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Les points noirs d'un décret
Publié dans El Watan le 11 - 03 - 2006

Rien ne sert à se focaliser sur le cahier des charges élaboré par le MEN. Ce document s'alimente à l'esprit et à la lettre d'un décret. Et c'est dans ce texte officiel que se nichent les vrais problèmes.
Le décret 04/90 du 24 mars 2004 qui officialise «les écoles dites privées» présente certaines carences nées d'une insuffisante maîtrise d'un concept qui possède une longue histoire presque centenaire, mais qui a pris racine sous d'autres cieux.
La loi du fric
La législation est censée codifier dans l'intérêt général et surtout sans porter atteinte à la cohésion nationale. L'absence dans le dispositif juridique de toute référence à l'aide et au soutien de l'Etat à ce type d'école escamote deux principes essentiels. Ce texte tord le cou au principe universel édicté par l'Unesco et qui stipule que «l'éducation – en tant que bien précieux et sensible – ne saurait être confiée aux lois du marché et de la concurrence».
Dans toutes ses recommandations, l'Unesco exhorte les pays membres à éviter de transformer l'éducation en marchandise.
Dans la mère patrie du libéralisme économique, les Etats-Unis, l'aspect lucratif de ce type d'école est fortement combattu. Les autorités américaines refusent aux Charter school – dénomination officielle – les aides et les subventions, lorsque leurs promoteurs affichent des visées lucratives. Les obstacles posés à dessein obligent ces derniers à rogner sur des dépenses normalement affectées à des chapitres importants de la gestion scolaire. La fermeture est souvent au rendez-vous. En 2002, pas moins de 2,5% du total des Charters schools ont mis la clé sous le paillasson. Ce sont celles qui poursuivaient des buts purement commerciaux : s'enrichir à tout prix. A l'opposé, l'Etat américain (Fédéral et local) soutient financièrement celles qui s'inscrivent dans l'éthique de la mission éducative. En Angleterre, la City academy (dénomination officielle) est soumise à cette même contrainte : respecter le principe de non-commercialité.
La France reste le pays où le modèle d'école associée (à l'Etat) est le mieux codifié. La loi Debré de 1959 – toujours en vigueur – oblige l'Etat à prendre en charge les salaires des enseignants et les trois- quarts des dépenses d'enseignement liées à l'externat. Pour leur part, les écoles associées sont tenues de respecter les programmes officiels afin de préparer leurs élèves aux examens nationaux. Il est bon de signaler que dans ces pays, il n'existe pas de manuels ou de méthodes officiels uniques et imposables à tous les enseignants. Quant aux programmes d'enseignement par discipline, ils sont universels dans leur conception. Ils véhiculent un savoir scientifique didactisé (adapté) en fonction de l'âge et du niveau scolaire des élèves ciblés.
Non-sens
Dans le cas de l'Algérie, le décret 04/90 ne mentionne nullement une quelconque aide de l'Etat. Pis, il officialise une formule sémantique doublée d'un non-sens : l'école privée. Comme si une institution de la République où l'Etat lui-même pouvait s'accommoder du qualificatif «privé». Si «l'école privée» est rentrée dans le jargon journalistique, il n'en demeure pas moins que dans les autres pays, les textes officiels ne le consacrent nullement.
Le législateur algérien a assimilé l'éducation à une entreprise commerciale qui fait la part belle aux forces occultes.
L'éducateur algérien, porteur d'un projet pédagogique de qualité, est-il financièrement capable d'ouvrir une école ? A lire sa fiche de paie et sa situation de retraité, on ne peut que douter de cette possibilité. A moins qu'il s'associe ou qu'il accepte d'être le prête-nom d'un gros financier. Excepté les financiers acquis aux nobles idéaux de l'école moderne – sont-ils nombreux ? -, ce sont les maquignons et autres milliardaires du cabas et du conteneur qui seront habilités à investir dans ce créneau. Ils ont les moyens pour s'offrir et les infrastructures et les compétences en prête-nom nécessaires à leur gestion. Ce type de financier est déjà en course : ils sont même disposés à souscrire au cahier des charges imposé. Le risque est gros de voir la logique du tiroir-caisse parasiter les exigences de l'éthique professionnelle liée à l'éducation scolaire. En exigeant un registre du commerce pour l'ouverture d'une école, le législateur assimile l'entreprise éducative à une entreprise commerciale. Une première dans le monde ! Dans les pays où ce concept est né, l'Etat est mis dans l'obligation de soutenir – d'une façon directe ou indirecte – ces établissements afin de les soustraire aux lois de la concurrence commerciale. En occultant l'aide de l'Etat à ces écoles dites «privées», ce décret se retrouve en porte-à-faux avec le droit universel de la gratuité de la scolarité (celle de base). Les élèves qui sont inscrits dans ce type d'établissement sont des Algériens protégés par la Constitution qui leur reconnaît ce droit fondamental. L'Etat est tenu de leur allouer sous une forme appropriée leur quote-part du budget national conformément à la loi. Ce sont les parents qui se substituent au devoir de l'Etat en se saignant les veines pour payer des frais mirobolants parfois. Le comble !
C'est là une brèche ouverte à l'inégalité des chances que tout Etat digne de ce nom se doit de juguler.
Les problèmes avancés à ce jour – ceux de la langue et du contrôle pédagogique par le MEN – cachent en réalité les deux points noirs du décret 04/90. Tant que ces derniers ne sont pas levés à la lumière des normes universelles, la machine à nourrir les conflits continuera à fonctionner.
A l'évidence, ce débat sur «l'école dite privée» s'inscrit dans un autre beaucoup plus large. Celui qui pose la problématique du passage de la société algérienne d'un système de pensée unique à un système démocratique qui respecte les idées plurielles. Ce dernier a ses exigences et ses normes de fonctionnement. Seule une évolution/adaptation des mentalités pourra empêcher que ce passage ne se transforme en collision destructrice. Et c'est au politique et au législateur d'inaugurer ce changement de mentalité en donnant l'exemple. La société suivra à coup sûr.
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