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Ce patrimoine national méprisé
Publié dans El Watan le 11 - 01 - 2005

Généralement, les contes sahariens sont beaux, vous charment et vous laissent rêveurs. Mais, depuis quelque temps, cette douce quiétude est perturbée par les errements de gens en mal d'exotisme qui ne respectent ni la mémoire des «pierres» ni leur silence, et encore moins notre tranquillité.
Les faits
Après le rapt de touristes il y a de cela une année, c'est au tour d'un autre groupe d'Allemands de faire la une des journaux, entre disparition et figure aventurière. Le procès, les accusations avec ses vérités et ses contrevérités et le flou entretenu par la défense sur les rôles du guide et de l'institution qu'est le parc du Tassili, a de quoi surprendre. L'alibi, qui consiste à dire que les Allemands ne savaient pas que l'erg Admer faisait partie du Parc national du Tassili ou que ce dernier soit classé par l'Unesco comme patrimoine mondial de l'humanité, paraît léger et irrecevable dans sa formulation et dans le fond. Pour avoir voyagé à travers le monde avec beaucoup d'Occidentaux, les gens insistent beaucoup sur la documentation et l'information des lieux à visiter. Ces documents sont leur première préoccupation, quasiment impérative et nécessaire. Le problème ne réside ni dans la qualité du guide ni dans la pseudo-incompétence du directeur de l'ONPT à défendre le territoire de son institution. Accabler le guide d'être malade, ne sachant parler ni «l'arabe ni le français ni l'anglais» est un bien mauvais procès. S'il y a problème, c'est comment justifier la possession de ces pièces archéologiques entre les mains de ces «intellectuels» ?
Certes et quand bien même l'arrestation et le procès de ces Allemands auraient été «surmiédiatisés», il n'en demeure pas moins que cette histoire, somme toute banale sous d'autres cieux, vient de lever un coin de rideau sur les graves manquements liés à la gestion de notre patrimoine culturel national, la faiblesse des moyens humains et matériels à même de protéger nos sites archéologiques et surtout l'absence totale de politique de formation de guides touristiques pour le grand Sud algérien. On pourrait parler de malchance pour ces Allemands, mais force est de constater que depuis des lustres, des pratiques anormales avaient cours dans ces immenses étendues désertiques.
Comme ce guide touristique suisse rencontré en 1989 à Tamanrasset qui traversait l'Algérie du Nord au Sud en 4×4, avec quatre ou cinq clients pour terminer son voyage jusqu'à Bamako, laissait ce groupe, reprenait un autre et refaire le même trajet jusqu'à Alger puis Marseille. Et ces bus-dortoirs venus d'Europe ou d'ailleurs, pleins de touristes, qui sillonnaient le Sahara sans guide, depuis une vingtaine d'années.
Combien de «pierres» sahariennes ont-elles été ramassées par des mains innocentes ? Combien de fragments de poterie de l'art saharien ou de météorite ont disparu ? Lorsqu'on connaît le prix d'un gramme d'une météorite sur le marché mondial, on a de quoi être ahuri : jusqu'à 1500 $ US ! Sachant qu'année après année, tous ces fragments de poterie ou «pierres» se retrouvent dans un petit musée de quartier. Chose visible dans certaines villes d'Europe, comme ce reportage vu à la télé sur ce musée de l'art afghan, installé dans une ville suisse, dixit sont propriétaire. «C'est pour préserver la culture afghane». Sans commentaire ! Entre ces «intellectuels» innocents et cet «intellectuel» chercheur (archéologue français, faisant partie d'une célèbre équipe de recherche, arrêté à l'aéroport du Caire avec des pièces archéologique, de l'époque pharaonique), où est le vrai du faux et le faux du vrai ?
La fonction d'une personne n'a jamais été le gage de son innocence, et si les autorités algériennes ont jugé avec fermeté et rapidité, c'est de leur droit le plus absolu, et ce, en fonction des lois portant sur la protection du patrimoine culturel national. On peut trouver des boucs émissaires en la personne du guide ou bien celle du directeur de l'ONPT, mais personne n'a le droit de réduire nos richesses culturelles à un vulgaire tas de pierres. Pareille attitude frise le mépris et ne fait que conforter ceux qui écument l'Algérie ou d'autres pays du tiers-monde pour remplir leurs musées où chaque visite est payée rubis sur l'ongle, au grand désespoir des chercheurs et au détriment des populations locales espérant vivre du tourisme. Le terme «délit de pierres» est une insulte à tous ceux qui travaillent à la préservation de ce patrimoine culturel. Nombreux sont les associations, simples personnes, enseignants ou retraités qui le font bénévolement, ayant compris la richesse de ces patrimoines naturels, historiques et archéologiques.
On peut trouver diverses échappatoires pour minimiser l'acte de ces touristes, mais de là à vouloir accabler, à tout prix, la partie algérienne, pareille attitude n'honore pas la profession et n'innocente en rien l'acte des Allemands, et devrait au contraire nous pousser à replacer le débat dans toute sa nudité : l'Algérie protège-t-elle bien ses richesses naturelles et archéologiques, notre patrimoine à nous tous ? Cela nous interpelle tous, décideurs, chercheurs ou simples gardiens de site. Que chacun mette «sa pierre» à l'édifice. Lorsqu'on sait que chaque campagne de fouille peut durer deux à trois mois et générer des centaines de postes de travail temporaires, on peut aisément déduire les incidences tant sur la protection du patrimoine que l'enrichissement même partiel des populations enclavées. Le simple fait de déplacer un fragment de poterie de quelques mètres sur un site peut induire en erreur les chercheurs.
Qu'adviendra-t-il de ce site si jour après jour ces «pierres» ou ces fragments de poterie disparaissent ? C'est une des raisons qui poussent certains Etats à établir des périmètres de sécurité autour de ces sites sensibles afin d'éviter toute dégradation du lieu ou déperdition d'éléments de référence.
Pour revenir à certains faits concrets : lors du séminaire de décembre 1987 à Djanet, beaucoup de décisions avaient été prises concernant l'aménagement, la sauvegarde et la protection de certains sites dits «sensibles» : comme celui de La vache qui pleure, les sites funéraires disséminés près de l'erg Admer, les peintures rupestres de Djabaren, les villages fantômes et les gorges d'Essendilène. En fait beaucoup de paroles, de discussions et d'écrits et puis rien ! Manque d'argent ou manque d' encadrement ?
Que pèsent nos 20 DA comme prix d'un ticket d'entrée dans un musée ou site archélogique en Algérie, alors que près de chez nous, on paye 6 DT (420 DA) pour le musée du Bardo à Tunis ; 17 dollars (1700 DA) pour monter jusqu'à la cime du Kilimanjaro à travers un itinéraire fixe, accompagné de guides porteurs (parlant peu anglais) ; 10 dollars (1000 DA) pour traverser le fleuve Urubamba et commencer le périple de quatre jours sur le Camino inca jusqu'à Machu Pichu : 10 dollars pour visiter Cusco et ses environs ou bien 10 dollars pour admirer les splendeurs architecturales du centre de Chicago en 45 minutes.
Lors d'une visite au parc de Ngorongoro, en Tanzani, j'ai vu une scène assez forte et ô combien symbolique. Un touriste italien a voulu épater ses copins en prenant entre ses mains un serpent et l'exhibant en l'air comme un trophée. En application du règlement (ne pas déranger les animaux, ne pas arracher les plantes…), la réaction du gardien du parc a été immédiate : confiscation du passeport, amende de 10 dollars et interdiction de descendre du véhicule jusqu'au retour à l'hôtel. Ou ce touriste français condamné à une forte amende pour avoir arraché une fleur endémique, très rare, dans un parc national en France.
Conclusion
Il serait vain et hasardeux de persister dans cet aveuglement qui consiste à se détourner de ces «pierres» qui jonchent le territoire national et croire qu'elles n'ont aucune valeur. Il serait plus judicieux que chacun de nous s'y mette afin de collecter ces multiples morceaux d'un puzzle d'une histoire à se réapproprier, à en faire sienne, partie intégrale de notre culture. Un fragment d'histoire peut être décodé à travers la lecture de ces «pierres», un fragment de poterie, une pointe de flèche, les restes d'un ancien campement, les traces de feu dans une grotte… C'est avec d'infinies précautions qu'archéologues, ethnologues, paléontologues, diététiciens, agronomes et même de nos jours, criminologues, scannent les moindres «pierres», os, restes d'aliments pour en arracher le maximum, remonter le temps afin de continuer inlassablement à écrire l'histoire des hommes, cette histoire universelle, héritage commun de toute l'humanité.


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