La première phase de ce travail consiste à recenser et à entretenir ce patrimoine. Hachemi Aït Aïssi, directeur de la culture, déclare : «Depuis l'indépendance du pays, il n'y a pas eu réellement de travaux de recherche en archéologie, encore moins des investissements afin de protéger notre patrimoine. A l'époque coloniale, les Français s'intéressaient uniquement aux villes comme Timgad, Cherchell ou Djemila. L'archéologie rurale est négligée, et ce n'est que maintenant que des équipes d'archéologues algériens s'intéressent à cet aspect de notre mémoire collective qui recèle des richesses inestimables.» Une équipe d'une vingtaine de jeunes archéologues dirigée par M. Aït Aïssi, lui-même archéologue, a ouvert de nombreux chantiers d'archéologie rurale. La wilaya de Tizi Ouzou, soutiennent-ils, est demeurée vierge en matière de travaux de recherche sur l'archéologie. «Notre direction a lancé un programme de réhabilitation de cette richesse culturelle, car nous savons qu'il y a un patrimoine important que nous essayons de mettre en valeur. En effet, des vestiges qui remontent à la préhistoire, à la protohistoire, à l'antiquité et à la période médiévale ont été mis au jour par nos équipes», dit M. Aït Aïssi. L'opération de repérage des sites culturels a débuté au mois de mai 2004. Après la première phase de recensement des sites archéologiques et monuments historiques, les archéologues travaillent sur la manière de protéger et de conserver tout ce patrimoine. Car la qualité de ces mesures dépend des budgets alloués au secteur. La direction de la culture ne connaît pas encore la consistance de la cagnotte décidée dernièrement par les pouvoirs publics au profit du secteur de la culture dans le pays. Mais, la tendance est à l'optimisme, car les projets sont nombreux. Aussi, prévoit-on d'ériger en musée les maisons natales des hommes de lettres (Feraoun, Mammeri, Si Moh Oumhand, Djaout), des artistes (Iguerbouchène, Issiakhem, El Hasnaoui) et des figures historiques du mouvement national comme Amirouche, Abane, Krim. A la direction de la culture, on précise toutefois que ce ne sera qu'une première étape. D'autres projets suivront. Cette opération de classement permettra à court terme de délivrer des attestations de classement et à moyen terme de lancer des opérations d'aménagement. Une autre importante et lourde opération qui consiste en «la restitution du village kabyle typique» est envisagée. Les responsables de la culture au niveau de la wilaya ont retenu une liste de quelques villages comme Aït El Kadi (Ouadhias), Lqern Oufella (Aïn El Hammam), Taksebt (Iflissen) pour sauvegarder leur ancienne architecture et situer leur valeur historique. «Les intérêts pour les villageois ne sont pas à négliger, car des rentrées d'argent devront être assurées avec la reprise de l'activité artisanale, l'attrait des touristes, le tournage de films, de clips et de documentaires», dit encore M. Aït Aïssi. La direction de la culture a monté dernièrement une exposition itinérante à but pédagogique qui fixe à travers le texte et l'image le patrimoine archéologique de la wilaya. Un appel est lancé aux associations intéressées pour les exposer à leur niveau et un autre est lancé aux individus en possession d'objets archéologiques et d'informations sur les sites pour en informer la direction de la culture. «Ce serait faire œuvre utile», conclut le directeur de la culture.
