Chorfi dévoile le slogan    Une formation au profit des médias sur la couverture de l'élection présidentielle en collaboration avec la Cour constitutionnelle    Quels impacts de la proposition d'achat de la société espagnole Naturgy par le groupe Emirati TAQA où Sonatrach est un acteur majeur de l'approvisionnement en gaz naturel du marché espagnol ?    AG des Nations Unies: vote attendu vendredi d'une résolution exigeant l'adhésion à part entière de la Palestine    Réunion de consultations à huis-clos au CS sur les charniers à Ghaza    Un terroriste abattu, 21 éléments de soutien arrêtés et des armes saisies    L'accent mis sur la valorisation de l'héritage historique du pays    Emission de trois timbres poste à l'occasion du 58e anniversaire de la nationalisation des mines    L'UIPA condamne les menaces de l'entité sioniste de poursuivre ses opérations militaires à Rafah    Le Conseil de la nation participe samedi à Doha à la conférence des femmes leaders en soutien à la femme et à l'enfant palestiniens    Banques publiques: lancement prochain d'un avis d'appel à candidature pour le recrutement d'administrateurs indépendants    3e congrès de formation en santé: l'importance du dépistage précoce du diabète réitérée    Une équipe médicale de l'ONG "Médecins du Monde" en mission de solidarité aux camps des réfugiés sahraouis    Coup d'envoi de la 3e édition de la caravane nationale "Un jeune, une idée"    Des artistes célèbrent le Rai algérien, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité    La mémoire et l'histoire, source de fierté et facteur de mobilisation autour des projets nationaux    APN: les représentants de la communauté nationale saluent la décision du président de la République de faciliter le déplacement des Algériens établis à l'étranger    Athlétisme/Championnats arabes U20: neuf nouvelles médailles pour l'Algérie    Para-powerlifting (Coupe du Monde-2024): médaille d'argent pour l'Algérien Hocine Bettir à Pattaya en Thaïlande    Touggourt: portes ouvertes sur l'Ecole des sous-officiers des transmissions    Visite guidée au profit des médias à l'ENPEI "chahid Badji Mokhtar"    Ligue 1 Mobilis: MCA-USMA fixé au vendredi 17 mai au stade 5-juillet (LFP)    Soraya Mouloudji inaugure le 9e Festival national de la création féminine à Alger    Retour du MCA après une longue absence    Eliminatoires de la Coupe du monde des U17 féminines Maroc -Algérie La FAF dit non… si le même maillot est arboré    Au nom du sionisme et de l'Amérique, le monde tu domineras !    Ouverture du Salon du commerce électronique et de l'économie numérique    La Finale JSK – ESS à Rouiba    520.000 candidats répartis sur 1.842 centres d'examen    La question de l'emploi, intimement liée à la réalisation du développement économique    L'évacuation par l'entité sioniste des habitants de Rafah est «inhumaine et inconcevable»    «La protection est garante de la croissance et la prospérité de l'innovation»    Un mort et 1 blessé dans un accident de la route à Aïn Tédelès    Des origines à nos jours    Portes ouvertes sur le laboratoire de conservation et de restauration du patrimoine    Le droit de massacrer, de Sétif à Gaza    Belkacem Sahli réitère son intention de prendre part aux présidentielles du 7 septembre    La protesta estudiantine occidentale face aux lobbies sionistes.    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La part du feu
Ray Bradbury, un chef-d'œuvre nommé Fahrenheit 451
Publié dans El Watan le 18 - 05 - 2006

En 2004, le cinéaste américain Michael Moore était au centre d'une polémique inédite car, pour une fois, il n'était pas aux prises avec l'establishment, ni avec les lobbies réactionnaires et conservateurs, mais avec un auteur qui lui reprochait d'avoir purement et simplement jeté son dévolu sur un titre qui ne lui appartenait pas.
Ce titre, c'était celui qu'avait donné le documentariste américain à son film Fahrenheit 9/11, une virulente peinture de la Maison-Blanche et de son locataire George Bush. L'auteur qui s'insurgeait ainsi contre le tonitruant Michael Moore n'était pas non plus le premier venu. C'était tout bonnement Ray Bradbury, véritable icône de la littérature américaine et davantage encore réel symbole universel. A 84 ans, au moment des faits, Ray Bradbury était outré que l'on puisse s'approprier, par démarcation un titre, qu'il avait créé et dont les résonances étaient encore perceptibles dans l'inconscient des lecteurs du monde entier. Sa démarche protestataire relevait d'un réflexe de défense de son droit intellectuel. Ray Bradbury est en effet cet écrivain qui avait marqué de son empreinte la littérature mondiale avec son formidable roman, Fahrenheit 451. Paru en 1953, ce roman installait Ray Bradbury dans une stature d'écrivain majeur qui, le temps d'un livre, avait su captiver l'intérêt de l'humanité entière, car il avait bâti une parabole qui concernait le genre humain. Fahrenheit 451 décrit une société totalitaire dans laquelle un système implacable a décrété la disparition du livre, matériau subversif car il nourrit les imaginaires et pousse à avoir des idées et des idéaux. Face à cet ordre prédateur de la pensée, la résistance s'organise et des hommes, des femmes, des enfants apprennent par cœur le patrimoine littéraire mondial pour le soustraire à une disparition programmée et pouvoir le transmettre de génération en génération. Admirable roman que Ray Bradbury a déduit de manière évidente de l'histoire des sociétés politiques. Les livres ont été brûlés depuis les temps les plus reculés et les autodafés ont été les versions les plus récemment connues de ces pratiques abominables. Ray Bradbury, auteur de science-fiction, faisait une irruption fracassante dans la métaphore politique. On pouvait se demander si c'était tout à fait le cas dans la mesure où il ne croyait pas, lui, que la science-fiction n'avait pas à se pencher sur les causes les plus profondément humaines. Né en 1920, Ray Bradbury - de son vrai nom Raymond Douglas - est précocement saisi par la passion d'écrire. Dès 14 ans, il commence à publier et il fera de la littérature son activité principale lorsque le succès commencera à venir. C'est avec ses Chroniques martiennes qu'il apporte la preuve qu'il a le souffle et la maturité nécessaires à édifier un univers littéraire original. La science-fiction est considérée comme un genre mineur et sans doute Ray Bradbury, tout en persistant dans l'effort - il ne cesse pas d'écrire -, trouve que certaines approches sont réductrices. Lui-même s'est constitué un public grandissant, mais il ne se résout pas à être contingenté de la sorte. Lorsque Fahrenheit 451 sort, les plus sceptiques sont convaincus. Un immense écrivain s'imposait dans la lignée de H.G. Wells, voire de George Orwell. Bien sûr, ce succès pouvait s'expliquer aussi par le contexte mondial de l'époque. C'était la guerre froide, les terribles excès du stalinisme en URSS, mais aussi les dérives totalitaires en Amérique aussi avec le déclenchement désastreux de la chasse aux sorcières et des conséquences qu'elle a eues dans les cercles pensants. Fahrenheit 451 partait à l'évidence d'un postulat de dénonciation de tous les errements idéologiques. Son propos est d'ailleurs dans une large mesure toujours à l'ordre du jour, car l'humanité n'est pas préservée des tentations absolutistes. Fhrenheit 451 est un livre à lire et il faut citer à son appui la remarquable adaptation qu'en a fait le cinéaste français François Truffaut en 1966. Ce roman splendide est étroitement lié à la marche de l'histoire et c'est pour cette raison qu'il a une place exceptionnelle dans l'histoire, également, de la littérature. Cela justifie le coup de sang de Ray Bradbury contre Michael Moore avec lequel il affirmait au demeurant n'avoir pas de différend politique. Si cela se trouve, les deux hommes partageraient un certain nombre d'idées sur leur pays et sur le monde. Il y a cependant quelque chose de subliminal dans cet affrontement. Ray Bradbury a pu ne pas accepter que quelqu'un se raccroche à son titre en partant du fait que le mot Fahrenheit avait fait une grande partie du travail dans l'inconscient public qui se voit ainsi offrir un repère. Pour Ray Bradbury, Michael Moore s'était tout simplement livré à une rapine. Ces deux hommes de caractère n'étaient pas faits pour s'entendre et leur querelle tournait au dialogue de sourds. Il y a pourtant toutes les raisons du monde de croire au talent de Michael Moore tout autant qu'au génie de Ray Bradbury. Il reste le saisissant Fahrenheit 9/11 du cinéaste et le toujours éblouissant Fahrenheit 451 de l'écrivain. Cinéphiles et lecteurs n'y trouveront pas de raisons de s'en plaindre. Dans tous les cas de figure, ils n'y verront que du feu.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.