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Rétrospective au Musée des beaux-arts d'Alger. Farès : le retour
Publié dans El Watan le 23 - 11 - 2018

Après une longue absence artistique puis médicale, le peintre Farès Boukhatem vient reprendre le cours de son œuvre et de sa vie.
Cette semaine encore, si d'abord nous avons l'humilité de reconnaître qu'en matière d'expositions, nous sommes plutôt à la traîne au Maghreb, nous pouvons signaler que les amateurs d'art ont l'embarras du choix entre toutes les offres de galeries et autres espaces, du moins à Alger. Dans le lot, l'exposition d'Areski Larbi à Espaco (El Achour) semble se détacher.
Nombre de visiteurs professionnels en disent déjà le plus grand bien, affirmant même que le peintre a encore renouvelé son travail et ses résultats. En attendant d'aller le vérifier par nous- même, nous avons accordé la bienséance à l'exposition de Farès Boukhatem au Musée national des beaux-arts d'Alger. Au-delà du privilège de l'âge puisque né en 1941, l'artiste fait désormais partie des doyens de la peinture algérienne. Il s'agit d'une rétrospective, soit une exposition récapitulative de l'ensemble d'un parcours artistique.
Ce type de manifestation est assez rare pour justifier notre intérêt car, en suivant l'évolution d'un artiste dans le temps, cela permet d'apprécier non seulement la globalité de son œuvre avec ses continuités et ruptures mais aussi de situer celle-ci dans les différentes périodes de l'art algérien.
Par ailleurs, il est certain que Boukhatem se distingue dans le gotha artistique national par plusieurs singularités liées à sa vie et son travail. Nous n'avons pas pu assister au vernissage de l'exposition, samedi dernier, en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, également préfacier du beau livre édité à cette occasion par le Musée.
Mais il est toujours intéressant de visiter une exposition un jour ordinaire pour se rendre compte de son atmosphère et, surtout, de contempler les œuvres en toute quiétude. Ce mercredi après-midi, alors qu'Alger baigne dans un soleil quasi printanier, force est de constater ce à quoi nous nous attendions : quelques rares visiteurs, moins d'une dizaine.
Mais aussi une équipe de télévision (la Trois) entourant l'artiste en personne pour un passage au JT. Pour ne l'avoir pas vu longtemps, nous avons pu mesurer sur lui à la fois le poids de l'âge et l'effet de la lourde opération du cœur qu'il a subie à Bruxelles.
Retour
Mais Farès Boukhatem a conservé sa prestance, la silhouette toujours aussi mince et droite, l'œil vif et pétillant, et surtout cette pointe d'ironie qu'il a toujours eue au coin de la bouche. On s'en réjouit pour l'homme et sa famille car il revient de loin comme on dit. Et, du même coup, nous nous rendons compte que cette rétrospective n'est pas ordinaire dans la mesure où l'artiste avait disparu longtemps des radars de la visibilité et qu'il s'agit là non pas d'un parachèvement mais bien d'un retour.
Il le dit bien à ma consœur audiovisuelle et l'on comprend que sorti du bloc opératoire, c'est son atelier qu'il compte fréquenter, à la recherche de l'art perdu. Ce sentiment, il le connaît bien pour avoir plusieurs fois exprimé ses regrets d'avoir sacrifié sa production aux activités de secrétaire général de l'UNAP (Union nationale des arts plastiques) dans les années 60 et 70.
A ce propos, notre distingué confrère, Mouloud Achour, qui le connaît de près, écrivait dans le catalogue de l'exposition de 1990 (repris dans le beau livre de celle-ci) : «La vérité, quoi qu'en dise aujourd'hui Farès, est que les dix ans et plus passés avenue Pasteur furent moins de stérilité que de lente gestation. La mémoire se chargea de choses vues et vécues, d'expériences.
Il y eut des voyages et mille rencontres. Il y eut les credos et les doutes, les frustrations et les combats d'avance perdus, les illusions, les faux sacerdoces, les prêches inutiles, les intimités artificielles et les alliances factices». Pour ceux qui connurent l'artiste à cette époque, s'impose l'image d'un tribun aux exagérations légendaires, champion d'un art officiel, administrateur parfois implacable d'une union qui ressemblait plus à un parlement en crise qu'à une organisation d'artistes.
D'où les démissions, complots, polémiques, factions, etc. toutes choses que le recul rend presque dérisoires aujourd'hui alors que la plupart des acteurs de cette période épique ont disparu. Mais les rares témoins restants, même opposés à lui, reconnaissent aujourd'hui que, même dans ses errements, Farès Boukhatem était sincère.
Singularité
Peut-être ne mesurait-on pas alors qu'il tentait d'exprimer sa singularité, qu'il pouvait se sentir isolé, voire amoindri par la présence des membres déjà prestigieux de la génération dite des Trentenaires (car nés dans les années 30) qui, la plupart, s'étaient exilés en Europe durant la guerre de libération, avaient étudié l'art avant ou après et s'étaient enrichis des courants de l'art moderne.
Tous étaient nationalistes et avaient œuvré d'une manière ou d'une autre à l'indépendance. Une fois celle-ci proclamée, à quelques très rares exceptions, tous étaient rentrés au pays, décidés à y promouvoir l'art. Farès aurait-il été influencé par les idées d'exclusion apparues alors et qui continuent à sévir dans l'appréhension de notre histoire où l'on cherche plus à juger qu'à découvrir et comprendre ?
La singularité de Farès parmi les pionniers de la galerie Racim, épicentre de la vie artistique à l'indépendance et dans les années suivantes, est qu'il avait participé à la guerre de libération nationale dans les rangs de l'ANP. Orphelin à six mois dans son village natal de Morsott, près de la frontière tunisienne, il aide sa mère à fabriquer des poteries qu'elle vend au marché.
Puis il est pendant plusieurs années chez un oncle maternel à Tébessa où il éprouve des difficultés scolaires et découvre tout le poids de la répression coloniale. Début 1957, il a 16 ans et décide de rejoindre le maquis du massif de Houz el Kbir. Cette immersion au cœur de la guerre bouleverse l'adolescent qui sera blessé au combat. Sur son lit d'hôpital, il fait une rencontre marquante avec le Dr Frantz Fanon auquel il montre ses croquis et qui l'encourage.
A son retour dans les rangs de l'ALN, le talent de Farès Boukhatem est utilisé pour la contre-propagande. Cette histoire unique peut expliquer son attitude après l'indépendance.
Et la conservatrice du musée, Dalila Mahamed-Orfali, qui signe là un de ses plus beaux textes, nous éclaire à partir de l'inscription de Farès à l'Ecole nationale des beaux-arts qu'il quittera rapidement : «…le jeune homme dont la disposition d'esprit est plus militante qu'académique, ne tarde pas à se sentir en porte-à-faux avec cette élite artistique quelque peu marginale qui fréquente, en ces lendemains d'indépendance, l'école des beaux-arts ; il adopte d'autant plus rapidement une posture très personnelle, endossant cet uniforme de contestataire révolté qui lui tiendra longtemps lieu de marque de fabrique…».
Histoire et art
Mais, maintenant que ces histoires d'UNAP et autres ne paraissent plus avoir d'intérêt que pour les historiens de l'art (ou de la politique), il reste une œuvre que nous vous recommandons d'aller voir dans la Galerie des Bronzes du Musée (RDC). Vous y verrez une cinquantaine de croquis dessinés au maquis, au crayon et, semble-t-il aussi, au stylo à bille.
Des croquis que le jeune Farès a transporté dans son sac à dos, conscient de leur importance future. Ils ont pu être sauvés grâce à Josine Fanon, épouse de Frantz Fanon, à laquelle il les avait confiés lors de son hospitalisation. Ces œuvres au format de carte postale sur simples papiers ou cartons légers portent parfois le cachet de l'ALN.
Emouvantes par leurs sujets mais aussi leur traitement naïf, ce sont des pièces rares de l'histoire de la guerre de libération. Vous y verrez aussi les toiles issues de la première exposition personnelle de 1965, «Réfugiés», ou encore celles de l'exposition de 1987, «Boulhaf». Vous pourrez vous intéresser à ces visages de femmes peints durant son séjour hospitalier à Bruxelles ou encore la série à l'encre de Chine intitulée «Années noires» où l'on découvre un Farès Boukhatem sur des thématiques actuelles, fustigeant la démagogie, la corruption, la manipulation des foules, etc.
Le traitement très contemporain de cette série dévoile un artiste qui n'a pas épuisé ses capacités de renouvellement ni montré toutes ses audaces. Bien sûr aussi, on y compte la gentille série «Bouquets» où l'artiste aurait tenté par la joliesse des fleurs d'échapper à ses traumatismes de guerre mais qui ne produit aucun impact artistique particulier, surtout confrontée aux œuvres marquantes de la rétrospective, dont des toiles sublimes comme «Le chien orange» ou «Essamra et compagnie».
On espère que le public ne manquera pas cette exposition exceptionnelle qui se prolonge jusqu'au 16 janvier 2019 et que l'Education nationale y emmènera les lycéens pour un voyage entre histoire et art.


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