L'idée du livre est construite sur cette vision qui fait qu'«entre un Orient imaginaire et un Occident fantasmé, l'œuvre cinématographique doit contribuer à confronter les histoires et les mémoires et à mettre au jour les mécanismes de représentation. Les obstacles politiques et économiques sont à la hauteur des enjeux culturels. Pourtant, entre les deux rives ne cesse de s'affirmer une 'méditerranéité” en marche, une passerelle culturelle que le cinéma incarne dans ses questionnements et ses perspectives propres». Le livre est déjà traduit en italien et en espagnol. Les versions anglaise et amazighe sont en voie d'achèvement. L'intervenant relève que c'est à travers «l'image qu'on découvre d'autres cultures. Comme le cinéma charrie tout ce qui est bon et mauvais, il faut éduquer l'enfant à l'image pour ne pas subir sa violence». En Algérie, «on n'a pas encore introduit dans le système éducatif la culture de l'image. Le cinéma n'est pas considéré à sa juste valeur et l'image est diabolisée. Nous n'avons rien fait pour réserver notre patrimoine audiovisuel. La cinémathèque a failli dans sa tâche en la matière». On se demande ainsi «comment parler de l'histoire de l'Algérie sans l'iconographie coloniale, un patrimoine qui est en train de dépérir alors que le numérique nous donne la possibilité de conserver tout notre patrimoine audiovisuel. En parallèle, il n'y a pas en Algérie d'initiative en matière de recherche concernant notre perception de l'image véhiculée par les films occidentaux, sachant que l'image est une arme à double tranchant». Cela dit, à travers l'image, «on découvre d'autres cultures. En plus le cinéma favorise la création. Une création qui doit être diffusée. La diffusion signifie aller vers l'autre et le rapprochement avec d'autres cultures». Notons que Mohamed Bensalah est diplômé de l'Institut supérieur des arts de Bruxelles. Il est l'auteur de deux courts métrages, Errance (1968) et Lazem ! Lazem ! (1970), et d'un long métrage, Les uns et les autres (1972), primé au festival Knokke-le-Zoute en 1973. Après avoir été l'assistant en France et en Belgique des cinéastes M. Hanoun et J. Lambert, il travaille pour la télévision algérienne avant d'entamer une carrière universitaire. Titulaire d'un DEA et d'un doctorat 3e cycle à l'université de Montpellier, il enseigne à Oran avant de rejoindre Alger pour exercer successivement au Conseil supérieur de l'audiovisuel et au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle.