3-Vous avez déjà souligné l'intérêt d'une planification que l'Algérie a déjà expérimenté dans les années 1970, alors que l'orientation était plutôt socialisante. Aujourd'hui vous être favorable à l'économie de marché dont vous avez été le fondateur en 1992 en créant l' Association algérienne de développement de l'économie de marché (ADEM). Il existe un théorème universel en sciences politiques : 20% d'action bien ciblées ont un impact de 80% sur la société. Par contre, 80% d'actions mal ciblées que l'on voile par de l'activisme ont un impact seulement que de 20% et de faite de vision stratégique avec des coûts financiers. Les actions sectorielles doivent se mouler au sein d'une fonction, objectif stratégique devant différencier pour paraphraser les militaires tactiques et stratégie devant tracer un registre d'engagements pour le court terme et le moyen terme. Cela nécessite de profondes réformes qui seront douloureuses, mais déterminantes, dépassant de loin les enjeux internes de pouvoir pour s'inscrire de plain- pied dans le plan géostratégique des puissances de ce monde. Ainsi, le plan de relance s'inscrivant dans le cadre d''une planification stratégique datée, doit définir clairement les objectifs – court, moyen et long terme. Car un pays qui veut se développer doit préparer les choix qui permettent d'en saisir les conséquences basées sur des études précises qui doivent indiquer : -comment se pose le problème,-quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l'Algérie); -quels sont les contraintes socio-économiques, financières et techniques internes ; -quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix, -quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen termes) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe. Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient d'apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : – Quoi ? – Qui ? – Où – Quand ? – Comment ? – Combien et Pourquoi ? La structure de l'action en faveur des réformes est globalement formée de cinq segments qui fondent le processus opérationnel de mise en œuvre : l'administration qui constitue la cheville ouvrière par son importance stratégique ; la société civile/syndicats, collant à la réalité et non appendices de l'administration ; les citoyens dans leur diversité ; les partis politiques et les opérateurs publics et privés. Dès lors se pose quatre questions : premièrement : Peut-on parler de stratégie économique sans tenir compte des mutations tant internes que de l'économie mondiale ? Deuxièmement : Peut-on continuer à perfuser des entreprises publiques qui ont coûté à la collectivité nationale – selon les données officielles du Premier ministère plus de 250 milliards de dollars durant ces trente dernières années (source APS janvier 2021) pour arriver à la case départ ? Troisièmement : les politiques socio-économiques s'adapteront-elles à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n'existant pas de modèle statique, ou vivront-ils toujours sur des schémas mécaniques dépassés des années 1970/1980 conduisant le pays à l'impasse ; quatrièmement : la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, n'implique t-elle pas, pas une lutte contre le terrorisme bureaucratique afin de libérer les énergies créatrice devant remplacer les relations de clientèles et le régionalisme, afin de redonner sa place aux compétences réelles. La vision néfaste du bureaucrate est de gérer par voie administrative, souvent autoritaire sans consultations et lors qu'il y a un problème est de créer des commissions et de pondre de nouveaux textes juridiques, dont des circulaires, décrets, lois, ect. déconnectés de la société. C'est que le XXIe siècle sera dominé par l'émergence de réseaux décentralisés, qui remplaceront les relations personnalisées d'Etat à Etat dans le domaine des relations internationale avec le développement de l'intelligence artificielle) qui révolutionne tout le système mondial. 4.- Quelle perspectives pour l'Algérie face aux nouveaux enjeux géostratégiques ? Attention à la dérive inflationniste par l'augmentation de salaires sans contreparties productives qui engendreraient une dérive inflationniste incontrôlée surtout en cas de baisse des recettes des hydrocarbures. Pourtant, l'Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot . Face à un monde turbulent et instable et à des besoins sociaux internes croissants, doit se libérer de la forte dépendance des hydrocarbures dont les prix volatils échappent à la décision interne. Aussi, le défi principal de l'Algérie pour asseoir une économie diversifiée et attirer les IDE créateur de valeur ajoutée implique une vision stratégique s'orientant vers une économie de marché concurrentielle mais à finalité sociale, la cohésion sociale en symbiose avec une réelle décentralisation pour impliquer les citoyens , pour moi étant le cœur du développement, donc aller vers de profondes réformes structurelles dans le cadre d'une planification stratégique. La réussite du développement de l'Algérie 2025/2030 afin d'éviter les tensions sociales et sécuritaires existant un lien dialectique entre sécurité et développement partant d'un bilan objectif, doit s'attaquer aux fondamentaux du blocage et trouver des réponses réelles qui répondent en priorité aux aspirations de la population algérienne en lui redonnant la confiance. En s'adaptant tant aux mutations internes qu'aux nouvelles mutations mondiales, grâce au renouveau de la gouvernance, et la valorisation du savoir, l'Algérie forte de ses importantes potentialités, peut devenir un pays pivot et être facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine. L'enjeu du développement de l'Algérie dépasse le cadre national car toute déstabilisation de l'Algérie, comme je le soulignais à l'American Herald Tribune (USA 2018) aurait des répercussions géostratégiques sur toute la région. Mais avant tout, l'Algérie sera ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu'elle soit. Professeur des Universités, Docteur d'Etat, Abderrahmane Mebtoul