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La trop longue absence du champ politique et social
Intelligentsia algérienne
Publié dans El Watan le 16 - 01 - 2005

Aucune société n'est en mesure de se passer de l'activité de son élite intellectuelle, que l'on appelle aussi intelligentsia, pour la guider dans son développement et lui tracer les voies de son devenir.
L'élite intellectuelle d'un pays est, rappelons-le, constituée par l'ensemble des hommes et des femmes, de savoir et de culture, pleinement convaincus de leur rôle et engagés dans la concrétisation des idées qu'ils prônent et défendent. L'intelligentsia, de par sa nature même, s'oppose au pouvoir dont elle observe de manière critique l'action et qu'elle dénonce chaque fois qu'il prend un chemin qu'elle juge dangereux pour la société. En contrepartie, l'intelligentsia propose les solutions idoines aux problèmes posés et se bat pour leur concrétisation, y compris en mobilisant les populations concernées et en portant le combat dans la rue. L'intelligentsia, prise comme un ensemble, n'est ni homogène ni porteuse d'une idéologie unique : ses membres appartiennent à des familles de pensées différentes et parfois antinomiques. Les différentes familles confrontent leurs idées, même de manière violente (hors violence physique, bien entendu) pour que les unes et les autres soient entendues et prises en considération par « l'adversaire » de manière à mettre un terme à la « dictature » d'un camp sur l'autre, comme c'est le cas dans les sociétés à régime totalitaire. Quid de l'Algérie ? Dispose-t-elle encore d'une élite intellectuelle ? On pourrait en douter, compte tenu de son silence sidéral au cours de la décennie écoulée. C'est à croire que l'Algérie a réglé tous ses problèmes fondamentaux et n'a plus de combat à mener pour définir et concrétiser des choix de société : elle n'a donc plus besoin d'une intelligentsia pour trouver des solutions à des problèmes de société qui n'existent plus. Tout se passe comme si l'Algérie est devenue une société idéale dans laquelle rien ne doit être changé. Ou alors, plus prosaïquement, les Algériens ont volontairement laissé les rênes de l'évolution sociale à des hommes providentiels qui ont à leur crédit la libération du pays et qui sont donc les mieux placer pour servir de guides à la nation toute entière : c'est le fameux concept de « famille révolutionnaire », qui a pris en otage le pays, sous prétexte que c'est elle qui l'a libéré des griffes du colonialisme. En fuyant le débat (le combat est le mot juste), l'élite intellectuelle algérienne a laissé le champ libre à tous ces prédateurs, adeptes de la défense des « constantes nationales » et membres de la famille révolutionnaire. Tous savent pourtant que ces hommes providentiels sont ceux-là mêmes qui ont mis en place un système qui perdure jusqu'à nos jours, et qui a consisté à confisquer à leur seul avantage tous les bienfaits de l'indépendance du pays et à monopoliser la rente qui en a découlé. Le dernier avatar de ces hommes providentiels est bien sûr l'actuel président de la République ramené par les décideurs du moment pour sortir le pays de l'ornière dans laquelle l'ont mis dix ans de guerre civile. Cette mission, il l'a plus ou moins menée à bien par une politique judicieuse de concorde civile, qu'il tient à transformer en concorde nationale et d'accaparement effréné de tous les pouvoirs. Nous en sommes aujourd'hui à la phase finale de mise en place d'un système politique qui lui est totalement inféodé, qu'il semble décidé à renforcer encore plus et à pérenniser. Il est évident que le silence de l'intelligentsia, quelle que soit sa cause, ne peut être que néfaste pour l'ensemble de la société. C'est à un retour au consensus antérieur et à la pensée unique qui ont fait tant de mal au pays que nous assistons. Sauf qu'au cours de la période antérieure à la décennie 1990, l'avant-garde de l'intelligentsia nationale s'est totalement impliquée dans la bataille et a marqué de son empreinte cette période : l'influence des intellectuels, restés au pays ou exilés, a été fondamentale : les écrivains, les cinéastes, les chanteurs, les universitaires et autres (tels certains opposants politiques) ont joué un rôle non négligeable dans l'orientation progressiste et universaliste qu'avait prise le pays. Avec la crise du début des années 1990, nos intellectuels se sont petit à petit recroquevillés sur eux-mêmes et ont fini par quitter l'arène ; ils ont laissé le pouvoir et l'opposition armée islamiste dans un tête-à-tête sanglant. Historiquement, on peut dater la dernière intervention sur la scène politique d'une partie de l'intelligentsia nationale aux années 1991/1992 avec la mise en place et l'entrée en action du comité de sauvegarde créé autour du défunt Abdelhak Benhamouda, pour tenter de sortir l'Algérie du danger islamiste intégriste qui la prenait dans ses griffes. On connaît le résultat de cette implication avec l'intervention de l'armée qui a annulé les élections législatives et les dix ans de guerre civile et d'atrocités qui ont suivi cette annulation. Depuis cette opération que les uns qualifient de sauvetage de l'Etat et de la nation et d'autres de « première violence » qui a justifié le recours au terrorisme et à la violence armée islamiste, les intellectuels algériens de valeur se sont progressivement retirés et ont laissé le champ libre aux apprentis sorciers, tenants de l'immobilisme social, qui ont mené le pays sur la voie de la régression (très loin d'être féconde !) Le retrait des élites du champ social (pris ici dans son sens le plus large englobant le politique, l'économique, le culturel et le social proprement dit) pouvait trouver sa justification dans la chasse qui leur a été faite d'une part par le terrorisme islamiste qui en a tué, blessé et traumatisé un nombre considérable (le terrorisme islamiste avait même créé une organisation spéciale, le FIDA, chargée d'éliminer systématiquement tous les intellectuels qui représentaient un danger pour le développement de l'idéologie islamiste) et par le pouvoir qui a mené une chasse féroce aux cadres dirigeants et supérieurs qui tenaient à bout de bras, contre vents et marées, les machines économique et administrative. Une partie importante des intellectuels a, de ce fait, quitté le pays et s'en est allée grossir les rangs de la diaspora algérienne en Europe et au Canada ; ceux-là dans leur quasi-totalité ne s'occupent plus que d'assurer leur situation matérielle et celle de leurs enfants : exit les problèmes du pays ! Ils clament haut et fort qu'ils ont assez donné au pays tout le temps qu'ils y sont restés, et que celui-ci ne leur a rien rendu en échange. Ceux qui n'avaient pas les moyens d'émigrer (ou qui, par patriotisme, refusaient de quitter le pays) se sont retirés du devant de la scène, le plus souvent par peur du terrorisme (islamiste d'un côté et d'Etat de l'autre) et sont tombés dans un mutisme qui dure encore de nos jours. La situation sécuritaire s'étant très sensiblement améliorée, la peur qui paralyse les esprits et annihile les initiatives n'a plus lieu d'être. D'un autre côté, les problèmes de fond de la société, jusque-là mis entre parenthèses pour cause de lutte antiterroriste, ont ressurgi dans toute leur ampleur et repris leur place au sein de la société. Ils ont un urgent besoin d'être débattus et traités de manière à leur donner les solutions idoines ; celles qui épousent le sens de l'histoire et non pas qui s'opposent à lui. Les sujets qui fâchent et divisent la société sont nombreux et doivent nécessairement faire l'objet de débats et de confrontations d'idées entre nos intellectuels de tous bords idéologiques. C'est l'avenir même de la nation qui est en jeu. En gros deux courants d'idées contradictoires s'affrontent au sein de la société : celui qui veut être au diapason de la modernité et de l'universalité et celui, plus conservateur, qui se bat pour maintenir les choses en l'état, avec comme justification idéologique, le nationalisme dont il se prétend le détenteur exclusif et l'Islam qui est utilisé pour justifier l'injustifiable. Des deux courants, seul le deuxième se donne les moyens de son combat et dresse, à chaque fois que l'occasion lui est offerte, un véritable barrage d'artillerie pour tenter de bloquer toutes les initiatives qui ne vont pas dans le sens du maintien des choses en l'état. Le cas de la réforme du code de la famille et de celle de l'école sont encore là pour en faire la démonstration : seuls se battent les tenants du conservatisme social. Les autres (les modernistes, les progressistes, les démocrates, les laïcs ou quel que soit le nom qu'on leur donne) brillent par leur absence du champ de bataille. Une manière de laisser face-à-face un président « réformiste » et les islamistes adversaires de la réforme. « Qu'ils se débrouillent entre eux », semblent-ils dire ! On en est arrivé à la situation paradoxale suivante : la défense des idées démocratiques et universalistes a été laissée au seul président Bouteflika. Tout se passe en effet, comme si tous ceux qui appelaient de leurs vœux l'émergence d'un système réellement démocratique ont baissé les bras, cessé de lutter, et consciemment ou non donné procuration au président de la République pour mener le combat à leur place. Résultat, le président Bouteflika apparaît aux yeux de tous comme le seul barrage efficace face aux manœuvres et à l'avancée inexorable du camp islamo-conservateur. Il est donc de ce fait le seul vrai défenseur du progressisme social, de la modernité et de l'universalité. Il est vrai que, politiquement, le président détient entre ses mains l'ensemble des cartes gagnantes : il est l'arbitre suprême de tout ce qui se fait et se fera en Algérie, au moins jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Et il en joue avec maestria et sans aucun risque réel. Qu'on en juge : depuis le plébiscite du 8 avril dernier, il est devenu le seul maître du jeu politique algérien ; il concentre entre ses mains la totalité du pouvoir, y compris celui occulte, que la quasi-totalité des observateurs attribuait à l'armée. A l'Assemblée nationale, il détient une majorité écrasante, qui plus est, comprend tous les courants idéologiques qui traversent la société algérienne : les trois partis de l'Alliance présidentielle bloquent toute possibilité d'une véritable opposition au
sein de l'APN. Et ce ne sont pas les gesticulations stériles des députés des partis de Djaballah (El Islah) et de Hanoun (PT) qui changeront quelque chose à cette vérité-là : tout ce que voudra faire passer le président passera sans problèmes. L'opposition déclarée du HMS et de quelques députés FLN contre les quelques amendements que le président veut apporter au code de la famille ne sont là que pour faire croire à la dureté du combat qu'il mène contre les tenants de l'immobilisme social. Dans la réalité, au moment où il le faudra, tous les députés HMS, RND et FLN voteront comme un seul homme le projet défendu par le président. Le contraire signifierait la fin du système politique actuel, dont aucun des trois partis ne veut.
(A suivre)


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