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La part du feu
Publié dans El Watan le 18 - 05 - 2006

Ce titre, c'était celui qu'avait donné le documentariste américain à son film Fahrenheit 9/11, une virulente peinture de la Maison-Blanche et de son locataire George Bush.
L'auteur qui s'insurgeait ainsi contre le tonitruant Michael Moore n'était pas non plus le premier venu. C'était tout bonnement Ray Bradbury, véritable icône de la littérature américaine et davantage encore réel symbole universel. A 84 ans, au moment des faits, Ray Bradbury était outré que l'on puisse s'approprier, par démarcation un titre, qu'il avait créé et dont les résonances étaient encore perceptibles dans l'inconscient des lecteurs du monde entier. Sa démarche protestataire relevait d'un réflexe de défense de son droit intellectuel. Ray Bradbury est en effet cet écrivain qui avait marqué de son empreinte la littérature mondiale avec son formidable roman, Fahrenheit 451. Paru en 1953, ce roman installait Ray Bradbury dans une stature d'écrivain majeur qui, le temps d'un livre, avait su captiver l'intérêt de l'humanité entière, car il avait bâti une parabole qui concernait le genre humain. Fahrenheit 451 décrit une société totalitaire dans laquelle un système implacable a décrété la disparition du livre, matériau subversif car il nourrit les imaginaires et pousse à avoir des idées et des idéaux. Face à cet ordre prédateur de la pensée, la résistance s'organise et des hommes, des femmes, des enfants apprennent par cœur le patrimoine littéraire mondial pour le soustraire à une disparition programmée et pouvoir le transmettre de génération en génération. Admirable roman que Ray Bradbury a déduit de manière évidente de l'histoire des sociétés politiques.
Les livres ont été brûlés depuis les temps les plus reculés et les autodafés ont été les versions les plus récemment connues de ces pratiques abominables. Ray Bradbury, auteur de science-fiction, faisait une irruption fracassante dans la métaphore politique. On pouvait se demander si c'était tout à fait le cas dans la mesure où il ne croyait pas, lui, que la science-fiction n'avait pas à se pencher sur les causes les plus profondément humaines. Né en 1920, Ray Bradbury – de son vrai nom Raymond Douglas – est précocement saisi par la passion d'écrire. Dès 14 ans, il commence à publier et il fera de la littérature son activité principale lorsque le succès commencera à venir. C'est avec ses Chroniques martiennes qu'il apporte la preuve qu'il a le souffle et la maturité nécessaires à édifier un univers littéraire original. La science-fiction est considérée comme un genre mineur et sans doute Ray Bradbury, tout en persistant dans l'effort – il ne cesse pas d'écrire -, trouve que certaines approches sont réductrices. Lui-même s'est constitué un public grandissant, mais il ne se résout pas à être contingenté de la sorte. Lorsque Fahrenheit 451 sort, les plus sceptiques sont convaincus. Un immense écrivain s'imposait dans la lignée de H.G. Wells, voire de George Orwell.
Bien sûr, ce succès pouvait s'expliquer aussi par le contexte mondial de l'époque. C'était la guerre froide, les terribles excès du stalinisme en URSS, mais aussi les dérives totalitaires en Amérique aussi avec le déclenchement désastreux de la chasse aux sorcières et des conséquences qu'elle a eues dans les cercles pensants. Fahrenheit 451 partait à l'évidence d'un postulat de dénonciation de tous les errements idéologiques. Son propos est d'ailleurs dans une large mesure toujours à l'ordre du jour, car l'humanité n'est pas préservée des tentations absolutistes.
Fhrenheit 451 est un livre à lire et il faut citer à son appui la remarquable adaptation qu'en a fait le cinéaste français François Truffaut en 1966. Ce roman splendide est étroitement lié à la marche de l'histoire et c'est pour cette raison qu'il a une place exceptionnelle dans l'histoire, également, de la littérature.
Cela justifie le coup de sang de Ray Bradbury contre Michael Moore avec lequel il affirmait au demeurant n'avoir pas de différend politique. Si cela se trouve, les deux hommes partageraient un certain nombre d'idées sur leur pays et sur le monde.
Il y a cependant quelque chose de subliminal dans cet affrontement. Ray Bradbury a pu ne pas accepter que quelqu'un se raccroche à son titre en partant du fait que le mot Fahrenheit avait fait une grande partie du travail dans l'inconscient public qui se voit ainsi offrir un repère. Pour Ray Bradbury, Michael Moore s'était tout simplement livré à une rapine.
Ces deux hommes de caractère n'étaient pas faits pour s'entendre et leur querelle tournait au dialogue de sourds. Il y a pourtant toutes les raisons du monde de croire au talent de Michael Moore tout autant qu'au génie de Ray Bradbury. Il reste le saisissant Fahrenheit 9/11 du cinéaste et le toujours éblouissant Fahrenheit 451 de l'écrivain. Cinéphiles et lecteurs n'y trouveront pas de raisons de s'en plaindre. Dans tous les cas de figure, ils n'y verront que du feu.


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