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L'architecte, bâtisseur de vocations…
Mostefa El Kamal. Ex- Sélectionneur national de football formateur
Publié dans El Watan le 09 - 04 - 2009

« Le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise la colère et étouffe la haine : alors le passé est comme s'il n'eut jamais existé. »
Avicenne
Mostefa El Kamal ? « A lui tout seul c'était une école. Un éducateur hors pair, un formateur passionné qui a sacrifié sa vie à l'éducation des jeunes. On l'appréciait pour ses hautes qualités humaines. » De sa voix rauque et hachée, Smaïn Khabatou décrit celui qui a été son ami et compagnon durant de longues années. Très tôt, Mostefa mit son talent au service du football avec une ardeur inentamée, toujours prêt à aider, à donner l'accolade, une tape sur l'épaule ou les conseils attendus par des hommes envahis par le doute. En cela, Mostefa était emblématique d'une génération d'intellos sportifs, dont l'itinéraire fut rythmé par l'espérance de voir les jeunes aller toujours de l'avant. Ce qui frappait chez lui, c'était son dynamisme infatigable et son goût de la perfection, témoigne Khabatou. Il est vrai que lorsqu'on a fait comme lui des études d'architecture, on a ce souci du détail, de l'esthétisme et en ce qui le concerne du beau geste sur les terrains de football. C'était un bâtisseur de vocations. La chaleur communicative de cet homme, né dans une vieille famille algéroise le 21 juin 1915, suffisait à le rapprocher des gens de toute condition et de tous les milieux. Dans une biographie inachevée, hélas, écrite par ses soins, Mostefa se souvient d'avoir commencé à aimer et à pratiquer le sport dès son arrivée à Saint Eugène, vers l'âge de 7 ans. C'est là que le maître d'école, chaque semaine, rassemblait tous ses élèves et les dirigeait sur le stade afin de les distraire. Plusieurs clans aussitôt se formaient. Les uns jouaient aux billes, d'autres aux gendarmes et aux voleurs, d'autres encore à la cachette. « Aucun de ces jeux ne me tentait, mais je me faisais un malin plaisir de voir évoluer les joueurs de football qui opéraient dans l'autre moitié du stade. C'est ainsi que je pris goût au ballon. Aussi, dès qu'un camarade en apportait un, j'étais son meilleur camarade. Tout naturellement, c'était l'association sportive saint eugénoise que je voyais le plus évoluer, aussi j'en étais devenu un fervent supporter. » Mostefa, toujours alerte, signe en août 1930 sa première licence minimes à l'ASSE. Il participe au championnat d'Alger qui regroupe l'ASSE, le GSA, le RSA, le RUA, le RASA, l'ASM, le FCB, l'ALBJPO.
L'ASSE, son premier club
Un peu menu, il évolue à l'aile gauche. M. Coulenceau, entraîneur et membre fondateur du club, le remarque pour son dribble et son gauche percutant. En juniors, Mostefa affine sa technique et confirme son poste en attaque. « Je me faisais un réel plaisir d'admirer des joueurs, tels Pascal, mon préféré, Tixador, plusieurs fois sélectionné d'Alger, Deschizeaux, devenu professionnel à Montpellier… » Mostefa est capitaine de l'équipe qui allait remporter le championnat d'Alger avec une seule défaite. M. Mistral, équipier de Montpellier et entraîneur de l'ASSE, lui donne carte blanche en dirigeant lui-même l'entraînement de ses camarades. Une vocation était née. Au cours des années 1932-1934, notre sportif pratique d'autres disciplines comme la natation, le basket-ball, l'athlétisme et le base-ball importé par les Américains, mais qui fera long feu. Mais la passion du foot restera la plus forte et Mostefa renoue avec ses premiers amours. La saison 1935-1936 ne laissera pas chez lui de bons souvenirs. « C'était le prélude et la conséquence de la décadence de l'ASSE durant plusieurs saisons. La principale cause de tout cela, le départ sous d'autres cieux d'éléments-clés de l'équipe. Mobilisé au 27e train à Alger, Mostefa joue durant deux ans chez les militaires. » La guerre déclarée en septembre 1939 surprend tout le monde, footballeurs compris. Rappelé, Mostefa est mobilisé dans la 34e compagnie auto du 27e escadron. Muté à Gafsa en Tunisie, il y joue. Après l'amnistie, démobilisé, Mostefa rejoint l'ASSE où il peine à retrouver sa place à la pointe de l'attaque, mais usé et fatigué. Il quitte le club pour se consacrer à l'Atelier industriel de l'air qui participe au championnat corporatif. En 1944, Mostefa, qui avait perdu sa mère, décide d'abandonner définitivement le foot à 29 ans. Son père reçoit pour son fils des propositions de l'USM Alger. Après avoir refusé, Mostefa se décide non à jouer mais à entraîner l'équipe qui grimpe les échelons avant de « tomber » en finale du championnat d'Alger face à l'USMB. Mostefa passe avec succès le diplôme d'entraîneur (3e sur 17 admis) et fait adopter pour la première fois le système WM. Découragé de n'avoir pu accéder en division Une avec l'USMA et fortement sollicité par ses amis d'enfance, membres dirigeants de l'OMSE, Mostefa décide d'opter pour le club de son quartier. Pendant la guerre, Mostefa met un terme à sa carrière. Ayant fait des études d'architecture, il ouvre un cabinet en 1959, mais n'a pu intégrer l'Ordre des architectes faute d'agrément, en raison d'un certificat manquant. « C'était mon maître, c'est lui qui m'a montré le chemin. Par son métier, il a réalisé des caches pour les moudjahidine à Kouba, où il a été arrêté par les soldats français. C'est Abdelkader Teffahi qui a témoigné à sa décharge. Ce qui l'a sauvé », raconte son fils aîné, Mahmoud, architecte qui garde l'image d'un père attentionné, toujours à l'écoute des autres, jouant son rôle d'arbitre judiciaire avec à propos en dénouant pas mal de conflits. En 1962, Mostefa est expert en bâtiment. « A l'enterrement de ma mère en 2003, un ancien gardien du MCA m'avait confié que mon père l'avait énormément aidé. On avait perdu à Annaba et comme j'étais perturbé à cause de problèmes sociaux, j'étais à l'origine de la défaite. Après le match, Si Mostefa est venu me voir et m'a réconforté. Cela m'a rassuré alors que j'étais au bord d'une implosion au sein de ma petite famille. Grâce à lui tout est rentré dans l'ordre. »
Un formateur confirmé
On peut classer El Kamal parmi les grands, estime l'ancien joueur Braham Attar. « Il nous réunissait au cercle de la rue Randon, et très jeunes, il nous apprenait la tactique de jeu en faisant la démonstration avec des allumettes et des bouchons de bouteilles de limonade. Quand le climat était défavorable, il ramenait avec lui des paquets de journaux qu'il nous sommait de mettre sous les maillots pour lutter contre le froid et la pluie. Il ramenait aussi des oranges, de l'eau minérale, bref, il faisait tout pour nous mettre dans les meilleures conditions possibles. Personnellement, il m'a marqué. Son fils, Lyès, était un bon joueur qui pouvait égaler Labed, alors titulaire à son poste. Mais Lyès était remplaçant et son père l'exhortait à redoubler d'efforts pour gagner sa place. Je crois qu'en matière d'équité, on ne peut mieux illustrer la rectitude de ammi El Kamal qui avait le foot dans le sang. Alité et malade, nous lui avions rendu visite Ahmed Lagoune, Kadri père, Ramdani et moi. Même souffrant, il ne cessait de parler de foot et la coupe du Monde qui se profilait en 1974 le fascinait. Il voulait suivre toutes ses péripéties. Hélas, la mort l'a ravi avant aux siens et à la grande famille sportive. »
Entraîneur national en 1963
El Kamal, pour rappel, sera entraîneur national adjoint de la sélection algérienne au lendemain de l'indépendance aux côtés de Khabatou et Ibrir. En 1965, il intègre le doyen des clubs algériens, en qualité d'entraîneur, avec lequel il connaîtra des moments heureux, mais aussi peu agréables, comme la suspension des meilleurs éléments, suite aux incidents ayant sanctionné la rencontre MCA-MCO au stade d'El Anasser, qui s'est terminée sur le score de 2 à 1 en faveur des Algérois. Deux années après, Mostefa prendra la direction de Kouba, où il réside et se verra confier les destinées de la jeune équipe du RCK. C'est ainsi qu'il créera la première école populaire de football qui a produit des joueurs de talent, à l'image de Aït Mesbah, Safsafi, Boumaraf, Bouzid, Khali, Ould Slimane, etc. El Kamal retournera au MCA, où il s'occupera des jeunes catégories (1970-1971) et du CREH en 1972. Sa carrière sera ponctuée par des recyclages à Paris en compagnie de Bellamine, Firoud, Khabatou, Ibrir, Sellal, Ouadah… Membre de la commission technique de la FAF et de la Ligue d'Alger, l'architecte El Kamal sera ravi au football, à un moment où celui-ci avait tant besoin de gens de sa compétence. Il est mort en juin 1974 après une courte maladie. Pour Bencheikh : « El Kamal était un père pour nous. Il nous a inculqué les bonnes manières. Sur un terrain, c'était un monsieur qui inspirait le respect. J'en garde de superbes souvenirs, et lorsqu'on me demande d'évoquer ma carrière, je ne manque jamais de citer les mérites de El Kamal qui a été le premier à déceler mes qualités, en me disant ‘' tu as une bonne vision du jeu, il faut persévérer en travaillant la condition physique''. C'était un gentlemen du foot et ils sont rares les gens de sa trempe », témoigne Ali Bencheikh, sans doute l'un des meilleurs joueurs que le MCA ait connus. Drif Abdelkader, l'ancien président mouloudéen, qui n'a pas connu personnellement El Kamal, en dresse un portrait très positif : « El Kamal s'est dévoué pour la formation des jeunes qui ont beaucoup appris à son contact et ils me l'ont fait savoir quand j'ai pris les rênes du club en 1974. Lorsqu'on a fait les bilans, on a trouvé que le défunt avait des arriérés de salaires qu'il n'avait peut-être jamais réclamés. J'avais donné consigne de les restituer à sa famille qui a refusé. Ce geste noble est tout un symbole. » Le sport, dit-on, consiste à déléguer au corps quelque-unes des vertus les plus fortes de l'âme. Mostefa s'en est bien inspiré et a inspiré bien des vocations. Ceux qu'il a formés lui sont reconnaissants et lui tirent chapeau bas.
PARCOURS
Mostefa El Kamal est né en 1915 à La Casbah d'Alger. Il a fréquenté l'école Sarrouy et a poussé ses études jusqu'à devenir architecte. Sa carrière sportive est remplie. Il n'a connu que quatre clubs, l'ASSE, l'USMA, le MCA et le RCK. Joueur de talent, il s'est converti en entraîneur. Mais sa vocation restera la formation. A ce titre, il est à l'origine de l'émergence de nombreux joueurs de valeur. A l'indépendance, Mostefa est le premier sélectionneur de l'équipe nationale avec Khabatou et Ibrir. A son palmarès : la première victoire officielle des Verts en janvier 1964 contre la Bulgarie (2-1), au stade des Anasser. Entraîneur confirmé, Mostefa a donné plusieurs conférences sur le football en sa qualité de membre de la commission technique de la FAF. La mort l'a arraché prématurément aux siens à l'âge de 59 ans, en juin 1974.


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