Alors que 34 projets d'un montant de 773 millions de dinars d'investissement sur un total de 39, inscrits au programme du secteur de la pêche dans la wilaya d'Oran, ont été livrés dans le cadre de la relance des ressources halieutiques, le prix du poisson en général et de la sardine en particulier on atteint leur apogée. Le poisson du pauvre, riche en calcium, est devenu un produit de luxe. Aux yeux des nombreux citoyens, cette situation « est voulue par les patrons pêcheurs qui fixent les prix à leur guise ». Les « mareyeurs et les propriétaires des bateaux de pêche agissent de connivence pour maintenir le prix de la sardine au sommet de la mercuriale », marmonne une vieille femme à l'idée de renter chez elle le couffin vide. Comme elle, des ménagères tournent en rond dans les marchés publics à la recherche de la précieuse sardine pour agrémenter ne serait-ce qu'un repas. « Avant, on trouvait de la sardine partout. Son prix n'excédait pas les dix dinars. Toutes les familles oranaises se délectaient de ce poisson que l'on préparait soit en sauce soit grillé sur un feu de bois », se souvient cet enseignant à la retraite. Au niveau du marché de la Bastille, les rares clients qui « osent » encore faire une halte devant les poissonniers réfléchissent à deux fois avant d'acheter un kilo de sardine. « Les gens nous accusent de tirer profit de cette situation. Nous subissons aussi les effets néfastes de la pénurie de la sardine », affirment des poissonniers de la Bastille. Selon eux, le prix du cageot de sardines est acheté à 3800 dinars au lieu de 600 dinars il y a à peine quelques semaines. « Dernièrement, j'ai payé 14 000 dinars pour l'achat de quatre cageots de sardines », ajoute un autre poissonnier. Pourtant, les gros moyens mis par le ministère de tutelle à l'effet de booster un secteur qui perd de l'aile sont énormes. Avec la création en 2005 de l'Institut des technologies de la pêche à Oran et la formation de plus de 200 marins pêcheurs en 2008, le secteur de la pêche ahane sous le poids du profit. Si les poissonniers mettent en cause les mareyeurs, ces derniers à leur tour rendent responsables les patrons pêcheurs de l'envolée du prix de la sardine. Ces derniers ne s'embarrassent guère de planter le clou du décor en responsabilisant les intermédiaires qui contrôlent et fixent en même temps le prix de la sardine. Affichant un optimisme béat, des responsables du secteur de la pêche parlent, quant à eux, d'une prochaine reprise des captures de la sardine dans les semaines à venir. En attendant, le non-respect de la période de reproduction de la sardine est l'une des raisons à l'origine de sa raréfaction.
