immense colonel calomnié de la Wilaya III, qu'il a eu, assure-t-il, le «privilège de rencontrer et de saluer» au village Ighil Oumced à Chellata, est saisissant. «Il était grand de taille, l'œil vif, la moustache bien fournie mais soigneusement taillée. On remarque tout de suite, lorsqu'il sourit, qu'il manque une moitié de son incisive gauche, trace laissée, paraît-il, après un pugilat en France tandis qu'il militait au sein du MTLD», détaille-t-il affirmant avoir été «très impressionné mais surtout fier» de se trouver en présence d'un homme valeureux dont la célébrité, fait-il remarquer, a largement dépassé les frontières du pays et dont la seule évocation du nom faisait trembler ses adversaires les plus terribles. Participant dans l'une des plus performantes structures de santé de l'ALN, le jeune combattant aura pour mission de soigner des moudjahidine, dont certains touchés par le complot de la bleuite. La lecture des quelques passages sur cet épisode douloureux de notre glorieuse guerre (chapitre IX) permet aux lecteurs de saisir les tenants et aboutissants du complot mené par le sinistre capitaine Alain Léger. Signalons que la lecture des Mémoires de M. Azzi est facilitée par un index bien détaillé, chose qu'on ne retrouve malheureusement pas dans des témoignages de la période coloniale, où les auteurs s'embrouillent et n'adoptent pas de méthodologie qui leur aurait permis de se faire comprendre aisément.
A retenir : Abdelmadjid Azzi dédicacera ses livres : Parcours d'un combattant de l'ALN Wilaya III… ; Le Mouvement syndical algérien à l'épreuve de l'indépendance, jeudi et vendredi, après midi, au pavillon central stand B16 « Alger-Livres Editions »