Peut-on espérer la fin des violences entre les deux communautés ? La signature de cette feuille de route est venue après 7 réunions entre le conseil des malékites et les représentants des ibadites. En fait, c'est un travail collectif et consensuel dont les points constituent la base qui nous permettra d'aller vers la charte de Berriane, dont l'adoption est prévue au début de l'été prochain. Le document est maintenant signé, il reste un aspect plus difficile, celui de sa mise en application sur le terrain. Chacun des 15 points a son importance et son poids dans la résolution de la crise. Pour nous, il s'agit d'éliminer les causes de cette tragédie. Certains points sont déjà concrétisés sur le terrain. Nous profitons de la campagne électorale pour faire la promotion de cet accord entre les deux communautés et son importance pour toute la région. De plus, il faut que les citoyens assument avec nous une part de la responsabilité dans la réussite de cette feuille de route et du retour à la paix dans leur ville. Qu'est-ce qui permet d'être optimiste ? En fait, le prolongement de la crise dans la durée a été une des raisons qui a mobilisé la population à sortir de l'impasse. Il faut aussi préciser qu'au début, les gens n'ont pas accordé de l'importance aux événements en les qualifiant de bagarres entre gamins. Berriane a continué à vivre dans un climat très dangereux qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses, si certains notables malékites et ibadites n'avaient pas réagi à temps pour mettre un terme à la spirale de la violence. Nous avons commencé par nous concerter pour désigner des porte-parole, avant d'entamer les négociations intercommunautaires. Nous nous sommes entendus sur le minimum qui nous a réuni avant d'aller dans le détail, à travers la feuille de route, et d'aboutir à la charte, pour consolider le tout. La crise est beaucoup plus grave que les gens ne le pensent. Nous voulons instaurer la sérénité et la sécurité, avant toute démarche de charte. Cette période sera pour tout le monde un temps de répit pour voir comment va évoluer la situation sur le terrain, en attendant le jour J de l'adoption de la charte. Nous avons tout fait pour que les agressions et les altercations, qu'elles soient verbales ou physiques, ne se reproduisent plus. Le test a été la fête du Mawlid Ennabaoui, qui s'est déroulée dans de bonnes conditions dans la mesure où aucun incident n'a été signalé de part et d'autre. Pour nous, cela révèle d'une prise de conscience collective. Nous comptons aussi nous mobiliser tous pour la date du 9 avril, le jour du vote, pour qu'aucun incident ne sera enregistré. Nous savons que des gens vont tenter de rallumer la mèche, mais nous serons là pour leur faire face. La population de Berriane porte aussi une responsabilité dans la restauration de la paix et de la sécurité. Berriane n'appartient ni aux ibadites ni aux malékites. Elle est la ville de tous ses habitants.