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Mohamed Abdelaziz. Président de la RASD
Publié dans El Watan le 11 - 08 - 2004

On assiste ces dernières semaines à d'intenses mouvements diplomatiques de l'Espagne et de la France dans la région du Maghreb. Comment évaluez-vous ce regain d'intérêt de ces deux puissances européennes pour le règlement du conflit sahraoui ?
L'intérêt manifesté par la France et l'Espagne pour résoudre le problème du Sahara-Occidental constitue un élément positif parce qu'il permet d'ouvrir le débat autour de la question. Cependant, nous constatons que les positions française et espagnole, même si elles ne sont pas complètement adéquates en apparence, sont en retard sur ce qu'elles doivent être. Elles sont en arrière par rapport à la nature du problème sahraoui qui est celui de la décolonisation devant trouver sa solution à travers l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. J'insiste particulièrement sur la France qui, en soutenant la vision marocaine, essaie d'imposer le fait accompli colonial marocain sur le Sahara-Occidental. Nous avons reçu pour la première fois, et en moins de deux mois d'intervalle, l'émissaire du gouvernement espagnol Bernardino Léon, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, qui a exprimé l'intérêt de son pays pour une solution rapide au conflit sahraoui. Ces deux visites dans les territoires libérés et dans les campements des réfugiés ont été l'occasion pour nous de dire clairement que l'Espagne doit soutenir un référendum d'autodétermination libre et démocratique au Sahara-Occidental et donc soutenir le plan Baker. Jusqu'à maintenant, la position espagnole est encore empreinte de confusion : un jour les Espagnols disent oui au plan Baker mais ajusté, et un autre jour ils se disent favorables à un dialogue algéro-marocain. L'Espagne fait un pas en avant et deux pas en arrière. Nous ne sommes pas tranquilles sur sa position, mais sommes très confiants dans la société civile espagnole qui a démontré qu'elle est pour l'autodétermination du peuple sahraoui et nous comptons sur elle pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il se conforme à la légalité internationale. L'Espagne, qui a été la puissance administrante et coloniale du Sahra-Occidental, a une responsabilité particulière parce qu'elle n'avait pas procédé à une décolonisation naturelle. Elle s'est retirée sans prendre ses responsabilités et continue en quelque sorte à collaborer avec le colonisateur marocain. L'Espagne doit enfin prendre ses responsabilités historiques et contribuer à trouver une solution basée sur le principe de la décolonisation et du respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Quel était le but de la dernière visite du secrétaire d'Etat espagnol Bernardino Léon et quel message vous a-t-il transmis ?
A l'issue de sa première visite, Bernardino Léon avait promis de revenir pour nous communiquer les résultats des contacts qu'il a eus avec les différentes parties. Il est venu dire l'intérêt de l'Espagne pour le règlement du problème sahraoui. Il est également venu dire qu'elle n'a pas de plan prêt pour le règlement du conflit sahraoui et démentir toutes les rumeurs à propos de son existence. Il nous a assurés que l'Espagne est prête à entendre toutes les parties et à écouter les propositions et les idées du Polisario et qu'elle considère que le plan Baker est une base intéressante pour le règlement du conflit. L'Espagne a également proposé des aides humanitaires aux réfugiés sahraouis.
On évoque de plus en plus ces derniers temps l'existence d'un axe Paris-Madrid-Washington pour un règlement politique du conflit sahraoui. Qu'en pensez-vous ?
Je ne peux pas encore arriver à la conclusion de l'existence d'un axe Paris-Madrid-Washington. En dépit de notre indignation par rapport à la position de la France et notre réprobation de sa vision officielle du problème et malgré notre manque de sérénité par rapport à la position espagnole, nous enregistrons positivement la position américaine qui s'est exprimée dernièrement. Lors d'une conférence de presse qui a coïncidé avec la fin de la visite du roi Mohammed VI à la Maison-Blanche, le porte-parole de la diplomatie américaine a souligné que les Etats-Unis sont pour une solution rapide au conflit et travaillent avec les Nations unies et avec les différentes parties en nommant clairement le Polisario pour une solution définitive et juste sur la base du plan Baker. Nous considérons comme positive et constructive cette position qui est intervenue dans un contexte particulier qui correspond à celui de la visite aux USA du roi du Maroc. Une autre position constructive est la non-intégration du Sahara-Occidental dans l'accord de libre-échange avec le Maroc. Ces prises de position intervenues dans un laps de temps très court inquiètent d'ailleurs énormément le gouvernement marocain.
Le remplaçant de James Baker, Alvaro de Soto, a annoncé dernièrement qu'il entamera une série de concertations avec les parties en conflit à partir du mois d'août. Le Polisario a-t-il été contacté ?
Alvaro de Soto était, avant la démission de James Baker, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, chargé de la gestion de la Minurso. On le connaît bien avant cela et nous avions eu des contacts avec lui. Avec la démission de James Baker, que nous regrettons beaucoup, Kofi Annan lui a confié le dossier. Nous ne l'avons pas rencontré depuis qu'il a pris cette mission, mais il nous a informés qu'il effectuera une visite en septembre prochain. Nous sommes dans l'attente.
Que pensez- vous de la proposition faite par le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Moratinos, de doter Alvaro de Soto de plus de prérogatives pour rechercher une solution au conflit du Sahara-Occidental ?
Nous sommes clairs et nous l'avons dit au gouvernement espagnol. Le problème n'est pas dans la recherche d'un plan de règlement. Celui-ci existe, et c'est le plan Baker, que le Conseil de sécurité a approuvé et appuyé à l'unanimité en juillet 2003. Que ce soit Alvaro de Soto ou un autre, il n'a pas à chercher de solution, il a à convaincre le gouvernement marocain de l'application du plan Baker. Ce dernier est un tout et ne peut être discuté à nouveau. Si on l'ouvre, il n'en restera rien, il deviendra autre chose. Nous sommes fermes pour la mise en application du plan Baker sans changement. S'il y a un mot étranger dans le plan, on reviendra à l'origine, c'est-à-dire aux accords de Houston qui ont été approuvés par le Maroc et le Polisario et signés après négociations avec l'aval de la communauté internationale.
Mais justement, comment entrevoyez-vous l'avenir du plan Baker à la lumière des dernières évolutions ?
Le rendez-vous du 31 octobre, qui marque la fin du mandat de la Minurso, sera l'occasion de débattre à nouveau de la situation au sein de l'ONU sur la base d'un nouveau rapport du secrétaire général. Le Conseil de sécurité doit alors prendre une décision. A mon avis, avant la fin des élections américaines et la venue d'un nouveau gouvernement américain, il ne risque pas d'y avoir d'évolution. Le Conseil de sécurité va certainement voter un prolongement technique du mandat de la Minurso et donc le plan Baker continuera à être encore sur la table. Nous appelons la communauté internationale à faire pression sur le Maroc pour qu'il accepte la mise en application du plan de paix.
Avez-vous l'impression que le Maroc se trouve aujourd'hui sous pression ?
Pour la première fois, la position marocaine est isolée en dépit du soutien de la France, membre permanent du Conseil de sécurité et puissance mondiale. Le Maroc a remis en cause le principe du référendum après la mort de Hassan II. Il est aujourd'hui difficile de trouver un défenseur de cette position, et même la France est gênée de le faire. On ne peut aller à l'encontre du verdict de la Cour internationale de La Haye. La RASD est reconnue par 70 Etats à travers le monde. M. Baker, alors chef de la diplomatie américaine, s'est engagé pour organiser des négociations directes entre le Maroc et le Polisario. Et voilà que le nouveau roi du Maroc dit qu'il s'agit d'un problème entre l'Algérie et le Maroc. Qui va-t-il convaincre avec cette thèse ?
Tout récemment, un appel des «nationalistes» sahraouis a été diffusé par internet reprochant au Polisario une attitude d'attentisme devant les tergiversations du Maroc et demandant la reprise des armes. Que pensez-vous de cette réaction qui traduit l'exaspération des Sahraouis devant ce long blocage ?
Je ne cache pas que le peuple sahraoui, le Front Polisario, ses militaires et ses civils vivent une sorte de déception et de frustration envers l'ONU qui avait donné sa parole d'honneur en 1991 pour organiser un référendum d'autodétermination en échange du cessez-le-feu. Nous avons stoppé la résistance sur cette base. Mais treize ans plus tard, le référendum n'a toujours pas eu lieu. A cette époque, le défunt Hassan II disait qu'il était prêt à organiser un référendum pour l'indépendance ou l'intégration du Sahara-Occidental et s'engageait à respecter la décision des urnes. Aujourd'hui, nous nous trouvons dans une drôle de situation. Le cessez-le-feu est toujours en vigueur, le référendum n'a toujours pas eu lieu, et le Maroc dit que son interlocuteur dans ce problème est l'Algérie et non le Front Polisario et qu'il n'est pas près d'organiser un référendum d'autodétermination. En tant que direction du Polisario, nous sommes sous la pression. Il y a certes de la frustration, mais je vous assure que le peuple sahraoui est uni et unanime autour de l'objectif de l'indépendance nationale et de la liberté aussi bien dans les territoires occupés, dans les camps de réfugiés que dans l'exil. Concernant l'appel, j'ignore qui en sont les auteurs, je l'ai vu sur internet comme tout le monde. Je ne pense pas, malgré toute la frustration que le peuple sahraoui vit, qu'il émane de nationalistes sahraouis.
Envisagez-vous le retour aux armes si le blocage persiste ?
C'est une éventualité toujours présente tant que les raisons de la guerre existeront encore, c'est-à-dire celles de la colonisation marocaine. Ce sera un acte légitime pour se défendre. Quand et comment ? Les prochains jours nous le diront. Tant que les Nations unies continuent à travailler pour l'organisation d'un référendum libre et démocratique et tant que les efforts internationaux iront dans ce sens, on collaborera. Mais lorsque nous ne verrons plus ça, nous reviendrons à nos armes.


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